Christophe Lollichon : L'homme des mains du SRFC (2ème Partie)

Suite et fin du portrait de Christophe Lollichon. Dans ce deuxième et dernier volet, l'entraîneur « Rouge et Noir » nous explique les spécificités du poste et dresse le portrait des différents gardiens qu'il a entraînés.

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Cliquez ici pour consulter la première partie du portrait

Quelles sont pour vous les qualités que doit posséder un gardien de but ?
- Tout d'abord l'intelligence, qui est en relation étroite avec les aptitudes du poste : adresse, agilité, vélocité, sens du jeu. Avant, les gardiens de but ne lisaient pas le jeu, ils n'étaient que des gardiens de but de réaction. Maintenant, on se doit d'avoir ou de former des gardiens de but d'anticipation.

Quelles sont les qualités des différents gardiens que vous avez entraînés ?
- Mickaël Landreau était un modèle d'anticipation. C'est celui qui m'a le plus bluffé sur ce point. Il essayait de comprendre les choses et on a été rapidement sur la même longueur d'onde.

Petr Cech a une panoplie de qualités assez impressionnante. La précocité, car n'oublions qu'il n'avait que vingt ans lorsqu'il est arrivé à Rennes et qu'il venait d'un pays étranger. Il a pour lui ses capacités d'adaptation, son intelligence, une capacité athlétique ainsi qu'un talent qui sont rares à ce poste. Le tout explique qu'il soit avec Buffon l'un des deux meilleurs gardiens du monde.

Andreas Isaksson est un gardien d'un autre type. Il a une vitesse au sol et gestuelle exceptionnelle, et je pèse mes mots, par rapport à sa taille. Il possède aussi, et c'est logique, une grande envergure. Après, il avait des points qu'il eut été intéressant de travailler mais nous n'avons pas eu le temps de le faire.

Et Simon Pouplin ?
- Je l'ai connu lorsqu'il jouait à Cholet. On l'a fait venir ici alors qu'il était sollicité par d'autres clubs, comme Nantes ou Auxerre. Simon, c'est un homme de challenge. Il a un talent certain, c'est quelqu'un qui est toujours en analyse, qui va toujours être à la recherche de ce qu'il y a de mieux et il se donne les moyens pour y arriver. C'est un joueur qui a toujours relevé les challenges qui lui étaient proposés. N'oublions pas que quand il est arrivé, Florent Chaigneau était là, et il était un des grands espoirs au plan national. Simon a toujours saisi les occasions. Quand il a rejoint le groupe pro, il y a trois ans, Petr et Florent étaient déjà ici, et Simon s'est servi de tout. Il a analysé tout ce qu'il y avait devant lui. Après, il y avait Isaak avec Florent. Et puis quand les deux n'ont plus été au club, il avait suffisamment tout analysé pour prétendre au poste qui est le sien. Il possède un ensemble important de qualités. Il n'y en a pas une qui est au-dessus des autres mais il dispose d'une panoplie intéressante qui fait qu'aujourd'hui il est apte à réaliser une belle carrière.

Quels types de relations avez-vous avec vos gardiens de but ?
- Déjà, il faut préciser que le poste de gardien est particulier. On travaille en effectif réduit, donc la communication s'en trouve renforcée. Quand on travaille à deux, trois, ou quatre, on a forcément plus d'échanges. Je pense aussi que si l'on est gardien, ce n'est pas par hasard. Donc les gens qui se retrouvent pour travailler ensemble dans cette optique ont des idées communes, des ressentis communs. Les relations sont essentiellement professionnelles mais cela peut dépasser ce cadre selon les personnes.

Vous avez souvent eu des jeunes gardiens sous votre coupe. Quel est le changement dans vos méthodes lorsque vous dirigez des gardiens plus expérimentés, comme Christophe Revault ?
- La différence entre Christophe Revault et les autres gardiens, c'est qu'il a un vécu très important. Il faut s'en nourrir pour alimenter le présent qu'on va vivre avec lui et les jeunes gardiens qui eux sont en déficit d'expérience. C'est très intéressant mais lui est aussi demandeur et est très constructif. Il n'a pas forcément travaillé comme on le fait ici, il a eu une autre formation, un autre vécu, il a connu des expériences différentes en club. Par contre, il est évident que l'on ne va pas travailler avec Christophe Revault comme avec les autres. On n'a pas par exemple les mêmes exigences, on va les adapter par rapport à tout ce qu'il a enregistré depuis 15 ans de carrière.

Comment vivez-vous les critiques qui sont parfois adressées aux gardiens, qu'elles soient justifiées ou non ?
- De nos jours, je trouve que l'on tombe dans l'état d'esprit « vidéo gag » en ce qui concerne les gardiens de but. Quand je vois des émissions où l'on se marre suite à une erreur d'un gardien de but, cela fait mal car les gens qui sourient ou se moquent ne peuvent pas ressentir ou ne connaissent pas suffisamment ce poste pour se permettre ça. On peut rigoler de tout mais que cela devienne récurrent commence à lasser. On met ça plus en avant par exemple que ce qui s'est passé pour Petr Cech et Carlo Cudicini, qui se sont faits littéralement agressés. J'ai trouvé que ça résumait assez bien l'état d'esprit de ceux qui parlaient des gardiens.

Pour finir, quelle est votre réaction quand l'un de vos gardiens encaisse un but que vous jugez évitable ?
- Déjà, il faut analyser ce qui s'est passé et essayer de comprendre pourquoi le gardien a agi de la sorte. Nous, on va préparer le gardien pour qu'il puisse répondre à un maximum de situations. Cependant, on sait très bien qu'il y a plein de paramètres que l'on ne maîtrise pas parce que le jeu ne peut être reproduit qu'à travers du jeu. Dans les spécifiques, on va faire répéter les gammes, pour que quand le gardien soit amené à jouer, il ne pense plus à la technique mais se concentre sur le jeu. Mais dans ce dernier, il y a des impondérables. Après, si certaines choses sont récurrentes, on va naturellement tâcher de les travailler.