
Chez les Carasso, le football, c'est véritablement une histoire de famille. Parents, grand parents, frères... tous ont chaussé les crampons dans l'arrière pays provençal. Une " famille foot " comme il en existe beaucoup. Mais lorsque les deux garçons évoluent tous les deux, au plus haut niveau du football français, c'est déjà plus rare. Dimanche, la famille Carrasso installée non loin d'Avignon portera un regard particulier sur ce choc entre les Girondins de Bordeaux et le Stade Rennais F.C.
FAMILLE
Cédric Carrasso : " Pour nous, la famille c'est le plus important. Cela nous permet de nous ressourcer. Cela nous donne de l'énergie quand les choses se passent un peu moins bien dans la vie. Pour les fêtes comme Noël, nous nous réunissons tous dans une maison et nous restons tous ensemble pendant plusieurs jours. C'est très important. "
Johann Carrasso : " Nous avons toujours été proches, aujourd'hui encore malgré notre éloignement géographique. Nous sommes originaires de la région avignonnaise entre Marseille et Montpellier. Moi, j'étais plus attiré par Montpellier lui par Marseille. Montpellier me plaisait davantage, car on est à une heure de chez moi et puis le centre de formation est reconnu. Cédric lui est parti à 14 ans à Marseille. Il a toujours supporté l'OM, dès qu'il a eu l'opportunité de partir là-bas, il n'a pas hésité. "
PARENTS
Cédric : " Nous sommes trois garçons dont deux footballeurs. Notre petit frère est beaucoup plus intelligent que nous (sourire, NDLR) et fait des études de haut niveau ! Par rapport au football, nos parents ont du faire beaucoup d'effort pour Johann et moi. Nous avons fait des sacrifices au niveau familial car nous sommes partis jeune de la maison. Réussir, c'est une marque de reconnaissance vis-à-vis de nos parents. C'est une façon de leur rendre ce qu'ils nous ont donné. Pour le reste, nous sommes une famille classique. Mes parents ne sont pas plus supporter de l'un ou de l'autre. Notre relation est bien au-dessus des clubs ou du football en général. "
Johann : " Ils sont très heureux de nous voir évoluer dans des clubs de L1. Ils vivent sans doute moins bien que nous la pression médiatique. Les éloges sont faciles à prendre mais lorsque ça va moins bien, ce sont peut être eux qui sont les plus affectés. "
ENFANCE
Cédric : " Nous avons six ans d'écart avec Jo'. Ce n'est pas énorme mais j'ai dû partir jeune de chez moi, c'était encore un enfant. Nous avons un esprit de famille particulier. On ne va pas se téléphoner tous les jours mais nous sommes toujours très heureux de nous retrouver. Je n'ai pas passé beaucoup de temps avec eux, je suis parti tellement jeune... Cela dit, nos liens sont quand même très forts. Quand je rentrais du centre de formation de Marseille, je sentais que mes 2 frères étaient fiers mais cela n'allait pas plus loin. On était surtout heureux de se retrouver. "
Johann : " Petit et encore maintenant, je suis attentif à ce qu'il peut me dire. Durant ma formation, je l'écoutais sur les contrats, sur la façon de réagir dans certaines situations... Il a vécu des évènements similaires à ce que j'ai pu vivre. J'ai de la chance de l'avoir. "
RIVALITE
Cédric : " Non, jamais de la vie ! Même si la planète entière cherchait à nous opposer, il n'y aurait pas de rivalité. Quand je suis passé professionnel, Johann apprenait. Nous pourrions jouer pour 2 clubs rivaux, cela ne changerait rien. Nos liens dépassent le football qui reste un sport. Evoluer dans le même club serait compatible. Johann va arriver à un âge où il va de plus en plus jouer. Moi, je suis en plein dedans. J'aimerais qu'on ait la chance un jour d'être dans le même club mais à l'époque où je commencerais à prendre de la bouteille ! Quand il sera au sommet, je pourrais être son remplaçant. Cela me ferait très plaisir, c'est sû r. "
Johann : " La rivalité ? non elle n'existe pas. Elle est présente dans les médias mais pas entre nous. Nous jouons effectivement au même poste, mais on n'a pas eu les mêmes trajectoires et les générations ne sont pas non plus les mêmes. Il y a plus de rivalité sur la console de jeu ! "
CARRIERE
Cédric : " Johann a beaucoup travaillé très jeune. Il a assimilé beaucoup de choses très vite. Je pense qu'il est le gardien ayant le meilleur potentiel de sa génération. Il a fait les sélections de jeunes, des championnats d'Europe. Il est aussi passé chez les Espoirs. Moi, je n'ai pas connu tout cela. Johann a vécu beaucoup de choses, il a réalisé une superbe saison en L2 à Montpellier avec la montée en L1. Malheureusement, à mon image, il s'est gravement blessé et cela a mis un frein à cette progression. Je pense qu'il a beaucoup plus de talent que moi au même âge. Il doit maintenant le mettre en pratique et pour cela, il faut jouer. Le jour où il sera installé dans une équipe, avec de la confiance et du temps pour montrer ses qualités, il en surprendra plus d'un. Désormais, la blessure est digérée, la page Montpellier est tournée et il a un superbe avenir devant lui. Je pense également que Rennes est un bon club avec de bonnes structures et une bonne équipe. Il peut travailler avec un gardien d'expérience qui arrive en fin de contrat. Il a tout pour bien apprendre. Il peut se stabiliser dans son nouvel environnement et être prêt pour l'an prochain. "
Johann : " Cédric n'a pas eu une carrière linéaire. Il a connu de graves blessures mais il a su, à chaque fois, rebondir comme ce fut le cas à Toulouse ou Bordeaux. C'est un exemple pour moi, surtout après ma blessure. J'ai perdu ma place et j'ai eu des difficultés à revenir. Je me suis inspiré de son parcours pour m'accrocher et revenir. "
GARDIEN DE BUT
Cédric : " Ni lui ni moi ne jouions à ce poste étant jeune. C'est venu par la suite. D'une certaine façon, voir son grand frère jouer au poste de gardien doit avoir une influence. Cela a dû lui plaire mais il n'a jamais cherché à me copier. Je ne lui ai jamais expliqué ce qu'il devait faire. Nous sommes comme ça dans la famille. Nous sommes proches mais nous aimons que chacun se prenne en charge. Il devait se prouver des choses, y arriver de lui-même. "
Johann : " J'ai commencé d'abord comme joueur et à l'âge de 7 ans, j'ai voulu être gardien. C'est vrai que le fait de voir mon frère évoluer comme gardien et rentrer au centre de formation de Marseille a sans doute influencé mon choix. "
PROFIL
Cédric : " On se ressemble un peu. Nous sommes discrets mais Jo' est plus " grande gueule " que moi. Je n'aime pas trop parler et je pense qu'il a plus de tempérament que moi. Il est souvent prêt à exploser. Quand nous sommes ensemble, il sera le 1er à y aller si cela chauffe. Moi, je le calme plus qu'autre chose (sourire, NDLR). Mon frère est généreux, nous avons le même esprit de famille. Il a des enfants, il est marié, comme moi. La seule différence entre nous, c'est son impulsivité. "
Johann : " Cédric est très réservé, il n'aime pas s'exposer devant les caméras. Par contre, c'est un gros bosseur. Il est très régulier et fiable dans ses performances. Il n'a pas ou peu de baisse de régime. Sur le terrain, il a une très bonne lecture de trajectoire que ce soit dans le jeu aérien ou dans le jeu au sol. Physiquement, il est aussi très costaud. On a peut être des points communs mais ce n'est pas à moi de le dire. Je sais que l'on a quelques mimiques en communs ! "
LE MATCH
Cédric : " La 1ère fois que nous nous sommes affrontés, lors de Montpellier-Marseille, j'étais en pleine ascension. Je commençais à jouer de gros matches régulièrement. Ce jour-là, Johann faisait son 1er banc de touche. Jusque-là, je ne l'avais jamais vu jouer. On en parlait au téléphone mais je ne l'avais jamais vu en situation, même pas en CFA ou en jeunes. Voir entrer mon petit frère sur la pelouse pour un match officiel a été un moment très fort sur un plan personnel. Je m'échauffais avec Laurent Spinosi (ancien entraîneur des gardiens de Marseille, NDLR) et j'ai dû arrêter de m'entraîner pendant 5 minutes. J'étais très ému. J'ai eu du mal à m'y remettre. Le voir me faisait vraiment bizarre et en même temps, j'étais tellement heureux. La différence entre nous, c'est que je suis le grand frère. J'ai un côté protecteur, ce sont mes petits frères. Aujourd'hui, si je dois choisir, je préfère les voir réussir. Tout va bien pour moi, ma carrière est lancée. Désormais, leur réussite m'importe plus que la mienne. "
Johann : " Je me prépare comme si j'allais jouer. Tout peut arriver, il faut être prêt. Même si je suis sur le banc des remplaçants, ce sera un moment particulier. J'ai déjà connu cette expérience mais dimanche ce sera en plus fort car c'est la L1 et on joue les premiers rôles. On va là-bas avec beaucoup d'ambitions. Cela risque de me faire un peu bizarre à l'échauffement mais après on se concentrera sur le match ".