Olivier Monterrubio :

23 tentatives, 19 réalisations pour seulement 4 échecs. Olivier Monterrubio, le Monsieur penalty du Stade Rennais F.C. affole les statistiques en la matière. "Rubio" nous livre ses impressions sur ce geste pas si simple à réaliser.

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Olivier, avec autant de penalties marqués, on imagine que tu travailles forcément ce geste ?

OM : Oui en effet, je le travaille relativement souvent. Cela se passe toujours la veille ou l'avant veille de la prochaine rencontre. Avec Simon Pouplin, je m'exerce après les entraînements pour tenter plusieurs solutions :
des frappes tendues, piquées, au milieu en force. J'essaye par exemple de ne jamais regarder le ballon et de fixer le gardien jusqu'au moment de frapper.
Cela le déstabilise même s'il me fixe également et c'est à celui qui détournera les yeux le premier. Ce n'est pas facile car il ne faut pas louper le ballon... (rires).


Peux-tu nous décrire les instants qui précèdent le pénalty ?
OM : Je n'ai pas d'astuces spéciales. C'est une fois que je place le ballon et je me recule que je décide du côté où je vais tirer. Je ne prends jamais trop d'élan mais j'arrive toujours vite sur le ballon. Généralement cela me réussit plutôt bien...


Il n'y a donc jamais de changements de dernières minutes, pendant ta course par exemple ?
OM : J'évite même si, cela est arrivé dimanche dernier contre Toulouse... Je m'étais dit que j'allais le frapper de l'autre côté et quand je me suis reculé, j'ai vu que Christophe Revault avait laissé 30 centimètres de plus sur le côté où je voulais frapper donc j'ai attendu le dernier moment pour savoir s'il allait partir de ce côté. Cela a été le cas donc j'ai changé de décision au dernier moment. Mais ce n'est jamais bon de faire ça.

Comment gères-tu la pression du public au moment de tirer ?
OM : A Rennes, bizarrement j'en ai frappé beaucoup plus du côté du Kop mais cela ne me dérange pas. Quand on tire un penalty, on est en quelque sorte dans une bulle et on essaye de faire abstraction de tout ce qu'il y a autour. J'ai frappé au stade Vélodrome avec 50 000 Marseillais surexcités ou encore au Stade de France en finale de la Coupe de France. Ce jour là, il y avait d'un côté 40 000 Nantais qui applaudissaient et de l'autre 40 000 Sedanais qui sifflaient. Je ne me suis pas posé de questions et c'est rentré !


Dans ces conditions, on peut se demander si le pied ne tremble pas ?
OM : Non jamais ! Je pars toujours confiant et remonté.


En ayant le choix, tu préfères marquer un but sur une action de jeu ou sur penalty ? Les deux, je n'ai pas de préférence ?

Par contre je pense que marquer un penalty est plus difficile car c'est du un contre un. Beaucoup de personnes me font la remarque que je marque souvent sur ce type d'action mais il faut quand même les mettre au fond ! Ce n'est pas aussi évident que cela y parait.


Dans le championnat de France, y a-t-il un gardien que l'on pourrait qualifier de "bête noire" ?
OM : Non personne en particulier. Jamais un même gardien ne m'a déjà arrêté deux penalties. Cependant je trouve Grégory Wimbé impressionnant dans ses buts.
Il est très grand et quand « il se déploie, il prend de la place ». Dans ce genre de situation, il est impératif de bien placer la balle pour ne pas lui faciliter le travail...


Dans un autre genre, est-ce que la danse d'Itandje sur sa ligne de but peut te déstabiliser ?
OM : Je ne sais pas car je n'ai jamais frappé contre lui. Par contre si cela arrive et que je marque, je danserai devant lui : c'est clair et net ! (rires)


Dans ta carrière, quel a été le penalty le plus difficile à transformer ?
OM : Je pense que c'est l'année où je suis arrivé au Stade Rennais F.C. (2001/2002). Lors du derby face à Nantes, route de Lorient, je me retrouve en face de mon ancien coéquipier Michaël Landreau qui me connaissait parfaitement puisque je m'entraînais à tirer les penalties avec lui.
J'ai frappé au milieu et lui avait également décidé de rester dans l'axe. J'ai eu de la chance que le ballon passe sous la barre pour le plus grand plaisir des supporters rennais. (Victoire 2 buts à 0 / Buteurs : Monterrubio et Reveillère).


Comment devient-on le tireur attitré ?
OM : Cela c'est passé à Nantes. Antoine Sibierski était le tireur n°1 et moi le n°2. Lors d'un match, il provoque un penalty puis vient vers moi pour me proposer de le tirer. Je le marque et depuis ce temps là cela n'a pas changé. A Rennes j'ai continué à les tirer et je ne tiens pas à ce que cela change...


Justement, peux-tu imaginer de laisser ta place à Alex Frei pour le compte de ses statistiques personnelles ?
OM : Si en fin de saison il est à la lutte pour le classement du meilleur buteur du championnat pourquoi pas, mais si comme la saison dernière il est largement devant, il n'en est pas question ! (rires). A la rigueur je veux bien laisser ma place en fin de championnat à un coéquipier qui n'arrive pas à marquer en Ligue 1, comme par exemple Jacques Faty ou Grégory Bourillon, pour leur faire plaisir (sourires).


Tout le monde sait que tu as un pied gauche magique, mais as-tu déjà essayé de frapper du pied droit ?
OM : Non jamais et je ne pense vraiment pas que cela soit une bonne idée...


A Arsenal, Thierry Henry et Robert Pires ont essayé une combinaison d'un nouveau genre, pourrait-on voir cela route de Lorient ?
OM : C'est vraiment très dur à réaliser. Il faut être dans un timing parfait. Par ailleurs, je trouve que c'est un peu chambrer l'adversaire, donc je ne suis pas vraiment tenté pour faire cela.


... Et dans un style différent, la Panenka manquée de Landreau en finale de la Coupe de Ligue ?
OM : En finale, je n'imagine pas réaliser ce geste à moins d'être sûr à 100% de le réussir mais ce n'est jamais le cas. En plus, c'était une situation particulière avec un face à face entre gardien ce qui n'arrange rien.


As-tu en mémoire un penalty en particulier ?
OM : Oui, celui d'un grand joueur que j'appréciais et que j'apprécie toujours, Yannick Stopyra. C'était lors de la Coupe du Monde en 1986 au Mexique, la France affronte le Brésil en quart de final. Pendant la séance de tir au but, Stopyra s'avance, pose le ballon et frappe fort sous la barre. C'est une image qui m'est resté et qui peut-être a influencé ma façon de tirer les penalties... Même si quelques temps plus tard, lors du match de Coupe d'Europe Toulouse / Naples, Stopyra a tenté la même frappe en force au milieu, mais cette fois-ci le ballon est parti dans les tribunes. Comme quoi... (Sourire).2000/2001

METZ / NANTES - 2-1 - 7-04-2001 - : 29'
NANTES / TROYES - 4-0 - 18-11-2000 : 34'

2001 / 2002

RENNES NANTES - 2-0 - 17/11/2001 : 51'
MARSEILLE RENNES - 1-2 - 03/11/2001 : 87'
Rennes MONACO - 3-0 - 11/08/2001 : 24'
SOCHAUX RENNES - 3-4 - 04/08/2001 : 45'

2002/2003

MONTPELLIER / RENNES - 3-1 - 24/05/2003 : 47'
STRASBOURG / Rennes - 3-1 - 04/12/2002 : 47'
RENNES / LILLE - 5-1 - 30/11/2002 : 22'
RENNES / SOCHAUX - 2-2 - 11/09/2002 : 85' et 92'

2003/2004

MONACO/ RENNES - 4-1 - 15-05-2004 : 58'

2004/2005

RENNES / SAINT-ETIENNE - 2-2 - 16-04-2005 : 76'
RENNES / BORDEAUX - 2-0 - 29-01-2005 : 66'
RENNES / ISTRES - 3-1 - 27-11-2004 : 56'
RENNES / CAEN - 1-1 - 31-10-2004 - : 84'
METZ - 3-1 - 23-10-2004 : 64'

2005/2006
RENNES / TOULOUSE - 4-1 - 20-11-2005 - : 90'