Patrick Rampillon : « J’ai le Stade Rennais F.C. dans la peau, et je compte bien le garder. »

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Que l'on soit observateur de près ou de loin du Stade Rennais F.C., qui n’a jamais entendu parler de Patrick Rampillon. L’emblématique Directeur du Centre de formation a pris sa retraite au début de l’année après 38 ans de fidélité au club Rouge et Noir. Il donnera ce soir le coup d’envoi du match. 


Patrick, vous allez recevoir les honneurs du club ce soir…
Après 38 années passées au Stade Rennais F.C., donner le coup d’envoi d’un match contre Saint-Étienne, club dans lequel j’ai été joueur deux ans, avant de devenir Rouge et Noir en 1979, c’est sympa. C’est un beau petit clin d’œil.

Que ressentez-vous après tant d’années passées dans la capitale bretonne ?
J’ai le Stade Rennais F.C. dans la peau. Je ne quitte pas le club, je serai toujours à ses côtés. Il n’y a ni nostalgie, ni tristesse. Il y a beaucoup de fierté d’avoir participé à la progression du club. Il faut savoir laisser sa place, et la retraite est une étape de la vie dont il faut profiter pleinement.

Vous étiez-vous projeté aussi loin il y a 38 ans ?
Quand j’ai commencé en tant que joueur au Stade Rennais, je ne pensais pas rester aussi longtemps. Pour moi, le mot fidélité a toujours eu du sens, même si j’ai été contacté plusieurs fois pendant toutes ces années, avec d’autres missions, proche de l’équipe première, ou partir sous d’autres cieux avec d’autres responsabilités. J’ai souhaité rester car, humblement, le rôle de formateur que j’ai été correspondait à mes souhaits et à mes compétences. Je suis marié avec la ville, la région et le club. J’ai eu des contacts avec d’autres clubs en France et à l’étranger mais je suis resté à Rennes car je voulais réussir ici. Je ne le regrette pas.

Quelles sont vos plus grandes fiertés ?
Le Centre de formation, c’est tout de même une grosse organisation, avec une gestion de moyens humains. Le cœur de mon métier était de détecter de jeunes joueurs, et de choisir le bon encadrement. Quand on cite Ousmane Dembélé, recruté à 13 ans, il a fallu faire venir sa famille, le construire, le faire jouer en équipe première, pour ensuite le transférer dans un club étranger, et pour le voir en Équipe de France puis à Barcelone plus tard. Je prends cet exemple de réussite, car c’est le dernier jeune le plus marquant, mais il y en a eu d’autres. C’est un métier dans lequel il n’y a pas que la réussite sportive, il y a aussi la réussite de l’individu et la construction autour de la famille. Je suis fier des réussites de vie que l’on a accompagnées, avec ou sans le football. Ça vaut aussi pour l’encadrement où certaines personnes, par des diplômes ou des progressions de carrière, ont réussi leur vie. Ce n’est pas Patrick Rampillon mais le Stade Rennais F.C. qui a construit ces « réussites de vie ».

Il y a des hommes qui vous ont marqué ?
J’ai connu 21 entraîneurs et 13 Présidents. J’ai beaucoup de respect pour tous. J’ai toujours respecté la méthodologie des uns et des autres. Quand on est cadre de l’entreprise, on est aux côtés des gens qui font la Direction du club et aux côtés de l’actionnaire. Je n’ai jamais trahi, toujours aidé. Je suis un « voleur d’idées » et je me suis toujours inspiré de toutes leurs compétences.

Des inspirations qui vont ont permis de hisser le Centre de formation à la première place des clubs formateurs français en 2006, 2007, 2008, 2009, 2010 et 2011.
Tous les services au sein du Stade Rennais doivent travailler pour l’équipe première, qui est la locomotive du club. Cela me fait plaisir d’avoir fait du Centre de formation le meilleur de France à six reprises avec des jeunes qui ont alimenté l’équipe professionnelle, mais la fierté vient du fait que pendant cette période, entre 2005 et 2011, le Stade Rennais F.C. a été trois fois européen. Quand l’équipe première tourne bien, on peut mettre en évidence la formation. Mais on ne réussit pas seul, il y a beaucoup d’hommes et de femmes qui étaient à mes côtés. Je « nous » souhaite de toucher l’Europe cette saison, voire la saison prochaine. La famille Pinault le mérite. Je pense sincèrement que l’on est sur la bonne voie.

Quel a été votre quotidien en tant que Directeur du Centre de formation ?
Quand à la base il y a le talent, c’est plus facile de faire réussir un joueur. 70% de mon temps a été consacré aux terrains de recrutement, même si bien sûr on ne peut pas négliger tout le processus et le management qu’il y a autour.

Lorsque vous avez pris la tête de la formation rennaise, vous naviguiez à vue où il y avait un projet à long terme ?
J’ai toujours eu l’âme formatrice. Quand j’étais joueur, à Reims ou à Saint-Etienne, j’étais sur les terrains d’entraînement. À mon arrivée à Rennes en tant que joueur professionnel, j’ai aussi voulu m’occuper d’équipes de jeunes. Au niveau de la Ville de Rennes et surtout de l’institution Stade Rennais F.C., il y a eu la volonté de valoriser la formation, qui a conduit à la création de l’école technique privée Odorico (1986), puis à la construction du bâtiment du Centre de formation (1987). Il y avait tout à mettre en place. Je remercie les personnes de l’époque qui m’ont donné cette chance. Je n’étais pas tout seul. J’ai beaucoup de respect pour toutes les femmes et les hommes qui m’ont accompagné. Je pense aux salariés, aux dirigeants, aux bénévoles, aux éducateurs, aux recruteurs... Dans les origines du projet, nous avons réussi à faire venir les meilleurs bretons avec Yoann Gourcuff, Sylvain Marveaux, Pierre-Yves André, Jocelyn Gourvennec, Romain Danzé, Kévin Théophile Catherine, Étienne Didot ou encore Fabien Lemoine… C’était de la création 7 jours sur 7, il fallait innover pour devenir les meilleurs.

Il a fallu mettre une méthodologie en place ?
Trouver un logement pour la famille d’un joueur, trouver un emploi pour l’un des parents, mettre en place une scolarité adaptée du collège à l’université, promouvoir un jeune en le surclassant dans les équipes supérieures… ça ne se fait pas en un claquement de doigt. Ce sont plein de petits détails qui peuvent séduire. On pourrait parler des arguments de recrutement pendant des heures et des heures.

Vous avez été témoin et acteur de l’évolution du club.
Je vois l’évolution grandissante. Tout le monde doit prendre conscience que le Stade Rennais est un club extraordinaire qui a grandi et qui va grandir encore, grâce à la cohérence et l’exigence apportées aujourd’hui par le Président Olivier Létang. On est sur la bonne voie.



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L'anecdote :

« Je ne négligeais aucun coup de fil, aucune information, aucun contact. Je vais vous raconter l’arrivée de Sylvain Wiltord. Daniel Rodighiero, qui a gagné la Coupe de France 1965 avec Rennes, m’a appelé pour me dire qu’il avait eu de bons renseignements sur un jeune. Sylvain jouait à Joinville-le-Pont à l’époque. Depuis Paris, il a pris un billet de train pour Rennes. Au lieu de rejoindre le Centre de formation du club, il s’est retrouvé au centre de formation cycliste de Rennes Louison Bobet. Il a raté la séance du matin, il a fait celle de l’après-midi et il a signé au Stade Rennais dans la foulée. Mais il y aurait tellement d’histoires particulières et d’anecdotes à raconter… »