Dimitri Farbos : « être dans l’échange avec eux et avoir leur ressenti »

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En France et en Europe, les Rouge et Noir enchaînent actuellement les belles prestations. Dans leurs performances, ils sont accompagnés quotidiennement par un staff sportif et médical de haut niveau, à l’affût du moindre détail. Dimitri Farbos, entraîneur adjoint est l’un d’eux.



Dimitri, comment gérez-vous l’enchaînement des matchs ?
On a un certain vécu là-dessus, que ce soit à Lyon où l’on jouait l’Europe tous les ans, et aujourd'hui avec le Stade Rennais F.C. également qui connaît bien les matchs tous les trois jours. Là, l’enchaînement est particulier car nous sommes sur une semaine de trois matchs. Après Strasbourg, nous aurons une semaine classique sans match le jeudi et on repartira sur un bloc de trois matchs avant la prochaine trêve internationale. C’est un peu moins difficile, sur le plan athlétique, que la séquence précédente mais on arrive sur une période de la saison où certains joueurs enchaînent les trêves internationales. Nous sommes bientôt au début de l’hiver et les terrains vont être un peu difficiles pour certains joueurs. On l’a vu en Slovénie. Il faut être à la fois vigilant sur l’état de forme individuelle des joueurs et en même temps réussir à construire l’équipe et la préparer de la meilleure des façons pour être compétitive sur chaque match.

Et les temps de récupération sont parfois très courts…
Avant Paris, on a dû s’adapter à ces moins de 72h de récupération qui ne sont pas classiques du tout mais les joueurs ont répondu présent. On se rend compte que si l’on manage bien les joueurs, avec de la rotation et du dialogue, on arrive à avoir un groupe performant trois jours plus tard. Il ne faut pas oublier que quand on travaille sur une semaine normale, sans match au milieu, le mercredi ou le jeudi, on travaille fort à l’entraînement. Ce ne sera jamais autant en volume qu’en match mais il y a beaucoup d’intensité. Les joueurs sont donc prêts à faire ça.
 

« nous avons des spécialistes dans le secteur performance »


Et tout ça ne se gère pas au feeling. 
Avec les préparateurs physiques, nous avons des spécialistes dans le secteur performance. Ils sont là pour gérer les charges de travail et c’est un fonctionnement en commun qui nous permet d’élaborer les plannings de travail. On essaye aussi de mettre le moins de monotonie possible dans la charge de travail de joueurs. Le but est qu’ils puissent tous répondre présent tout au long de la saison, en espérant jouer l’Europe le plus longtemps possible.

C’est comme en pâtisserie, il n’y a pas de place pour l’improvisation…
Les préparateurs physiques savent y faire et au club nous avons de très bons équipements. Mais c’est moins facile de doser un être humain qu’un paquet de farine (rires). Il y a toujours une part d’incertitude tout de même.

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Savez-vous déjà ce que vous allez travailler la semaine prochaine ?
Oui on le sait mais on s’adapte beaucoup par rapport au match qui vient de s’écouler. Celui de dimanche va peut-être nous amener à modifier les séances. Après, on va en profiter pour créer un peu plus d’automatismes. C’est l’enchaînement des entraînements et des matchs qui peut les pérenniser. Ça ne se fait pas en deux jours. Il faut répéter les séquences. Et on voit qu’il y a un groupe qui répond présent, ça ne concerne pas que dix ou onze joueurs. Les joueurs se greffent facilement lors des rotations.

Quelle place prend l’aspect mental à l’approche d’un match ?
On sait qu’elle a une importance non-négligeable mais elle n’est pas quantifiable. Parce que chaque match est différent. Quoiqu’il arrive, les joueurs sont toujours motivés. Il faut savoir les accompagner sur le plan tactique et leur permettre de performer.

Avez-vous assez de temps pour analyser les matchs ?

En plus du terrain, nous sommes aussi beaucoup devant les ordinateurs pour regarder et analyser les prestations. Si les journées faisaient plus de 24h, elles seraient aussi très chargées. Avec les moyens que l’on a aujourd’hui, on peut analyser une équipe de fond en comble. Le danger est aussi là, c’est de trop en faire. Dans le flot d’informations que l’on peut récolter, il faut savoir quelle priorité on va donner dans l’approche du match. C’est ce qui fait la qualité d’un coach notamment, ça fait partie de ses compétences. L’expérience, ça aide. Sur le terrain, il n’y a pas beaucoup de temps pour réfléchir. Un joueur a besoin d’un message clair, concis et précis.
 

« chaque joueur a sa manière de fonctionner avec tel ou tel dosage »


En quoi consiste le travail individuel ?
Ça consiste à étudier tous les détails avec les joueurs. C’est un complément de l’analyse tactique collective que livre l’entraîneur. On cible les joueurs et les postes et nous faisons des retours plus ou moins hebdomadaires. Ce qui est intéressant, c’est d’être dans l’échange avec eux et avoir leur ressenti. Comme pour la récupération, chaque joueur a sa manière de fonctionner avec tel ou tel dosage.

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Quels outils utilisez-vous ?
Pour ça on dispose des vidéos avec différents plans. On a les logiciels pour séquencer les matchs, la prestation des joueurs, les adversaires... Les analystes vidéo du club fournissent un travail énorme pour le découpage des matchs. C’est très utile au quotidien. Nous en bénéficions directement après la fin des rencontres.

Pas de temps morts alors lors des retours en avion…
J’aime bien regarder les matchs directement après, notamment le plan large. Le lendemain, on le regarde à nouveau et on débriefe tous ensemble avec le staff.
 

« en bord de terrain, on ressent beaucoup mieux l’intensité »


En parlant de plan large, la perception est d’ailleurs toute différente entre la vue depuis le banc et celle en tribune…
Il y en a une oui. Au niveau des espaces et sur le plan tactique, on voit mieux en hauteur. Maintenant, en bord de terrain, on ressent beaucoup mieux l’intensité. Les deux points de vue sont complémentaires. C’est pour cela que l’on utilise les oreillettes en direct avec notre analyste video qui est en tribune.

Tu évoquais le temps hivernal. On redoute les conditions et les terrains difficiles ?
C’est de moins en moins vrai car il y a des jardiniers de haut niveau en France et en Europe. Ça permet d’avoir de très bons terrains tout l’hiver. Que l’on pratique un jeu de possession ou non d’ailleurs. Pour jouer direct, pour réceptionner un ballon en profondeur à pleine vitesse, pour réceptionner un centre au sol… une bonne pelouse, c’est un critère primordial pour de bonnes performances.

La reconnaissance terrain en avant-match n’est donc pas du folklore.
Non, c’est important de ressentir le terrain, notamment pour le choix des crampons en fonction de la souplesse du terrain. Là encore ça diffère en fonction des joueurs. Tous les détails comptent.
 

 

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« Je m’en souviens bien, c’est la finale entre Liverpool et Milan de Ligue des Champions en 2005 qui s’est finit par la victoire des Anglais au tirs au but (3-3 a.p ; 3-2 t.a.b). Ça symbolise le foot de haut niveau où il n’y a jamais rien d’acquis dans un match. En finale de Ligue des Champions, c’est le très haut niveau. On voit qu’on ne peut pas laisser de place à la déconcentration. Une équipe peut se remobiliser à n’importe quel moment. On voit là l’aspect mental de la performance. J’étais jeune à ce moment-là, j’ai regardé ce match dans ma chambre au centre de formation de Montpellier. Un super moment pour un passionné de foot. Aujourd’hui, si je le regardais à nouveau, ce serait plus avec l’œil du technicien mais je prendrais tout autant de plaisir. »

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