Raconte-moi Jonas Martin : « Ça ne prévient pas. »

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C’est avec clairvoyance que notre milieu de terrain Jonas Martin revient sur une saison gâchée par les blessures. 6ème entretien de notre série « Raconte-moi ».



« À un moment donné, il faut être objectif et lucide. La blessure est un échec. Je n’ai pas de problème avec ça. J’ai eu une rupture du tendon du quadriceps. Tu n’as aucune douleur à l’entraînement, et tout d’un coup sur une passe, ça lâche. Ça ne prévient pas. C’est la première fois que je subis une rupture musculaire de toute ma carrière. Quand tu prends une grosse décharge électrique à la cuisse, ça fait bizarre. Tu sens qu’il y a quelque chose de grave.
 

Tu vas passer plus de temps sur la touche que sur le terrain

Au début, tu es dépité car ça ne fait que cinq semaines que tu es là. Tu sais que tu vas en avoir pour plus de cinq semaines d’arrêt et quoiqu’il arrive, tu vas passer plus de temps sur la touche que sur le terrain. Moralement, tu prends un coup. Après, tu fais les efforts maximaux pour revenir au top physiquement puis tu rechutes juste après, dès le premier entraînement. Et là tu reprends un coup. Tu passes par des moments sombres. Tu te poses des questions. Pourquoi tu es venu ? Si tu étais resté à Strasbourg, est-ce que ça se serait passé ? Mais pour se soigner mieux, il faut positiver. Il ne faut pas cogiter, se dire que c’est du passé et qu’il faut tout faire pour que ça se soigne du mieux possible. C’est franchement compliqué mais il faut relativiser.
 

J’avais l’impression d’être un supporter.

Dans cette période, on apprend à mieux connaître le club et ses coéquipiers, mais ça reste une autre vie. J’avais l’impression d’être un supporter. J’allais voir tous les matches au Roazhon Park jusqu’au jour où j’ai dit stop. Ça me faisait plus de mal qu’autre chose d’y aller car j’avais envie d’être sur le terrain, d’aider mes coéquipiers, de vivre les émotions du vestiaire, partager plein de moments mais tu es à l’écart de beaucoup de choses. Je n’étais pas un étranger mais j’étais forcément dans mon monde. Quand on ne joue pas, on ne peut pas imposer sa personnalité et son caractère dans un vestiaire où les joueurs sont en pleine compétition, où ils jouent tous les trois jours. Quand tu ne vis pas des relations fortes sur le terrain, en dehors ça reste des relations éphémères. Avec l’expérience, j’ai pris le recul nécessaire. J’ai essayé d’être positif avec mes coéquipiers car ils n’y étaient pour rien dans ma blessure. Je laissais ma frustration à la maison et amenais les ondes positives à la Piv’.
 

Tu es freiné dans ton élan

Au début, c’est compliqué car tout est nouveau. Même si tu restes dans le championnat de France, il y a une période d’adaptation à avoir. On découvre un nouveau club, un nouvel entraîneur, un nouveau style de jeu. Il faut prendre ses marques, ses repères, la confiance. Quand ça commence à aller mieux, notamment avec des bons matches contre Marseille et la Lazio, c’est là que tout s’arrête, tu es freiné dans ton élan. Ce n’était pas des matches parfaits mais je sentais que je montais en puissance. Je commençais à être bien.
 

On apprend tout le temps.

À 30 ans, on est pas très jeune dans le foot mais on est jeune dans la vie. On apprend tout le temps. Je sortais d’une saison tronquée par les blessures. J’espérais qu’elle était derrière moi mais au final non, même si ce n’était pas le même genre de blessure. C’est comme ça, il faut faire avec. Je suis compétiteur, je n’accepte pas l’échec. J’espère que l’avenir sera plus beau. J’ai envie de m’imposer, jouer régulièrement, faire partie de ce groupe et vivre de beaux moments. C’est toujours mieux de se relancer dans un club qui est en haut du classement plutôt qu’un autre qui vit une période difficile. Je sais que le staff est toujours à mes côtés. Travailler dans la bonne humeur, c’est toujours mieux. »


 

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