Firmin Carré, un expert de la performance au service de l’Académie.

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Derrière l’excellence de la formation rennaise, il y a des infrastructures, une équipe qualifiée et passionnée. Préparateur physique du groupe Pro2 du Stade Rennais F.C., Firmin Carré est l’un de ceux dont la mission est de façonner les talents du centre de formation rennais. Rencontre.



Firmin a intégré le Stade Rennais F.C. il y a douze ans au club en tant qu’éducateur à l’école de foot sous la direction de Mathieu Le Scornet (ndlr : actuel entraîneur adjoint de Julien Stéphan à Strasbourg). En 2014, à la suite du départ du préparateur athlétique de l’époque, le poste lui est confié. Diplômé STAPS, ce Normand originaire d’Avranches qui a effectué toute sa scolarité en Ille-et-Vilaine, a ensuite passé avec succès les diplômes d’éducateur de football BMF et BEF.

 

Firmin, forcément passionné de football !
À la base, mon sport, c’est le judo (ndlr : il est ceinture noire.) J’ai également pratiqué le foot à partir de quinze ans, c’est une passion depuis tout petit mais j’ai commencé mon parcours footballistique plus tard. J’ai joué dans les clubs de la région, à Dol-de-Bretagne, à l’US Liffré et l’US Illet Forêt. Je joue toujours au foot mais de manière épisodique, quand je peux, au niveau amateur.

Quand tu es arrivé au SRFC, tu avais la charge de la préparation athlétique de plusieurs catégories…
J’étais seul à m’occuper des U17, U19 et de la réserve. J’avais aussi des missions à le préformation et l’école de foot. C’était un travail énorme. Depuis quelques années, d’autres préparateurs athlétiques m’ont rejoint, Antoine Simon et Willy Le Paih. Ce sont des apports importants pour individualiser le travail car il y a tout de même 70 joueurs à l’Académie dans les groupes U17, U19 et Pro2. Si on veut avoir un travail qualitatif, il faut du monde. L’exigence du haut niveau demande que l’on individualise au maximum le travail. Les nouvelles technologies sont de plus en plus présentes et sont utilisées de manière quotidienne. Il faut pouvoir traiter les données, les analyser et mettre le travail en place. Leur arrivée étaient nécessaires.
 

« Un joueur qui progresse, c’est un joueur qui est sur le terrain et qui s’entraîne. »


Quels sont les effets de ces individualisations du travail ?
Les progressions sont plus linéaires. Nous sommes plus précis dans la charge d’entraînement et la réduction du nombre de blessures prouve que c’est indispensable. Un joueur qui progresse, c’est un joueur qui est sur le terrain et qui s’entraîne.

Le temps est précieux pour eux…
Quand ils arrivent au centre de formation, ils ont trois ans pour montrer de quoi ils sont capables. Ça passe vite et les joueurs doivent directement rentrer dans le travail qui est mis en place. Quand on passe de trois-quatre séances par semaine à sept ou huit, ce n’est pas facile. Il faut vite se mettre dans le moule.

On imagine que le travail n’est pas le même selon les âges…
Les U17 ont 16 ans et arrivent de différents horizons. Ils n’ont le même vécu que les Espoirs. On n’a pas les mêmes besoins quand on a 16 ans ou 18 ans, mais c’est aussi valable pour deux joueurs qui sont de la même année. Il faut prendre en compte le poste et la maturité. Selon la précocité, les contenus d’entraînement sont différents. Il faut être vigilant et laisser aussi le temps aux garçons de grandir. J’ai un regard sur les plus jeunes mais on se fait amplement confiance entre préparateurs athlétiques. Willy et Antoine ont les compétences pour gérer leur catégorie.
 

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Tu évoquais les nouvelles technologies. Quelles sont-elles ?
Chaque joueur est équipé d’un GPS à l’entraînement, ça permet d’avoir de nombreuses données. Nous avons aussi un Data Scientist dédié aux jeunes de l’Académie. Il synthétise les données pour que l’on puisse mettre en valeur certaines données et s’en servir sur le terrain.

Quel est ton quotidien à la Piverdière ?
C’est avant tout la gestion de la charge d’entraînement. Elle doit être optimale pour le joueur pour qu’il continue de progresser. La première chose que je fais en arrivant est d’observer le questionnaire des garçons sur leur état de forme, qu’ils ont à remplir tous les matins. Ensuite, il y a une discussion avec les coachs sur la mise en place de la séance pour voir si je dois participer aux échauffements ou à un exercice spécifique. Puis il faut préparer les séances individuelles des joueurs que ce soit sur le terrain ou en salle.

Ton expérience te permet-elle de mieux appréhender le travail ?
Bien sûr, mais aussi pour la relation avec les garçons. Il faut savoir quelle distance on doit mettre. Ce sont des jeunes joueurs, des humains. On a un rôle éducatif également et l’expérience permet de mieux communiquer avec eux et de faire passer les bons messages des coachs. Un préparateur athlétique n’est pas un confident mais il a un rôle particulier. On n’a pas de choix à faire donc on est vus différemment par rapport au coach.
 

« s’il n’y a pas de travail compliqué, il n’y a pas de progression »


Mais tu les pousses dans leur retranchement, ce n’est pas ce qu’il y a de plus agréable…
Forcément, s’il n’y a pas de travail compliqué, il n’y a pas de progression. Ils ont des gros rythmes et des charges de travail très importantes mais c'est ce qui permet d’accéder au haut niveau.

Comment s’est passée l’avant-saison ?
Très bien ! On a eu peu de blessés, c’est une satisfaction. Que ce soient les U17, U19 ou Pro2, nous avons des groupes très travailleurs. C’est une valeur importante pour progresser. Nous sommes actuellement vigilants car nous sommes dans la reprise de la scolarité, nous devons faire attention à la charge mentale. On est dans une période où nous enchaînons les matchs, les garçons doivent trouver leur rythme. Ils doivent être dans leur pic de forme.

Quelles relations as-tu avec le staff pro ?
Il y a beaucoup d’échanges, on les rencontre régulièrement. Quand un joueur du groupe Pro2 doit monter chez les pros, les passerelles sont mises en place pour que tout se passe bien. Quand ils montent, c’est qu’ils commencent à avoir un bon niveau athlétique pour répondre aux attentes du monde professionnel. 

Où situes-tu le niveau d’exigence de l’Académie ?
Il est très fort car il doit répondre à celui exigé en Ligue 1 et aux attentes de Bruno Genesio lorsqu’il les aligne sur le terrain. Les joueurs sont de plus en plus jeunes à intégrer le groupe professionnel. Ils doivent être prêt plus rapidement.

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As-tu un rôle de coach adjoint ?
Sur le plan technico-tactique, on intervient très peu même si on peut prendre en main des échauffements et des parties de jeu. Le préparateur physique doit tout de même avoir la sensibilité foot, c’est l’activité que font les joueurs au quotidien. Le meilleur exemple est Dimitri Farbos, adjoint de Bruno Genesio, qui a commencé comme préparateur athlétique, aujourd’hui adjoint technico-tactique.

C’est un métier 7j/7 !
C’est quasiment ça. On va dire 6j/7, on commence le lundi matin jusqu’au match de N2 le samedi soir. Pour les U17 et U19, les matchs sont parfois le dimanche. La N2 nous envoie un peu plus loin maintenant. On doit tenir compte des déplacements pour gérer la fatigue des joueurs.

Mais un métier passion…
On passe plus de temps ensemble qu’avec nos compagnes et nos enfants (rires). Ça forge forcément des liens très forts entre staffs. C’est vraiment une famille. On est passionnés, c’est dans le sang, on pense constamment au foot.
 

« Quand je vois les latéraux du Stade Rennais, je suis impressionné. »


Et quand tu te rends au Roazhon Park le dimanche, tu dois certainement avoir un œil déformé sur les matchs…
J’aime bien regarder la répétition des efforts des joueurs, c’est une valeur importante pour performer au très haut niveau. Quand je vois les latéraux du Stade Rennais, je suis impressionné. On doit regarder ce qui se fait au haut niveau pour que les jeunes puissent bien travailler en formation.

On loue souvent la qualité des jeunes de l’Académie mais il y a aussi celle du personnel…
Avec Mathieu Le Scornet et Julien Stéphan à Strasbourg, Régis Le Bris et son adjoint Erwann Le Postec à Lorient, Franck Haise à Lens, on voit toute la qualité des éducateurs du Stade Rennais F.C. Dans le football, tout peut aller très vite dans un sens comme dans l’autre. Ça peut être un beau tremplin. Chaque parcours est différent mais pour ma part j’aime le côté formation, éducation et le développement des joueurs.

Quel est le joueur qui t’a le plus impressionné ?
J’en ai vu quelques-uns passer…. Je ne vais pas mettre un seul joueur en lumière. Pour la force, il y a eu Joris Gnagnon. Pour la vitesse, Ousmane Dembélé. Dans l’agilité, Eduardo Camavinga. Dans la répétition des efforts, Adrien Truffert. Dans le volume, Lorenz Assignon. En puissance, Mathys Tel. On peut citer plein de joueurs avec des qualités athlétiques de très haut niveau. C’est souvent facile à voir, à 12 ans, Lorenz était déjà impressionnant au test Vameval par exemple, au palier 19.

Quand on voit Adrien Truffert accéder à l’Équipe de France, ça veut dire qu’il encaisse bien les charges de travail ? 
Il est surtout capable de répéter des efforts brefs et intenses de manière très importante. Tout petit, c’était déjà une qualité chez lui. Il est capable de répéter de nombreux aller-retours sur le poste de latéral gauche.

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Comment se passe la N2 pour le groupe Pro2 ?
C’est une découverte. Très peu de joueurs ont goûté à ce niveau. C’est un championnat très relevé avec des équipes très expérimentées qui répondent de manière importante sur le plan athlétique. C’est forcément difficile au départ mais on est dans une logique de progression et les joueurs commencent à voir le niveau d’exigence requis sur ce championnat. Les joueurs vont progresser et je pense qu’ils vont faire de bonnes choses cette saison. C’est très formateur pour les joueurs.

Quelle évolution as-tu constatée à l’Académie depuis tes débuts ?
C’est énorme, rien que dans l’accompagnement des joueurs, notamment au niveau de la kiné, de l’analyse vidéo, des datas… il y a eu des investissements conséquents.

Doit-on s’attendre alors à voir encore plus de joueurs à percer ?
Le top joueur sortira toujours. Cependant, certains peuvent profiter des structures et de la qualité des entraînements pour atteindre le très haut niveau. La qualité de la formation rennaise offre une chance supplémentaire d’atteindre ses objectifs.