P. Rampillon : « En train de prendre un virage »

Mélangez une victoire en Gambardella, ajoutez-y le meilleur Centre de formation pour la deuxième année consécutive, saupoudrez par des places honorables en championnat, et vous obtiendrez une saison réussie pour le Centre de formation. Patrick Rampillon, le responsable de la formation du SRFC, revient sur cette année écoulée et trace les grandes lignes de la saison à venir. Entretien.

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Patrick Rampillon, quel bilan tirez-vous de cette saison 2007/2008 ?
On peut tirer plusieurs bilans. Le bilan « cru » à travers le nombre de signatures de contrats professionnels (ndlr : le club a proposé à huit joueurs de passer professionnel). C'est le pourcentage le plus important de ces cinq dernières années. Mais pour moi, le véritable bilan n'est pas de faire signer des jeunes en professionnel mais de les voir jouer en Ligue 1, c'est beaucoup mieux ! Le bilan on le fera dans 3-4 ans lorsque l'on verra le chemin parcouru par ces jeunes.


Les objectifs de compétition ont-ils été respectés ?
En début de saison, on donne aux entraîneurs des objectifs de compétition. Cependant, ils ne doivent pas se faire au détriment de l'objectif de formation. Que les 18 ans ou les 16 ans soit 1er, 2e ou 3e, cela ne peut s'expliquer que par un contenu de formation qui fasse progresser les garçons par étapes. Je le répète, l'essence même du Centre de Formation est de fournir des joueurs formés et compétitifs dans l'effectif de l'équipe fanion.


A travers la « culture de la gagne » notamment...
Oui, depuis un certain temps, on développe au Centre de formation cette fameuse « culture de la gagne ». Quelque soit l'âge des garçons, ils doivent se préparer à la mentalité du joueur de Ligue 1, celle de gagner. Avant on sous-estimait la capacité d'apprendre des jeunes. Cette culture est maintenant inculquée beaucoup plus tôt.


Quelles peuvent être les perspectives d'évolution pour le Centre ?
Je pense que l'on peut faire encore mieux. Le club et le Centre de formation ont progressé depuis trois, quatre ans mais il y a encore des paliers à franchir. Nous n'avons pas encore optimisé toutes les capacités. Je pense que l'on est en train de prendre un virage, avec des moyens supplémentaires et une plus grande professionnalisation de notre structure. Par exemple, on vient d'engager un préparateur athlétique, Erwan Le Postec, qui vient de signer un contrat à plein temps au Centre de formation.


...et au niveau du contenu de la formation ?
Au niveau des contenus, il y a deux mots qui me plaisent : individualisation et décloisonnement. L'individualisation de l'entraînement permet d'adapter les contenus aux joueurs en vue de leur progression. Décloisonnement, aujourd'hui les entraîneurs ne sont pas rattachés à des groupes d'entraînement ou à des équipes mais sont affectés à la progression des hommes. Grâce au décloisonnement, les échanges sont fructueux et on peut rehausser le degré d'exigence par année de naissance. L'exemple le plus criant est celui de l'équipe Gambardella qui a été managée par le binôme Laurent Huard (entraîneur de la CFA) et Régis Le Bris (coach des 18 ans). Je pense qu'on ne peut pas avoir un projet cohérent sans une unité d'équipe pédagogique et technique. Après l'intelligence et la compétence des éducateurs permettent une autonomie de fonctionnement.


Le recrutement suit aussi cette démarche de professionnalisation ?
Il y a beaucoup de Centres de formation qui sont en train d'évoluer. Si on avait un temps d'avance à un certain moment, il ne faudrait pas se faire doubler. Le recrutement lui aussi va gagner en précision et en exigence. Le Centre de formation ne doit pas sortir des joueurs de Ligue 1 pour se maintenir mais des joueurs pour jouer le haut de tableau. La cellule de recrutement doit faire évoluer ses objectifs en parallèle de ceux du club. On a des arguments mais il faut avoir l'oeil pour anticiper et être novateur pour conserver ce petit temps d'avance.


Quels arguments le Stade Rennais F.C. peut-il avancer pour séduire les futurs talents de demain ?
Premier argument. L'équipe professionnelle accroche les compétitions européennes quasiment chaque année depuis cinq ans, dont 50% de l'effectif est issu du Centre de formation. Autre argument, la pédagogie dans la formation de l'individu pour aider le footballeur à grandir. Aujourd'hui quand on obtient 8 baccalauréats sur 8 et que l'on accueille nos jeunes dans une structure relativement familiale, c'est un argument supplémentaire pour les parents. L'image de la Gambardella est aussi un gage de confiance.


Quels enseignements peut-on tirer de ce nouveau « titre » de meilleur Centre de formation ?
Etre meilleur Centre de formation dépend notamment du nombre de contrats professionnels signés, du nombre de matches joués par les jeunes en équipe première, des sélections en équipes nationales, des diplômes des entraîneurs. Les chiffres parlent d'eux même. Le résultat d'aujourd'hui dépend du recrutement effectué en 2003/2004. Tout est basé sur l'anticipation. Aujourd'hui on prépare 2012/2013. Je pense que le club dans les trois années à venir a matière à fournir à l'équipe première des garçons de la trempe de ceux qui jouent aujourd'hui.


La victoire en Gambardella, le point d'orgue de la saison ?
Jouer une finale au Stade de France, soulever un trophée, c'est énorme pour l'image du club. Lorsque l'on a respiré les manifestations des supporters du PSG et de l'OL (ndlr : le match se jouait en lever de rideau de la finale de la Coupe de France) pendant le tour d'honneur, je pense qu'il y a une sympathie dégagée par rapport au contenu. Les gens ont probablement apprécié. Je note simplement le contenu du match. Une énorme satisfaction, cela veut dire que l'on a fait un petit pas visible aux yeux de tout le monde.


A l'instar de la génération 2003 (elle aussi victorieuse de la Gambardella), peut-on parler d'une génération en or ?
Je pense effectivement qu'il y a du potentiel. La réponse, c'est les joueurs qui la donneront. Il faut leur mettre les pieds sur terre car ce n'est qu'un match de 18 ans. Il faut quand même les féliciter car c'est une belle performance. Tout l'équilibre est là. Pour certains d'entre eux, pour ne pas dire la plupart, il y a une prise de conscience de l'écart entre une finale Gambardella à 17h et une finale de Coupe de France à 21h. Il y a encore beaucoup d'efforts à faire. Ils ont fait un pas mais il y en a beaucoup d'autres à faire pour arriver au niveau qu'ils se fixent. Cette victoire c'est celle des joueurs mais aussi celle des entraîneurs. Cette coupe me fait chaud au coeur. Quand on voit les deux entraîneurs qui étaient au Centre de formation il y a quelque temps et les retrouver 20 ans après sur le banc de touche, cela fait quelque chose.


Guy Lacombe a la réputation d'être un coach dit « formateur », est-ce un avantage pour les jeunes du Centre ?
Il montre que c'est un entraîneur dans l'âme formateur. Mais il le fait dans l'intérêt de son équipe et dans la perspective d'obtenir des résultats. L'équipe première est la locomotive. La porte aux jeunes est effectivement bien ouverte.