Christian Gourcuff : « ce n’est pas tout de le dire… »

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Avant de recevoir Saint-Étienne pour le compte de la 16ème journée de Ligue 1, Christian Gourcuff tire la sonnette d’alarme. La prestation des Rouge et Noir à Lorient n’a pas plu à l’entraîneur rennais. Entretien.


Coach, on vous a senti très agacé après la prestation de vos joueurs à Lorient…
Oui parce que c’est récurrent et on était prévenu. On savait à quoi s’attendre, ça s’est passé comme on le craignait. On n’a pas eu de réaction, ou plutôt d’action donc c’est terriblement agaçant. Après ce n’est pas tout de le dire, il faut pouvoir y remédier. Il faut y remédier dans les choix individuels car à un moment donné quand on fait confiance et qu’on arrive aux mêmes constats, il faut avancer avec ceux qui veulent avancer. Ce n’est pas une menace mais un constat.

Avez-vous senti des signes avant-coureurs ?
Oui, de par le scénario. On sortait d’un match contre Toulouse qui n’était pas abouti car l’adversité l’avait rendu difficile. Là c’était un match trois ou quatre jours après face à une équipe qui n’avait plus rien à perdre, qui allait mettre beaucoup d’agressivité, beaucoup d’engagement. On le savait, on était prévenu. C’était un test pour savoir si on avait la capacité de faire front. Au-delà de la défaite, notre comportement montre que le test est un échec.

L’équipe était pourtant prévenue de l’engagement qu’allaient mettre les Merlus…
La différence entre un entraînement et un match, c’est l’intensité. Dans un contexte hostile où il y a une forte intensité, on ne peut pas faire d’à peu près, notamment dans le domaine collectif. C’est aussi pour ça qu’à domicile on a des périodes plus difficiles, quand il y a un relâchement collectif face à une adversité qui est redoublée. C’est ce problème là aussi qui limite nos ambitions. Ce n’est pas le classement qui m’obsède, c’est notre capacité à y remédier pour avancer. Notre progression passera par là.

Peut-on parler de manquements individuels ? 
Ça fragilise non seulement les aspects de jeu mis en place mais aussi l’état d’esprit général du groupe. C’est une alchimie, il faut mobiliser toutes les énergies. Au moment où ça se liquéfie, cela se fait au détriment du groupe et de chacun. Le groupe rend évidemment plus fort les individus, c’est dommage de ne pas comprendre ça et de ne pas vouloir faire le maximum. Après il faut de la pédagogie, essayer de sensibiliser les joueurs à cette forme de jeu, ça demande un peu de temps. Mais du temps on n’en a pas indéfiniment donc il faudra bien qu’on avance. 

La situation actuelle induit-elle forcément un discours musclé avant Saint-Étienne ? 
Non, ce n’est pas la solution mais il faut savoir dire à un moment « stop les gars ! ». J’espère maintenant qu’il y aura un avant Lorient et un après Lorient. Il ne s’agit pas de le dire haut et fort mais être capable de réagir dans les actes. Ça ne se fera peut-être pas du jour au lendemain, mais on doit avoir envie d’avancer dans ce sens-là. 

L’équipe a-t-elle fait preuve de naïveté sur les deux buts encaissés ? 
Il y a eu de la passivité tout simplement. Tout est à contretemps, c’est le problème de l’intensité qu’il y a dans la partie. Si on est en retard dans tous les compartiments du jeu, ça ne passe plus. Là, en l’occurrence sur le second but on fait preuve d’une passivité incroyable. On est au retour de la mi-temps où justement on se dit « ça suffit, on n’a pas joué en première donc on se remet dans le sens du jeu », et une minute après on prend le but, c’est terrible.

Vous comptez sur l’orgueil de vos joueurs pour rebondir ?
C’est de l’implication dont on a besoin. Il faut reproduire ce que l’on sait faire, ce qu’on est capable de faire à l’entrainement. Il y a forcément plus de pression, d’intensité, d’enjeu mais il doit aussi y avoir plus de passion. L’investissement doit être décuplé.

… notamment face à un adversaire redoutable dimanche face à Saint-Étienne…
Saint-Étienne a une certaine aura et un certain standing. Cela exigence qu’ils soient aussi au top en termes d’engagement. De notre côté on ne peut pas non plus se permettre d’être en retrait dans l’investissement.