Romain Danzé : « le Stade Rennais F.C., c'est ma vie » (1/2)

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Ce n'est pas une page qui s'est tourné mais un chapitre tout entier.

Vendredi 24 mai, la rencontre entre le Stade Rennais F.C. et le LOSC marquait la fin de carrière de Romain Danzé.

Arrivé à 13 ans sur les bords de la Vilaine, l'emblématique capitaine finistérien a reçu un bel hommage du club et du Roazhon Park, un moment qu'il n'est pas prêt d'oublier.

« Tout a été parfait je crois. Je ne pouvais pas espérer mieux. Je sais qu'il y avait des choses qui se préparaient. J'avais repéré la bâche à l'étage de la tribune Ouest-France. Au déploiement de la petite phrase je savais que c'était pour moi (rires). Quand le tifo se lève, c'est un truc qui vous tombe sur la tête. Recevoir un hommage comme ça, ça récompense des années de travail, d'entrainement et puis des rencontres, des amitiés... »

Pour nous (et vous), « La Danze » revient sur sa saison, ses souvenirs en Rouge et Noir... 

Romain, tu as été éloigné des terrains cette saison. Que s’est-il passé ?
La blessure fait partie du sportif de haut niveau. J’avais des douleurs qui nécessitaient une intervention chirurgicale au genou droit. Ce n’était pas neutre. Ça demandait une grosse rééducation. Il faut savoir l’accepter.

Tu as donc vécu cette saison d’une façon différente…
J’ai vu tous les matches des tribunes. Ça n’a rien à voir que d’être sur le terrain ou même sur le banc. C’est différent, c’est très stressant. C’est une vision différente. Le club m’a permis de rester dans le vestiaire le plus souvent possible, de pouvoir faire des déplacements et de vivre la saison à fond.

Quelle est la différence entre les tribunes et le rectangle vert ?
Ce n’est pas pareil. Sur le terrain, on est dans l’excitation. Les émotions sont beaucoup plus fortes. Les expressions de joie sont plus fortes. Tout est plus fort sur le terrain. Il n’y a pas d’égal je pense. En tribune, j’ai plus de retenue. On analyse plus les choses.

As-tu été surpris par le parcours réalisé par tes coéquipiers cette saison ?
Oui et non. On avait montré de belles choses la saison dernière aussi avec la qualification européenne. Avec tous les caps qui ont été franchis d’un coup cette année, on ne s’y attendait pas forcément. Arriver en huitième de finale de l’Europa League et battre le PSG en finale de la Coupe de France, ce sont des choses… il fallait y croire. Cette équipe a du talent, du potentiel et de la qualité. Ce n’était pas une mince affaire. Ils ont réussi. Bravo !

La finale de la Coupe de France, c’est l’apothéose pour toi ?
C’est ce que j’ai dit tout de suite après le match. Toutes les personnes qui travaillent au club ou qui suivent le Stade Rennais F.C. en ont tellement bavé, tellement pris dans la figure pendant tellement d’années. Arriver enfin à vivre ce bonheur, c’est génial. C’est la récompense de tellement d’années de travail pour beaucoup de gens.

L’adversaire final rend-il la victoire plus belle ?
Battre les trois premiers du championnat pour y parvenir, ça met beaucoup de valeur sur ce titre. Le scénario du match fait que c’est incroyable. Le Stade Rennais est capable de tout, de toutes les folies.

C’est un succès qui fait taire les critiques ?
C’est vrai que l’on a été critiqué mais c’est mieux que de laisser indifférent. On parle maintenant du Stade Rennais en bien. On a porté haut les couleurs de la France sur la scène européenne et haut les couleurs de la ville et de la Bretagne en Coupe de France.

Benjamin André a souhaité t’avoir à ses côtés lors de la remise du trophée. C’est un geste que tu as accueilli comment ?
Il me l’avait promis l’année dernière je crois, que l’on allait gagner quelque chose et qu’on allait soulever une coupe à deux. Autant vous dire que je lui avais ri à la figure. Plus le temps passait, plus il me le rappelait, puis on est monté tous les deux dans la tribune présidentielle pour soulever la coupe. C’est un moment dont je me souviendrai toute ma vie.

Que t’es tu dis à ce moment précis ?
C’est surtout au moment où le ballon de Nkunku part au-dessus de la barre, le ciel te tombe sur la tête. Un ciel de bonheur. Pendant quelques minutes, tu es sur la pelouse, tu ne sais pas où tu vas, les gens te sautent dans les bras, on est dans un délire monumentale. Après il se passe du temps, on redescend, on arrive à savourer, on prend conscience de l’événement. On a tellement rêvé, on est tellement passé tout près plusieurs fois, enfin ça arrive. C’est gigantesque.

Aurais-tu nourri des regrets sans cette victoire en finale ? 

Si je n’avais pas pu la soulever, après être passé deux fois à côté de la Coupe de France et une fois à côté de la Coupe de la Ligue, il aurait manqué quelque chose. Je n’arriverai jamais non plus à m’enlever de la tête que si on avait pu la soulever en 2009, ça aurait été différent. Mais il est sûr que cette fin de carrière n’aurait pas été la même si on n’avait pas gagné la Coupe de France.

Quelle relation as-tu avec la famille Pinault ?
On se connaît depuis longtemps, on parle de la pluie et du beau temps. On ne parle pas forcément du match qui va se jouer. Nous avons des relations normales et simples entre Bretons. Je suis très heureux pour eux, qu’ils aient pu soulever la coupe.

Le football, c’est aussi des copains.
En treize ans de professionnalisme à Rennes, on en a vu passer des joueurs. Quand tu restes longtemps dans un club, tes copains partent tout le temps. Il faut recréer des affinités avec les autres. Il y a des amitiés qui restent. J’étais chez Étienne Didot le week-end dernier pour fêter sa fin de carrière lors d’une journée extraordinaire. Fabien Lemoine était mon témoin de mariage. Quand on passe autant de temps entre nous loin de la maison, il y a forcément des amitiés qui se créées. C’est aussi ça le football, créer des relations et des souvenirs pour l’après.
 

As-tu pensé un jour pouvoir réaliser une si grande carrière à Rennes ?
C’est impossible. Dans ma campagne finistérienne, entrer dans un club professionnel, je voyais ça de très loin. Quand je suis arrivé au Stade Rennais, je me suis dit « Si je pouvais jouer un match au moins au Roazhon Park ce serait bien ». Après c’est « Si je pouvais marquer un but ce serait bien », puis « si je pouvais faire une autre saison ce serait bien » mais alors réaliser treize saisons avec tout ce que l’on a vécu, c’est inimaginable quand on commence à taper le ballon dans son jardin.

Derrière tout ça, il y a eu beaucoup de travail.
Il n’y a rien sans rien. C’est comme partout. Dans tous les métiers, c’est pareil. Il y a eu du travail, de la douleur, de la déception mais il y aussi beaucoup de bonheur et de bons souvenirs, de bons moments passés sur et en dehors du terrain avec les copains. On en a fait des fêtes pour célébrer les victoires (rires). Il n’y a pas que les résultats sportifs qui resteront, il y a aussi tout ce qu’il y a eu autour. La relation avec les gens, les joueurs, les salariés du club, les supporters, les Rennais…

Quel est ton plus grand souvenir ?
Il y a plein de faits marquants. La première où je commence en Ligue 1 contre Lyon (04/11/2006). Ça valide toutes les années de formation dans les clubs amateurs et au centre de formation. Quand tu poses le pied sur le terrain lors d’un match professionnel pour la première fois, tu te dis que tu n’as pas fait tout ça pour rien. Mais avec le recul, ce n’est rien. Il y a beaucoup de chemin à faire derrière. Il y a aussi le premier but en Ligue 1 car c’est un moment que j’ai beaucoup imaginé et rêvé quand j’étais gamin. Il y a eu des grandes victoires, les qualifications européennes, les matches européens…

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