Jean-Louis Marsollier, le fringant vétéran !

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Après avoir passé une partie de sa vie à défendre les couleurs de son pays, Jean-Louis la consacre désormais, à honorer le blason Rouge et Noir.Rencontre avec Jean-Louis Marsollier, dirigeant bénévole qui accompagne depuis 22 ans joueurs et entraîneurs du centre de formation.



Dire que Jean-Louis a gardé de ses années de gradé la droiture et la rigueur militaire serait exagéré, même erroné. Mais plutôt un attachement profond pour les valeurs qui font le savoir-vivre et le savoir-être. Deux notions chères au Stade Rennais F.C. et à sa formation. Il a même créé son propre acronyme : « SRFC, pour Savoir Respecter le Foot pour son Club. »
 

Un homme de missions

De la génération 1949, « comme Jean-Michel Aulas et Arsène Wenger », cet ancien Major s’est engagé très jeune dans l’Armée. « À 16 ans, j’étais au lycée militaire. J’étais quelqu’un d’assez timide, je n’avais jamais quitté ma famille. J’ai appris à me battre dans la vie. Il y a eu beaucoup d’obstacles devant moi mais j’ai toujours été gagneur. » Un caractère qui s’est propagé plus tard dans les vestiaires de l’Académie. « Nous ne rentrions que trois fois par an. À Noël, à Pacques et pendant les grandes vacances mais seulement si on avait la moyenne. » Une fois rentré en Bretagne, le summum c’était de venir voir des matchs au stade de la route de Lorient. Là encore, sous condition. « C’était une fois par an et il fallait avoir de bonnes notes en classe. On venait avec la 403 Peugeot d’un ami de mon père qui transportait des porcelets. Avec mon copain d’école, il fallait enlever le fumier de la semaine et mettre un coup de jet avant de monter à bord et partir au stade. » Et en cas de victoire des Rouge et Noir, « il fallait passer par Vern, Saint-Armel, Corps-Nuds, on n’était pas arrivés à Janzé. Ils voulaient fêter la victoire. »

Après de nombreuses années passées sur le terrain militaire, Jean-Louis a choisi, plutôt qu’un après carrière en retrait, de remplir de nouvelles missions. « Je suis arrivé grâce à un éducateur U15 qui s’appelait Bernard Moro. J’ai passé un test et je suis entré au Stade Rennais. J’avais tout à apprendre. Je ne connaissais pas beaucoup de choses. Je me suis rapidement retrouvé tout seul et il fallait tout gérer : le covoiturage avec les parents, l’équipe, les arbitres, les feuilles de match, les équipements... C’était très formateur. » Reviennent alors les premiers succès avec les petits. « La première année, on a terminé champions. En fin de saison, on a gagné un tournoi à Noyal-sur-Vilaine où il n’y avait que des équipes premières. Les petits l’ont remporté. Puis quinze jours après, à la suite d’un désistement, je me suis retrouvé comme coach au tournoi international de Plougonvelin avec les U13, nous sommes allés jusqu’en huitième de finale. » Mais aussi un souvenir dramatique : « Dès ma deuxième année au club, il y a eu un évènement douloureux avec le décès d’un de mes jeunes joueurs qui m’a beaucoup marqué, Pierre Guillemé. C’est malheureusement moi qui ai dû annoncer la nouvelle aux joueurs. Je ne l’oublierai jamais. Il est toujours dans mon cœur. »
 

Avec le SRFC, plus qu'une fierté, un honneur.

Depuis 22 ans, le passé du Janzéen est un atout précieux pour l’accompagnement de nos jeunes. Rigueur, travail, sérieux, discipline, humilité… « ils n’ont pas peur de ces mots que certains pourraient considérer comme ringards. Ils sont preneurs à condition de fournir ces mots avec des explications, le sourire et la gentillesse. J’ai moi-même été chef mais j’ai aussi été commandé. Je sais très bien que si je retransmettais les ordres tels qu’on me les donnait, ce n’était pas possible. Pour réaliser de grandes choses, il ne faut pas être au-dessus des hommes mais au milieu d’eux. »

Face à tant de loyauté et d’intégrité, les éducateurs du club ont vite compris que l’on pouvait compter sur Jean-Louis. Il s’est alors retrouvé avec Landry Chauvin en CFA2 « On a rencontré du beau monde : Jacques Faty, Grégory Bourillon, Stéphane N'Guéma, Christophe Revel, Sébastien Puygrenier... » avant de poursuivre avec les U18 où « nous nous sommes retrouvés en finale de la Coupe Gambardella avec une victoire 4-1 contre Strasbourg en 2003. » Mais là encore, ce ne sont pas les succès sportifs qu’il souhaite particulièrement mettre en avant. « C’est la formation qui prime, l’individu » et l’attention portée aux pensionnaires du centre venus de France et de Navarre. « Tous les jeunes n’ont pas eu la même éducation. C’est aux moins chanceux qu’il faut accorder le plus de temps pour les remettre dans le bon wagon. Ils t’en seront toujours reconnaissant. » N’empêche qu’il connaîtra aussi un nouveau sacre en Gambardella, des titres de champions de France avec les U18 et les U19.

Puis il y a eu la Youth League où cet ancien militaire a retrouvé des régions qu’il a connues pour avoir exercé en Bosnie ou encore au Liban. « On voit que ceux qui ont joué en Youth League sont là aujourd’hui : Lorenz Assignon, Warmed Omari, Adrien Truffert, Loum Tchaouna et Andy Diouf. Je ne suis pas surpris aujourd’hui. On leur a inculqué des valeurs et ils ne les ont pas oubliées. Ce sont de bons garçons. » Sa plus grande fierté, c’est la reconnaissance, celle du comportement exemplaire des joueurs et des équipes en déplacement. « Je me souviens d’une fois à Lille dans un hôtel. Une dame m’a demandé quel sport pratiquaient les jeunes. J’ai dit : "Ce sont des footballeurs Madame !". Elle n’y croyait pas. Elle m’a répondu : "Et bien Monsieur, je ferai de la publicité pour le Stade Rennais ".J’ai été tellement ému que je n’ai pas pensé à lui demander son nom. »

Jean-Louis n’aurait pas pu vivre une autre vie que celle du bon citoyen, du bon voisin, du bon copain, du bon papa, du bon papy à l’énergie débordante. « Dans l’armée, on ne s’occupe pas de tes origines. Tu apprends le goût de l’effort, le travail bien fait. Ne jamais courber l’échine, toujours savoir se relever. J’adore transmettre ça aux petits. » Chez lui, soutenir l’autre est naturel. Un jeune qui se blesse ? « Ne baisse pas les bras, tu reviendras plus fort. Il y a eu de nombreux exemples. Regarde Romain Danzé qui s’est fait les croisés aux deux genoux quand il était jeune. »

Celui qui a le goût du travail bien fait est aujourd’hui secrétaire de l’association Stade Rennais F.C. où il se concentre notamment sur un gros travail d’archive à réaliser. Sa nouvelle mission plus proche des bureaux, il sera quand même là « pour donner un coup de main avec les U17, U19 ou les Espoirs. » Ça permet aussi de rester dans le coup. « On donne beaucoup, l’expérience de notre vie, mais les joueurs nous apportent beaucoup. Dans le bus, quand on ne sait pas faire quelque chose sur le téléphone portable, ils sont là pour nous aider. Mes filles s’étonnaient que je connaisse maître Gims ! (rires) »

Les souvenirs et anecdotes avec les joueurs et « prestigieux » entraîneurs qu’il a connus sont innombrables. C’est donc avec un sérieux travail de mémoire en amont qu’il s’est présenté à cette interview. « Si tu prépares ta mission, elle est à moitié exécutée. » Un sens de la formule et un dévouement à toutes épreuves qui méritaient bien les honneurs.