Rencontre avec Jérémy Sauffisseau, gardien de l’Équipe de France de cécifoot

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Entraîneur des gardiens de l’école de foot et de la préformation du Stade Rennais F.C., Jérémy Sauffisseau est aussi le portier de l’Équipe de France de cécifoot qui débutera sa campagne dimanche aux Paralympiques de Tokyo. Rencontre.



Jérémy, ça doit être un honneur de participer aux Paralympiques de Tokyo ?
Au niveau mondial, c’est ce qui se fait de mieux. En plus, avant Paris 2024, c’est une étape importante. Il y a une saveur particulière. C’est une compétition planétaire. C’est quelque chose de génial.

Comment as-tu connu le cécifoot ?
Par hasard. J’ai fait des études de commerce, un BTS en alternance où mon entreprise était basée à Bordeaux. Lorsque j’ai fini mes études, ils m’ont proposé de me garder. Je n’avais pas le temps de jouer au foot traditionnel parce que je partais du lundi au vendredi. Je ne connaissais pas les clubs de la région. Je me suis mis à faire du soccer et l’équipe de Bordeaux de cécifoot s’entraînait au même endroit. Une fois, ils ont fait une initiation et c’est comme ça que j’ai connu la discipline. Quelques semaines plus tard, leur gardien a arrêté. Leur coach, qui est aussi sélectionneur de l’Équipe de France, a demandé au responsable de la salle de futsal des noms de gardien. J’ai fait la détection et ça m’a plu. C’était il y a onze ans.

Peux-tu nous en dire plus sur cette discipline ?
Au Cécifoot, il y a deux catégories, les B1, c’est-à-dire les non-voyants ou très malvoyants, c’est pour ça qu’ils ont un bandeau sur les yeux pour que tout le monde soit à égalité. Là, le ballon est sonore. Et il y a les B2 et B3, ce sont les malvoyants. Là, il faut que la couleur du ballon soit très différenciante du sol mais ça reste du futsal traditionnel.

Le gardien est le seul voyant dans l’équipe. Le Cécifoot se joue à cinq, sur un terrain de futsal, 20 mètres par 40, avec des buts de hockey sur gazon. Ils sont un peu plus grands que les buts de Hand. Il y a des barrières sur les deux longueurs de terrain mais pas sur les largeurs. C’est pour faciliter le jeu, pour qu’il y ait moins de sorties et que ça joue beaucoup plus. Il y a quelques aménagements de règles mais ça reste du foot traditionnel. Il n’y a pas le droit aux tacles. Le terrain est divisé en trois zones avec un ballon sonore.

Le gardien a donc plusieurs rôles…
Tout à fait. Le premier est bien évidemment gardien de but. Avant, un gardien de hand traditionnel pouvait s’en sortir. Aujourd’hui, les buts sont plus grands, il faut les aptitudes qui vont avec. La zone du gardien est petite, elle fait 3x2 mètres. C’est beaucoup de frappes proches et donc des réflexes. Et on a un rôle important dans la communication. Notamment avec les défenseurs pour la zone défensive. Le gardien communique avec ses défenseurs, le coach communique avec la partie médiane, et il y a un guide derrière le but adverse pour la partie offensive. C’est une communication qui doit être concise et précise.

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Quelle est ton histoire avec le Stade Rennais F.C. ?
Ça fait un an et demi que je suis au Stade. Je suis entraîneur des gardiens de l’école de foot et de la préformation, et je suis encadrant au centre de formation. Étant Rennais, c’est mon club de cœur, celui que j’ai toujours supporté. C’est une fierté d’y travailler aujourd’hui.

Les emplois du temps doivent être chargés…
Oui avec le travail, les entraînements personnels, les stages avec l’Équipe de France et la vie personnelle du papa. J’ai la chance d’avoir un employeur comme le Stade Rennais F.C. qui me permet de faire tous ces déplacements. Je suis aussi licencié en futsal pour pouvoir m’entraîner de la manière la plus simple possible. Le championnat est divisé en deux poules, nord et sud. Les matchs sont concentrés sur des week-ends, tous les deux mois.

Quel est l’objectif de l’Équipe de France au Japon ?
L’objectif est de récupérer notre place au niveau international équivalente aux Paralympiques de Londres, soit la médaille d’argent. Le numéro un reste le Brésil. Depuis 2004, ils n’ont jamais perdu un match. C’est la nation à battre. Ensuite la Chine est une équipe avec un gros potentiel. L’Argentine et l’Espagne sont toujours bien placés.

C'est aussi une aventure humaine...
Bien sûr ! On se connaît depuis des années avec les coéquipiers. Pour 70% du groupe, on joue ensemble depuis 10 ans. On a créé des liens. Et ceux qui ont intégré le collectif se sont bien très intégrés. On a toujours plaisir à se retrouver. Il y a un bel esprit de famille. On vit de belles aventures tous ensemble. En règle générale, je suis fan de sport, et surtout de foot. Comme le futsal, le beach soccer, le teqball, le cécifoot est une variante du football. Je m’épanouis pleinement.

Paris 2024 devrait être une belle vitrine pour le cécifoot…
Je l’espère. On est encore très en retard en France par rapport à ce qui peut se faire dans certains pays. À Londres, il y avait une ferveur impressionnante aux Paralympiques. Ce sera malheureusement différent à Tokyo du fait des conditions sanitaires mais j’ose espérer qu’il y aura un engouement important pour Paris 2024. Les participants ont des différences mais ce sont des athlètes. Il y a plein de disciplines aux Paralympiques et beaucoup de méconnues. La visibilité s’améliore mais elle n’est pas encore suffisante.
 

Avec le Sport Athlétique Mérignacais, Jérémy a gagné 7 fois le championnat de France, 6 fois la coupe de France. Il a été champion d’Europe en 2011, vice-champion du monde en 2012 et vice-champion d’Europe en 2019.

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Les matchs de poules de l'équipe de France de cécifoot auront lieu le 29 août face au Japon à 2h du matin (heure française), le 30 face à la Chine également à 2h et le 31 face au Brésil à 4h. Matchs à suivre sur France TV



Le programme de l’Équipe de France cécifoot

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