Coach, pourquoi le 4-4-2 ?

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Le football n’est pas une science exacte, pas d’ingrédients magiques, pas de solutions miracles. « Il y a des équipes qui jouent très bien sans employer le 4-4-2. L’organisation n’est qu’un moyen. » Mais alors, pourquoi Christian Gourcuff a-t-il toujours joué en 4-4-2 ?



Le 4-4-2 c’est quoi ?
« Quand on dit qu’on joue en 4-4-2, on ne dit pas grand chose car une organisation fluctue. Ce n’est pas un cadre rigide. L’important est de donner les codes de coordination et d’action. Dans des situations, on voit bien le 4-4-2, dans d’autres il se déforme de telle manière qu’il y a toujours un équilibre sur le terrain. Il y a plusieurs philosophies. Par exemple, l’Atletico de Madrid joue en 4-4-2 mais avec un bloc très bas. Diego Simeone ne change pas, ça reste une équipe de contre-attaque essentiellement, avec beaucoup de dynamisme dans la récupération du ballon. »

Pourquoi le 4-4-2 ?
« C’est le schéma qui à mon sens est le plus rationnel en terme d’occupation du terrain, pour contrôler les espaces. C’est le système qui permet les transitions les plus rapides. C’est aussi une organisation très souple qui permet d’intégrer tous les joueurs. En fonction de la personnalité des joueurs, le 4-4-2 sera différent. Prenons l’exemple des excentrés, il peut y avoir des joueurs de débordement, d’autres plus dans la maîtrise. Au final, l’expression dans le jeu est différente. Mais dire « jouer en 4-4-2 » est très réducteur. Il y a plein de paramètres qui en font la réussite et la richesse. »

Ses inconvénients :
« Si les espaces sont réduits, il ne doit pas y avoir de situation d’infériorité numérique. Il n’y a pas d’inconvénients mais des exigences, comme dans tous schémas. Pour moi c’est le système le plus simple, le plus souple mais le plus rigoureux. Ça me semble très difficile de le faire de façon épisodique. C’est un cadre de jeu qui doit servir de référence. Ça demande un investissement total dans une saison. Il y a une façon de jouer et se déplacer ensemble qui doit se travailler. »

Les références :
« Je n’ai pas connu le 4-2-4 des Hongrois en 1954. J’ai beaucoup lu là-dessus mais le système laissait des espaces au milieu de terrain. Après il y a eu le 4-2-4 des Brésiliens en 1958. On avait un ailier gauche, qui était Mario Zagallo, qui jouait déjà en retrait. Là était l’évolution tactique. Ce schéma a pris sa véritable expression avec le Milan AC d’Arrigo Sacchi, avec une organisation structurée. Je me suis beaucoup intéressé à son travail, avec une défense très haute et une réduction des espaces permanente. Ma réflexion est partie de là. »

L’animation du système :
« Dans le 4-4-2, on procède par paires puis on les associe, c’est la première étape. C’est binaire, c’est pour ça que c’est simple. On cherche les deux attaquants, le latéral et l’excentré, les deux milieux axiaux et les défenseurs centraux. Les joueurs doivent jouer sur les points forts de leur partenaire. Dans cet exercice, la paire Gameiro-Vahirua fonctionnait très bien à Lorient. Je m’oppose à la notion de duel. Le foot est un sport d’évitement. L’interception du ballon est un travail d’équipe. Le premier harcèle, le deuxième vient couvrir et le troisième intercepte. C’est une œuvre collective. Cette notion de récupération n’est pas partagée par tout le monde car on parle souvent de duel gagné. C’est une manière individualiste de concevoir le jeu. Le 4-4-2 est riche dans les associations de paire qui permettent de créer des coordinations, des libertés et des prises d’initiatives. »

Un 4-4-2 à vie ?
« Je crois à une organisation qui est stable. Je ne suis pas partisan des changements de système trois fois pendant un match. J’ai été un grand admirateur de Guardiola au Barça. Il ne changeait jamais avec son 4-3-3 qui était très travaillé. »

Les ingrédients nécessaires :
« Sur le plan théorique, il faut un cadre parfaitement défini, clair, précis et intangible. Il doit être capable de répondre à tous les problèmes de jeu posés par l’adversaire. On ne peut pas changer d’option d’une semaine à l’autre. Mais ça ne reste pas un tableau noir. C’est ensuite le travail à l’entraînement qui fixe les automatismes. Si on veut avoir un jeu dynamique, il faut des courses mais ce n’est pas lié au système. Le jeu demande de la générosité. »


Christian Gourcuff ne vous livrera pas tous ses secrets mais vous pouvez toujours venir apprécier le travail quotidien des Rouge et Noir à l’entraînement à la Piverdière. Mais attention, le travail est une chose, la volonté en est une autre. « La motivation vient par le plaisir et les émotions. Le résultat n’est que le fruit de l’épanouissement individuel et collectif. On travaille au quotidien pour que les joueurs prennent du plaisir sur le terrain. » Vous avez lu le coach ? Faîtes-vous plaisir !

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À VOUS DE JOUER !

« Ce qui est fondamental, c’est la relation entre les joueurs, la proximité physique et la connivence pour offrir le maximum de solutions au porteur de ballon. »Le technicien rennais vous propose un exercice à réaliser avec vos partenaires de club ludique mais très efficace pour travailler les transitions. Cela vous demandera une grande vitesse de disponibilité.

Les règles du jeu :
Sur surface réduite, sortez les chasubles et composez trois équipes de trois.
Pendant ce toro, trois joueurs solidaires, ici en rouge, chassent le ballon.
Quand une équipe d’une autre couleur perd le ballon, elle devient alors « chasseuse » et doit récupérer le ballon le plus vite possible. Et ainsi de suite…

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Fixation, renversement et but ! C'est L’ACTION de la saison 16-17.

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