Théo Louis : « On n’a plus le droit de se plaindre »

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Il y a certains évènements dans une vie qui marque plus que d'autre. Pour Théo Louis, gardien du groupe « Espoirs » et international français U19, les Jeux de la Francophonie marqueront quoiqu'il arrive sa saison 2017-2018.

Du 21 au 30 juillet, quatre pensionnaires de l'Académie Rouge et Noir ont participé aux Jeux de la Francophonie : Billal Mehadji, Timothé Nkada, Isaac Matondo et Théo Louis. Avec l'Équipe de France U19 de Bernard Diomède, ils ont participé à la compétition U20 de football. Au delà de l'aspect purement sportif, les Rennais ont vécu une aventure humaine sans précédent comme nous l'explique le jeune gardien international, Théo Louis, qui a particulièrement été marqué par la positive attitude du peuple ivoirien malgré la misère qui l'entoure. 

Théo, que connaissais-tu des Jeux de la Francophonie avant d'y participer ? 

« Honnêtement, je ne connaissais pas l’existence de cette compétition. Ce fut une vraie découverte, une véritable aventure humaine que je ne suis pas prêt d’oublier. On s’est vite rendu compte qu’en France, on a tout. Quand on revient de là-bas (Côte d’Ivoire), on n’a pas le droit de se plaindre. »

Qu'entends-tu par là ? Tu sembles avoir été touché par ce que tu as vu. 

« J’ai pris une bonne claque. Là-bas les gens ne se prennent pas la tête. C'est mon sentiment, mais j'ai l'impression qu'en France on est sans cesse en train de rechigner, on est stressé par ce qui nous entoure et souvent pour un rien. Eux, ils n’ont pas grand-chose, mais avec le si peu de chose qu’ils ont sous la main, ils sont heureux, ils ont la joie de vivre, ils sont accueillants… Ça fait réfléchir. »

Comment s'est passé ce rassemblement ? 

« L’aventure a débuté au Centre National de Clairefontaine où on a travaillé la mise en place tactique et la finition. Ensuite, on a pris l’avion pour Abidjan. On a eu trois jours sur place pour s’acclimater et se préparer puis on a attaqué la compétition avec un match tous les deux jours. »

Quand on pense Jeux de la Francophonie on pense aux Jeux Olympiques. C'est ce à quoi vous vous attendiez ?

« C'est ce que l'on a vécu ! En quittant la France, je pense que peu de personnes ne s’attendaient à vivre un tel évènement. Quand on est arrivé sur place on s’est tous dit « mais en fait ce sont les JO ! »

« Peut-être que les infrastructures étaient de moins bonnes qualités mais c’était exactement le même dispositif. Chaque délégation était logée dans le même hôtel. Nous dormions à Marcory. Il y avait une bonne ambiance et un état d’esprit convivial. Le matin dès 7h on pouvait observer les athlètes s’entrainer. Il y avait les Jeux paralympiques de la Francophonie. »

Parlons des conditions d'entrainements et de match. C'était comment ?  

Il y avait un terrain d'entrainement pour toutes les délégations. Il se situait au coeur du village. Chaque équipe avait son créneau horaire pour s’entrainer. Les matchs se sont déroulés dans une ambiance de folie, c’était dans un vrai stade sur du synthétique. Les tribunes étaient pleines, je pense qu’on jouait devant 1.500 ou 2.000 personnes. Malheureusement, je n’ai pas eu l’occasion de garder les cages françaises, mais je me suis dit que j’avais beaucoup de chance d’être ici. Je n’ai pas de regrets, j’ai essayé d’apporter ma joie de vivre dans le groupe. »

Quel était l'objectif de la sélection tricolore durant ces Jeux ? 

« Comme toutes les nations présentes, c'était de passer la phase de poule et de se qualifier pour le tableau final. On a débuté par un match nul brouillon contre Haiti (1-1). Contre le Québec l’équipe avait un peu plus de repères, c’était « plus tranquille » on s’est imposé logiquement. Pour le dernier match de poule on devait au minimum faire match nul contre la RD Congo pour passer et espérer une contre-performance du Québec. »

Si tu ne devais garder qu'un souvenir de cette expérience...

« Un ? Ce n'est pas possible (rires). La cérémonie d’ouverture ça restera un grand moment. On a marché 10 minutes en costume jusqu’au stade. Une fois à l’intérieur, on entendait des « Allez les Bleus » de tous les côtés. Le stade était quasiment plein, il y avait une ambiance incroyable. Ça duré 2h, c’était long mais très agréable à vivre. Je n'oublierai jamais la positive attitude qui régnait au village !  Je vois encore les Guinéens dansant dans le self après leur victoire sans se prendre la tête. »

« Et puis il y a eu cet épisode avant la cérémonie d'ouverture quand on est allé aux toilettes dans un coin de la ville… Je n’avais jamais vu autant de misère de ma vie. Les gens n’avaient rien, leurs conditions de vie étaient déplorables. Ça a été un choc. À petite ou grande échelle, si je peux un jour aider ces personnes-là je le ferai. Je me suis juré en quittant le continent africain de ne plus jamais me plaindre, ne plus me plaindre de l’état d’un terrain. Jouer sur un terrain dur en France c’est un luxe. »