Entretien avec François Denis, 5e joueur le plus capé du Stade Rennais F.C. (2/2)

Partager
1994_08_13_srfc-fcgb_2-0_denis_dc.jpg

Dans cette seconde partie, François Denis (1987-1997) se confie sur ses meilleurs souvenirs et les supporters.

 

<< Lire la première partie >>

 

François, pendant votre mandat rennais sortaient les premiers talents du centre de formation…
Ça été le début des grands noms sortis de la formation, de renommée internationale, avec Mikaël Silvestre, Ousmane Dabo, Sylvain Wiltord, Anthony Réveillère... Le centre de formation commençait à avoir une belle image. Ça augurait pas mal de belles choses pour le club. Quand on a des joueurs à fort potentiel, obligatoirement, les résultats suivent.

En 1996, vous avez aussi joué l’Europe avec le SRFC !
C’était avec Michel Le Milinaire. On a joué l’intertoto avec beaucoup de jeunes. On n’avait pas tout notre effectif. On partait à treize ou quatorze. On est allés en Croatie et en Israël mais on ne s’était pas qualifiés. Ce sont tout de même de très beaux souvenirs. On faisait partie des premières expérimentations européennes du Stade Rennais.
 

« Il faut prendre conscience de la chance d’avoir un tel club à Rennes. »


Le club se bat désormais chaque saison pour jouer l’Europe…
On n’a plus les mêmes préoccupations. Celles qui nous occupent, c’est effectivement de savoir si on va se qualifier pour l’Europe. Avant c’était, est-ce que l’on va se maintenir ? On n’a plus les mêmes craintes. Le Stade Rennais F.C. a passé un cap. Quand on termine cinquième, les supporters sont presque déçus. Il faut que les supporters se rendent compte de la chance d’avoir un club qui tourne bien, qui est solide financièrement et qui est sain. Aujourd’hui, quand tu gagnes, c’est l’engouement surdimensionné, et quand tu perds, tu prends la casquette. Il faut prendre conscience de la chance d’avoir un tel club à Rennes. Ce qui est fou, c’est que le résultat d’un week-end peut changer la vie de beaucoup de gens. Par contre, ce qui est très frustrant, c’est d’avoir joué la ligue des champions sans les supporters au stade. Beaucoup ont dû être malheureux, c’était un évènement historique.

Qu’est ce qui reste gravé après cette longue carrière ? 
Il y a donc la montée à Lorient, c’était un match incroyable. Puis en tant que défenseur central, j’ai eu la chance d’avoir affronté des grands noms du football, que ce soit Jean-Pierre Papin, Alen Bokšić, Rudi Völler, Klaus Allofs, plein de grands avant-centres. C’est une fierté d’avoir été au contact de ses internationaux.

Quel joueur vous a marqué ?
Jean Prouff, joueur puis entraîneur. Il a légué un état d’esprit au Stade Rennais.

Laplus belle équipe ?
J’ai bien aimé l’époque Frei - Monterrubio, c’était spectaculaire. C’était du football champagne avec beaucoup de buts. On avait une équipe très offensive. Ça allait vite vers l’avant, c’était chatoyant. Il faut aussi citer l’équipe qui a gagné la coupe de France en 2019 et qui a procuré beaucoup d’émotions en coupe d’Europe. Ça faisait tellement qu’on l’attendait ce trophée.

1996_01_10_srfc-rcs_0-0_denis_dc_2.jpg

Votre but d’anthologie ?
Un match contre le Paris SG en début de saison. Je me souviens d’un centre de Patrick Delamontagne pour la tête de François Omam-Biyik qui était à la limite de la surface. On jouait le grand PSG, on avait gagné 2-1. J’ai un grand souvenir de ce but. C’était un de mes premiers matchs en D1 en 1990.

Un adversaire ?
Jean-Pierre Papin ! C’était l’avant-centre de l’équipe de France et le meilleur buteur du championnat. Dans la presse, en titre, on faisait parfois allusion au duel Denis-Papin, Denis Papin étant l’inventeur de la machine à vapeur.

Quel est votre maillot préféré ?
Celui de la montée, avec Pfizer en sponsor. Je ne l’ai pas gardé. Je donnais mes maillots, je préférais faire plaisir que de les garder dans l’armoire.

Comment voyez-vous l’avenir du club ?
Les supporters manquent beaucoup au club, c’est une grosse perte. Quand ils seront de retour au stade, ce sera un gros plus pour les résultats. Le club est devenu attractif et il est encore en progression. Je ne fais pas de souci pour le Stade Rennais F.C.

Comment vous-êtes reconverti ?
Après le Stade Rennais, je suis parti jouer un an au Mans mais je commençais à avoir des problèmes de hanche. Je suis revenu dans la région et la ville de Rennes m’a proposé d’entrer à la direction des sports tout en continuant d’entraîner les municipaux de Rennes. Car quand je jouais au Stade Rennais F.C., j’entraînais aussi les municipaux de Rennes qui est un club corporatif. On avait un très bon niveau amateur, une très belle équipe qui a été championne de France. Je prenais beaucoup de plaisir à les entraîner et je suis resté presque huit ans. Ça aussi, je ne pense pas que ça pourrait se faire aujourd’hui (rires). Je les entraînais le soir. Le sport est ma passion. J’y suis toujours. Je m’occupe de tous les évènements sportifs sur Rennes comme Tout Rennes Court, Rennes sur Roulettes, le championnat de France de natation ou la coupe du monde féminine il y a deux ans. C’est très diversifié, ça me plaît beaucoup.
 

« un des meilleurs publics de France »


De par vos fonctions et votre passé d’ancien joueur, constatez-vous le pouvoir fédérateur du SRFC dans la cité ?
Oui de plus en plus mais il y a toujours eu du monde au stade. Le club a toujours attiré des supporters de toute la Bretagne. Le club a une place forte dans le football breton et national.

François Denis est un nom qui résonne pour beaucoup de générations, quelle relation avez-vous avec les supporters ?
Rennes reste une petite ville. On me fait souvent le rapprochement avec le club. Les gens qui ont quinze ou vingt ans de moins que moi étaient au stade quand ils étaient petits. Les quarantenaires se souviennent de nous. Il y avait beaucoup de convivialité déjà au stade.

Votre fidélité au club n’a d’égal que celle des supporters finalement…
Je pense que c’est l’un des meilleurs publics que la France puisse connaître en ce moment. Quand on voit l’engouement qu’il y a derrière le club... mais toujours dans la mesure. Je ne vois pas d’équivalents, c’est festif et bon enfant à Rennes. C’est resté familial. Le public a été énorme pendant l’Europa League avec des ambiances incroyables, des chants tout le long des matchs. On a une belle dynamique des supporters.

Pour conclure, que dire de Rennes ?
Ma vie est liée à Rennes et sa région. Tout ce que j’ai vécu professionnellement, c’est ici. J’habite Rennes depuis que j'ai 23 ans. Mon père était de Pacé, mes grands-parents aussi, je passais mes vacances chez eux. Rennes est ancré en moi.

 

 

#AuFerRouge