Bruno Genesio : « On est toujours récompensé par le collectif. »

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En tirant le meilleur de ses joueurs cette saison, Bruno Genesio a permis au club d’atteindre une belle quatrième place. Un travail de longue haleine entrepris depuis son arrivée à la tête de l’équipe première en mars 2021. Il revient sur une saison collectivement aboutie.



Coach, 4e place, mission remplie !
Nous avons rempli les objectifs. Il y a eu une vraie progression dans le jeu tout au long de la saison. Individuellement, des joueurs se sont révélés avec une progression importante. C’est un point très positif. On a produit de très bons matchs et marqué beaucoup de buts. On a procuré beaucoup d’émotions pour tous les supporters du Stade Rennais F.C. 

Le Stade Rennais F.C. a réussi à se placer devant de grosses écuries. Logique selon vous ?
C’est difficile de dire si on a surperformé ou si les autres ont été moins bien. Il y a un peu des deux mais je pense que l’on est à notre place. Tout ce que l’on a eu, on le doit aux efforts qu’ont produits les joueurs.
 

« La clé de la réussite d’une fin de saison est là, dans la gestion des émotions »


La fin de saison a-t-elle été compliquée pour les nerfs ou les jambes ?
Les deux car on a cumulé beaucoup de matchs avec la coupe d’Europe. Certains ont aussi joué avec leur sélection nationale. C’est difficile pour les jambes. Pour les têtes, il faut apprendre à gérer. La clé de la réussite d’une fin de saison est là, dans la gestion des émotions, du stress et des enjeux. C’est notre travail de tous les jours pour continuer de mettre l’accent sur ce qui a bien fonctionné et ce pourquoi on en est là.

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Cependant le physique a tenu le coup jusqu’à la dernière seconde. On n’a pas constaté de trous d’air sur ce plan dans la saison…
On était bien préparé. Le travail d’avant-saison et tout au long de l’exercice a été bien fait. Les joueurs ont bien suivi les recommandations sur l’hygiène de vie en dehors des entraînements. L’alimentation et le sommeil ont été bien respectés. Le staff fonctionne très bien. Il y a beaucoup de gens compétents et attachés au club. Ils sont là pour faire progresser les joueurs et l’équipe.

Nourrissez-vous quelques regrets cette saison ?
J’ai l’habitude de dire que l’on ne peut pas revenir en arrière. Le plus important est ce qui va arriver. Il est sûr qu’il y a quelques matchs qui me laissent un goût amer. Le premier est le match à Bordeaux. On a fait 1-1 et on a tiré 33 fois. Ce sont deux points de perdus. À Paris oui on aurait pu garder le 0-0 mais on aurait pu le gagner aussi. On peut toujours refaire l’histoire. Je demande aussi à mes joueurs de jouer et de prendre des risques. Lorsqu’ils essaient de gagner, je ne peux pas leur reprocher d’avoir perdu parce qu’on n’a pas voulu jouer le 0-0. C’est comme ça, ça fait partie de notre jeu. C’est parfois frustrant mais c’est grâce à ça qu’on en est là.

Certains automatismes ont-ils tardé à venir selon vous ?
On a eu un début de saison difficile, jusqu’à Marseille, mi-septembre. Petit à petit, grâce à la confiance et l’enchaînement de résultats positifs, le jeu s’est développé. Je pense que le match de Paris a été un élément déclencheur. Il nous a fait prendre conscience que l’on avait des qualités, que l’on était capable de faire de bons matchs, de faire une bonne saison. Ça nous a libérés mentalement. Ensuite, le travail mis en place a été assimilé par les joueurs. C’est toujours eux qui mettent en exergue notre travail. L’ambiance de vie de groupe a aussi été indispensable.
 

« J’étais convaincu que c’était avec ça que l’on allait atteindre cet objectif. »


Vous attendiez-vous à un tel niveau de jeu ?
C’était le but. J’étais convaincu que c’était avec ça que l’on allait atteindre cet objectif. Prévoir que l’on allait être la deuxième meilleure attaque derrière Paris, marquer autant de buts et avoir cette qualité de jeu, c’était difficile mais on avait la volonté. Pour le devenir, il fallait trouver un équilibre à la perte du ballon. On a réussi à le faire car on est aussi l’une des meilleures défenses. L’un ne va pas sans l’autre. Avant d’attaquer, il faut savoir récupérer le ballon dans les zones que l’on souhaite. J’ai aussi la chance d’avoir des joueurs de talent qui finissent les actions. C’est très exigeant à tous les niveaux mais j’ai un groupe qui répond bien. C’est un vrai plaisir. Il faudra encore progresser la saison prochaine.

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Le Stade Rennais F.C. a été l’un des ambassadeurs du jeu cette saison. Cette Ligue 1 a changé d’image…
Oui contrairement à ce que l’on a pu dire par le passé. Beaucoup d’équipes ont lutté jusqu’au bout pour l’Europe. Il y a eu des matchs très serrés, avec des buts et beaucoup d’enjeux. C’est bien pour la Ligue 1, je pense que les gens ont pris beaucoup de plaisir à la regarder cette saison.

Quel est pour vous le plus beau but rennais de la saison ?

C’est difficile car il y en a pas mal que j’adore. Je me souviens de celui inscrit contre Montpellier par Martin Terrier. Il y a plein où ce sont des actions collectives travaillées à l’entraînement, où on allie les automatismes créés la semaine à la part de créativité et de talent des joueurs. Ce sont ces buts les plus jolis. Je me souviens également du second but contre Paris qui est magnifique dans la construction.

Les clubs professionnels intègrent de plus en plus la « data ». Quel est votre usage de ces nouveaux outils d’analyse de la performance ?
Je prends ce qui m’intéresse et je laisse le reste à mes analystes qui sont des spécialistes. C’est un outil supplémentaire pour les entraîneurs que l’on ne peut pas ignorer, dont on doit se servir. Mais il ne peut pas venir en substitution de l’œil, de l’expérience et de l’aspect humain. Je l’utilise avec précaution. Ça ne change pas le métier. Les statistiques peuvent parfois aider dans la construction des entraînements ou dans l’élaboration du jeu mais l’aspect le plus important du métier est sur l’humain qui est derrière le joueur et comment on fait pour assembler 25 éléments avec des caractères et des cultures différents. C’est ça qui fait l’essence de notre métier et ce n’est pas retranscrit dans les stats. Ce n’est pas possible de l’évaluer.

Vous évoquiez une progression individuelle des joueurs. Certains plafonds de verre ont été explosés cette saison.
L’être humain n’a pas de limites. On ne les connaît pas. On ne les dépasse pas ou on ne les atteint pas. C’est toujours difficile de faire plus et de faire mieux mais si on croit en ce que l’on fait et qu’on se donne les moyens pour progresser, on peut repousser les limites.
 

« C’est le discours que l’on essaie de rabâcher et d’inculquer à nos joueurs. »


3 Rennais dans le Top 20 des buteurs (47 réalisations), 4 dans le Top 20 des passeurs (38 offrandes), on peut dire que le collectif a fait briller l’individu cette saison.
Si on est performant collectivement, il y a des récompenses individuellement. On est toujours récompensé par le collectif. Si on met en avant l’aspect individuel par rapport à l’équipe, en général, on a des déconvenues. C’est le discours que l’on essaie de rabâcher et d’inculquer à nos joueurs. C’est d’autant plus facile que l’on a des joueurs tournés vers l’autre au club.

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Le SRFC va retrouver l’Europe pour la cinquième saison consécutive…
Notre parcours européen reste la frustration de cette saison. Je pense que l’on méritait de se qualifier au prochain tour de la Conference League. Des faits de jeu nous été très défavorables. Ils n’auraient pas dû avoir lieu d’être. Ça donne en tous cas envie de revivre l’Europe.

En tant que Lyonnais d’origine, fier d’avoir défendu les couleurs Rouge et Noir cette saison ?
Bien sûr ! À Lyon, j’ai connu une identité, avec beaucoup de joueurs formés au club et des valeurs. Je retrouve ça ici. J’aime ce qui a été développé au SRFC et le discours du propriétaire qu’il m’a tenu quand je suis arrivé. Il y a une fierté d’être Rennais, d’être Breton. Je ne suis pas originaire de la région mais c’est un club qui s’identifie à sa population. Ça amène dans l’équipe un supplément d’âme. J’adore cette ambiance qui règne autour de nous. Il faut remercier le public. Nous avons fait un des plus beaux parcours à domicile de toutes les équipes, les supporters nous ont beaucoup aidés. Ils ont été présents dans les bons moments mais aussi dans les plus difficiles. Je suis vraiment content de leur avoir rendu la pareille par la qualité du jeu, les émotions procurées et cette quatrième place méritée pour tout le monde.