Nicolas Fauvergue : « C’est le clap de fin ! »

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Il y a une semaine dans un teaser vidéo, il se prêtait au jeu sur les réseaux sociaux du club le jour du tirage au sort de la Ligue des Champions. Bourreau du Stade Rennais F.C. le 26 mai 2007, Nicolas Fauvergue revient sur ce jour – maudit – où il a privé les Rouge et Noir de la plus belle des compétitions. Heureusement pour tout le monde, c’est désormais de l’histoire ancienne. Rencontre.
 


Nicolas, si on remontait le temps ?
Ça remonte à 13 ans. Ça ne nous rajeunit pas. Dernière journée de championnat, le LOSC reçoit le Stade Rennais F.C. qui avait besoin d’une victoire pour accéder au tour préliminaire de la Ligue des Champions. Rennes menait 1-0 jusqu’à la 92e minute de jeu et on obtient un coup franc aux abords de la surface de réparation. Ludovic Obraniak botte le coup de pied arrêté qui arrive pile sur ma tête et ça fait but. J’égalise et ça empêche le Stade Rennais d’accéder à la Ligue des Champions. Ça c’est le contexte. Ensuite, il y a eu tout ce qui a suivi derrière.

Le début des traumatismes pour les supporters rennais de l’époque…
Ça n’a pas été très apprécié par les supporters et par les joueurs rennais. Je me souviens après le coup de sifflet final, j’ai passé un mauvais quart d’heure. À l’inverse, Toulouse s’est qualifié en Ligue des Champions et j’ai reçu un appel de Bryan Bergougnoux qui était un pote. Les Toulousains chantaient dans le vestiaire : « Merci Fauvergue ! Merci Fauvergue ! ». C’était il y a 13 ans, il y a prescription. 
 

« C’est ce qui fait la beauté mais aussi la tristesse du football. »


Que jouait Lille à l’époque ?
Rien du tout ! On était dans le ventre mou du classement. Comme je l’ai répété à maintes reprises, si c’était à refaire, je referai la même chose. C’était mon job, j’étais payé pour ça. C’est ce qui fait la beauté mais aussi la tristesse du football.

Une tête fatale qui a mis brutalement fin à une euphorie naissante en bord de terrain…
Je m’en souviendrai toujours. Il y avait Jimmy Briand, avec qui j’ai joué en Équipe de France Espoirs, que je connaissais très bien et avec qui j’entretenais de bons rapports. Il ne jouait pas et était dans la tribune avec le Président De Saint-Sernin. Ils sont descendus à la 85e minute, ils menaient 1-0, et allaient célébrer la Ligue des Champions. En revoyant les images, j’ai vu les visages déconfits. Quand on se fait rattraper à deux minutes de la fin du championnat, c’est triste. Je n’en disconviens pas.

C’est une histoire qui vous ne vous a jamais lâché…
J’ai été sollicité à de très, trop, nombreuses reprises par les journaux bretons. Quand on se déplaçait à Rennes, il n’y avait pas une fois où je n’avais pas un journaliste au téléphone pour toujours me remémorer cette anecdote. Encore aujourd’hui, alors que j’ai mis fin à ma carrière professionnelle depuis quatre ans, c’est toujours là. Ça va me suivre, peut-être moins maintenant que le Stade Rennais F.C. s’est qualifié. C’est le clap de fin !

Le Stade Rennais F.C. a souhaité vous recruter à une époque ?!
Oui, après cette anecdote. C’était donc compliqué de faire ce choix car j’avais très peur que les supporters ne m’acceptent pas. J’avais eu des échanges mais on n’était pas allé trop loin dans les démarches d’un transfert ou d’un contrat. Très rapidement, j’ai décliné.

Quelle image aviez-vous du club à l’époque ?
C’était à l’image de ce qu’était le LOSC, un club familial avec de vraies valeurs. Les deux clubs étaient identiques dans la manière de fonctionner et sont encore ressemblants aujourd’hui avec des envies d’avoir une vraie stabilité en Ligue 1 et au niveau européen. J’espère que ces deux clubs vont perdurer très longtemps sur le plan national et sur la scène européenne.
 

« Je ne souhaite qu’une chose au Stade Rennais, c’est de vivre une grande aventure en Ligue des Champions. »


Vous avez suivi le parcours des Rouge et Noir depuis ?
Ah oui ! Le club grandit fort, grandit bien, grandit vite. Il y a la Ligue des Champions qui arrive. Pour tout club, c’est le summum. Je ne souhaite qu’une chose au Stade Rennais, c’est de vivre une grande aventure en Ligue des Champions. Pour l’avoir jouée deux fois, je sais que c’est très compliqué mais il y a toujours des surprises dans le football. Pourquoi pas cette année avec le Stade Rennais F.C. dans le dernier carré par exemple.

En quoi la compétition est compliquée ?
On joue l’élite, tous les plus grands clubs européens, tous les plus grands joueurs. Physiquement, on est prêt à jouer tous les trois jours, on est préparé pour ça mais c’est le niveau qui est tout autre. C’est difficile.

Des souvenirs de la Champions League ?
J’ai croisé le Milan AC de Gattuso, Inzaghi, Kaká, Manchester United avec Ronaldo, Giggs, Vidić… J’ai joué des grands clubs et des grandes personnalités. C’est tout frais, j’ai encore l’impression d’y être, comme si c’était hier. Pour tout joueur professionnel, c’est le Graal. Après, au-dessus, il y a l’Équipe de France évidemment mais pouvoir évoluer en Ligue des Champions est extraordinaire. J’ai des souvenirs qui me donnent encore des frissons.

Que pensez-vous du Stade Rennais F.C. version 2020/2021 ?
Je me suis détaché du football, je ne le suis plus beaucoup, mais j’ai vu Eduardo Camavinga avec l’Équipe de France. Dans la discrétion, l’humilité et le talent, il me fait penser à Kilian Mbappé. Ils ne sont pas du tout dans le même registre mais dans sa façon d’être, de se comporter, j’ai l’impression de voir Mbappé. Je lui souhaite la même trajectoire. Avec l’Équipe de France, on dirait un vieux briscard qui est là depuis plusieurs années. Quand je vois un jeune de 17 ans avec cette envie de progresser sans faire de bruit, avec humilité, il me redonne envie de regarder du foot.

 

 

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