Pierrick Hiard et la Coupe de France

Personnage emblématique du Stade Rennais F.C., Pierrick Hiard est aujourd'hui recruteur du club. Né à Rennes, le gardien de but international a porté les couleurs « Rouge et Noir » pendant 14 ans. Attaché au club et à la ville, Pierrick Hiard se remémore les épopées rennaises en Coupe de France et évoque la finale de samedi prochain.

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Pierrick, que faisais-tu en 65 et 71 lors des dernières victoires rennaises en Coupe de France ?
En 1965, j'avais dix ans. J'ai été bercé dans le football, mon père m'emmenait tous les dimanches sur les terrains de football. Lors de la première victoire en Coupe de France, j'étais à Paris pour le match aller. Pour un gamin, c'est merveilleux. Lors de la deuxième finale en 1971, j'étais en Equipe de France junior. A l'époque je prenais le train avec Marcel Aubour lorsqu'il rejoignait les A de l'équipe de France. Je me souviens en demi-finale avoir joué en lever de rideau. Dans le stade, c'était de la folie. Les gens étaient sur les toits et dans les arbres. J'avais apprécié le match en bord de terrain et le festival de Marcel Aubour lors de la séance des tirs aux buts. Je me souviens le voir courir dans tous les sens. Je suis retourné voir le match retour à Colombes avec mes parents. C'était une grande fête. J'avais 16 ans. Je me rappelle avoir eu la chance d'être sur le marchepied du camion pendant une dizaine de mètres. C'était fabuleux !


On sent que ça reste pour toi des grands souvenirs...
Je rêvais comme tout gamin d'être professionnel. J'ai assisté aux épopées en Coupe de France. En 1971, je commençais à montrer le bout de mon nez parmi l'élite. A mes débuts, Marcel Aubour m'avait un peu pris sous son aile. Il me donnait des conseils. J'ai joué mon premier match à 17 ans et demi. Dans cette équipe, il y avait plus de la moitié de l'effectif qui avait gagné la Coupe de France.


Penses-tu que si les « Rouge et Noir » ramènent la Coupe, l'engouement sera aussi important qu'à l'époque ?
La société a évolué et le football aussi. On voit des matchs de télévision tous les jours. Mais si le Stade Rennais F.C. a la chance de ramener la Coupe de France, ce sera une grande fête.


Tu as gagné la Coupe avec Bastia. Est-ce le plus beau moment de ta carrière ?
J'ai eu la chance de connaître beaucoup de choses. J'ai quitté Rennes pour Bastia dans un moment difficile après une descente en Ligue 2. Six mois après, je me suis retrouvé en finale de la Coupe d'Europe contre le PSV Eindhoven en 1978. C'était une super aventure ! En 1981, j'ai eu la chance à mon tour de gagner la finale de la Coupe de France au Parc des Princes contre la grande équipe de Saint-Etienne. A ce moment, j'ai pensé à ce que j'avais vécu à Rennes. Ce sont des moments fabuleux pour un footballeur. Ce sont des émotions qu'on ne peut ressentir qu'avec la Coupe de France. Un championnat se joue sur la durée. En Coupe, ce sont des matchs couperets. C'est pile ou face. Quand vous avez la chance d'arriver en finale, ce sont des grands moments.


Pour toi, que représente la Coupe de France ?
Gagner la Coupe de France, c'est énorme. Vous êtes sur un nuage. L'engouement que l'on connaît aujourd'hui à Rennes, je l'ai connu à Bastia. Tout le monde était derrière nous. Quand on a ramené la Coupe, c'était une grande fête. Tout le monde était content pour le club et la ville. Je suis maintenant éloigné des terrains mais lorsque je côtoie quelques joueurs dans le vestiaire, on sent qu'ils sont conscients de l'attente des supporters. 38 ans, ça fait long. Ils savent qu'ils peuvent marquer l'histoire du club.


Est-ce un regret pour toi de ne pas avoir gagné la Coupe de France avec le SRFC ?
Je suis arrivé au Stade Rennais F.C. à 10 ans. J'ai aujourd'hui 54 ans. J'ai joué une demi-finale avec le club et j'aurai bien aimé aller au bout. Je souhaite aujourd'hui en gagner une en tant que salarié du club. Rennes, c'est ma ville, c'est mon club. Toute ma famille attendait une finale du Stade Rennais avec impatience. On a réussi à s'organiser pour un déplacement. C'est bien d'aller au Stade de France mais maintenant il faut ramener la Coupe. Ce serait la cerise sur le gâteau.


Comment vois-tu la finale ?
ça va être dur parce que tout peut arriver en 90 minutes. Je pense que c'est l'équipe la plus armée sur le plan mental qui passera. On souhaite tous que ça tourne du bon côté mais ce n'est pas gagné d'avance.


Que penses-tu de cette équipe costarmoricaine ?
Guingamp n'est pas loin, je suis allé les voir jouer plusieurs fois. Il y a des joueurs d'expérience comme Mathis, Oruma ou Eduardo, qui ont fréquenté la Ligue 1. Sur le papier, le match peut paraitre déséquilibré mais les Guingampais ont tout à gagner et ont des arguments à faire valoir. Guingamp, c'est un collectif qui a réussi à faire des exploits à 10 contre 11 à Sedan et Toulouse. Ils ont un gros mental.


et du Stade Rennais F.C. version 2009 ?
Rennes fait une bonne saison mais on peut avoir quelques regrets. Des points ont été perdus en cours de route. On aurait pu envisager être un peu plus haut. Je ne peux pas voir tous les matchs de l'équipe à cause de mon travail mais j'ai pu voir qu'il y a de la qualité. On peut encore accrocher quelque chose en championnat mais pour l'instant l'objectif est la Coupe de France. L'équipe a aussi montré un gros mental tout au long de son parcours.