Le débrief du coach.

Christian Gourcuff passe en revue le dernier match de son équipe à Toulouse et la gestion de la trêve. Entretien.

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Christian, votre équipe a montré une réelle consistance au Stadium…
Evidemment, on joue les matchs pour les gagner mais sur le plan du comportement et du contenu, c’est globalement positif. Toulouse a une équipe qui a des caractéristiques plus redoutables que nos derniers adversaires à l’extérieur. Elle a un potentiel offensif assez tranchant avec un jeu très direct et une capacité à toujours gêner la construction. Christopher Jullien (1m96) et Issa Diop (1m94) sont des dangers sur coups de pied arrêtés. Ce n’était pas facile. Je pense que l’on a bien maîtrisé le match. On souhaiterait davantage de précision dans le jeu et l’efficacité, être aussi capable d’être plus juste dans l’accélération, la percussion et la prise d’espaces. C’est quelque chose de récurrent depuis le début de la saison.

Les Toulousains ont bien failli craquer en fin de match. Il faut se montrer patient face à un bloc très bas ?
On était dans leur 25 mètres, ils étaient tous regroupés. Il fallait utiliser la largeur, patienter pour trouver l’ouverture. Ça ne sert à rien de balancer dans la boîte de façon primaire. On a souvent attendu qu’il y ait cet appel qui ne venait pas. On n’a pas fait n’importe quoi. On s’est quand même créé quelques occasions. Je pense à celle de Giovanni Sio à la 90e ou encore la très bonne tête de Joris Gnagnon. Il y avait de la rigueur dans l’occupation du terrain. En terme de circulation du ballon, elle était beaucoup plus dynamique qu’à Metz.

Vous estimez votre animation défensive rodée maintenant ?
On a été costaud car ils ont quand même un quatuor offensif de qualité, que l’on n’a pas beaucoup vu finalement. Oscar Trejo est un excellent footballeur, Andy Delort a son style caractéristique, Corentin Jean a beaucoup de vivacité. On les a bien maitrisés.

Et la sortie prématurée de Ludovic Baal n’a pas perturbé l’organisation ?
Il y a déjà eu une excellente entrée de Mexer. On ne savait pas trop où il en était. Il s’est vite remis dans le bain. On sait que Ramy (Bensebaini) peut jouer sans problème au poste de latéral. Pour sa qualité de passe, les premières minutes de « Ludo » ont été intéressantes. Il a fallu revoir la composition mais ça a permis de revoir Mexer à son meilleur niveau. Ce n’est pas un problème physique, il faut juste qu’il retrouve le rythme de la compétition. On l’a vu avec Morgan Amalfitano, le souci quand on a des joueurs blessés, c’est le temps de réadaptation.

Toulouse y est allé fort dans ses interventions mais vos joueurs ne sont pas tombés dans le piège…
Il y a tellement d’interprétations sur le terme « agressivité ». Dans notre esprit, on n’est pas dans l’impact ou le contact mais dans la conquête. Quand on se fait rentrer dedans, il faut avoir la capacité de garder une ligne de conduite. On ne s’est pas laissé faire non plus. Il faut être capable de s’imposer en restant maître de ses nerfs. On croit en ce que l’on fait. Il y a une sérénité.

L’action de Yoann Gourcuff pour Wesley Saïd, c’est le genre de mouvement que l’on voit souvent à l’entraînement…
C’est une action déjà très bien construite. Avec son attitude, Yoann a sollicité l’appel de Wesley dans le bon timing. La prise d’espace a déclenché la passe. C’est ce qu’on s’attache à faire. Il faut avoir les joueurs qui ont cette générosité, cette intelligence dans l’appel et la capacité physique de faire les courses.

Ce qui est sûr, c’est que Yoann Gourcuff a repris son rôle de leader technique !
Après une blessure, c’est toujours long. Ce que j’ai dit pour Morgan (Amalfitano) s’applique à Yoann. À Metz, c’était difficile mais au fur et à mesure, il trouve le rythme. On espère augmenter chez lui l’intensité des courses et la prise d’initiative dans les frappes. On l’a vu tiré plusieurs fois à Toulouse, c’est bon signe. Quant à Morgan, il est sur le même chemin. On va le retrouver à 100% pendant la trêve, il va nous faire énormément de bien.

Comment allez-vous gérer cette trêve ?
Ça fait du bien car quand on vit à fond ce métier, il y a toujours un risque de surcharge physique et mentale surtout. On va faire des activités de régénération. Il va y avoir des exercices d’aérobie. Les joueurs vont pouvoir souffler pendant le week-end. Dès lundi, on reprendra la tactique. Le retour des internationaux va s’échelonner. On intègre des jeunes dans cette période, ça fait partie de leur formation. Ça nous permet de les évaluer. C’est même dommage pour les jeunes comme Denis Will Poha qui sont en sélection.

Lyon et Lille vont bientôt se présenter au Roazhon Park, de belles affiches en perspective…
C’est une fin de saison alléchante. On est toujours dans la volonté de progression. On ne nie pas les manques que l’on a car si on ne gagne pas à Toulouse, c’est qu’il y en a.  

Un mot sur la prolongation de Christophe Revel, votre entraîneur des gardiens…
Je suis content. Au départ, j’ai fais confiance aux gens en place. Je ne suis venu qu’avec Michel Audrain (ndlr : entraîneur adjoint). J’ai trouvé ici un cadre de travail remarquable sur le plan relationnel. Il n’y a pas de raison pour casser ça. Pour son travail et ses qualités relationnelles, Christophe s’inscrit là-dedans. Dans le staff il y a une véritable osmose, une solidarité technique. C’est la meilleure garantie pour que l’on avance. Avoir émis des rumeurs dans la presse sur son départ, c’est malsain.

Christophe se montre très innovant dans ses exercices. Vous appréciez la démarche ?
Il faut rester sur la base et la connaissance du poste mais un entraîneur est toujours dans la recherche technique et l’amélioration. Le gardien est un joueur à part entière. Benoît Costil est complètement impliqué dans le jeu. Son influence n’est pas que dans les buts, elle l’est dans son jeu au pied notamment, elle est exceptionnelle. Ça ne concerne pas les gardiens mais nous sommes également ouverts aux technologies qui peuvent permettre d’améliorer l’anticipation. Il y a un champ d’investigation intéressant.