Tugdual Philippe : l'arbitre de Ligue 1 du SRFC

Il est « Rouge et Noir » et pourtant ne l'a jamais porté. Vous l'avez certainement aperçu à la télévision sous un équipement tout à fait différent. Tugdual Philippe (à droite sur la photo) est licencié au Stade Rennais F.C. et officie en tant qu'arbitre de touche en Ligue 1. Après 17 années d'arbitrage derrière lui, M. l'arbitre a découvert à 34 ans le parfum de la L1 et compte bien le respirer pendant plusieurs années.

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A l'issue de tes 26 matches arbitrés en Ligue 1 cette saison, quel jugement portes-tu sur ta première année parmi l'élite ?
Je pense qu'elle est satisfaisante, elle s'est relativement bien passée. On n'a pas trop parlé de moi ! Dès l'instant où l'on ne me voit pas trop ou que l'on ne parle pas de nous dans les médias, c'est bon signe. Cela signifie que l'arbitre s'est noyé dans le match et que l'on a fait de bonnes prestations. Si à la sortie, tout le monde est satisfait, c'est le principal.


Quelles ont été tes plus grosses « affiches » à arbitrer ?
Mon premier match en Ligue 1 reste à coup sûr un immense souvenir. C'était la deuxième journée lors du match Toulouse - Lyon (1-0). Concernant les stades les plus impressionnants et les plus gros matches, il y a eu PSG-Bordeaux ou OM-Lille.


Il n'y a pas que les joueurs qui ont la pression...
Naturellement, on a une poussée d'adrénaline, comme les joueurs d'ailleurs lors de leur première. Le premier match en Ligue 1 reste quand même le plus fort souvenir. A l'instar des joueurs on découvre tout, le stade, l'ambiance, les supporters, les caméras. Pour le reste, à chaque match on a une pression énorme et on est conscient que chaque décision prise peut avoir une importance considérable au vu des enjeux sportifs, financiers, ... On se doit d'avoir un degré d'exigence élevé. D'autant plus pour un arbitre de touche qui lève le drapeau ou ne le lève pas. Sa décision est irrémédiable.


Quelle a été pour toi la situation la plus délicate à gérer cette saison ?
C'était lors du match Paris SG - Bordeaux. Il y a un corner pour les Girondins, Landreau dégage le ballon au niveau des vingt mètres, le ballon revient aussitôt sur Micoud qui le récupère aux six mètres et marque. On est à la 9e minute du match, tout le monde me réclame le hors jeu. Moi, dans ma décision initiale je suis sûr qu'il n'y a pas hors-jeu. Dès lors, on est humain et on se pose tout de même des questions. Il faut gérer la pression de tout le stade jusqu'à la mi-temps, on essaye d'évacuer au maximum. Au final, j'ai appris à la mi-temps que j'avais raison par le biais de Landreau qui me félicite et les caméramans de Canal+ qui nous donnent la confirmation.


On reproche souvent aux arbitres de touche de ne pas prendre plus d'initiatives dans l'arbitrage. Penses-tu que ce reproche est justifié ?
On officie à quatre. Si l'arbitre assistant voit quelque chose, il peut intervenir. Cependant nous avons des zones de prérogatives bien à chacun. C'est quand même le central qui arbitre. Nous sommes là pour l'aider même si notre travail reste les hors-jeux, les sorties et les fautes dans notre proximité. Maintenant si l'un ou l'autre est défaillant, on a toujours moyen de corriger ou de s'aider.


...avec l'apport des nouvelles technologies notamment ? Est-ce une révolution dans la manière d'arbitrer ?
L'oreillette et le bip nous permettent de communiquer entre arbitres et de nous donner les informations sur des faits ou des actions ou sur les décisions à prendre. Ce n'est pas un bouleversement de l'arbitrage mais une aide importante.


L'arbitrage souvent pointé du doigt dans le football, l'est beaucoup moins dans le rugby. Est-ce une manière radicalement différente de diriger une rencontre ?
Il est vrai que c'est un arbitrage tout à fait différent, axé davantage sur la pédagogie. C'est aussi une mentalité différente avec un vrai respect des décisions et de l'arbitre. On s'explique, « j'ai vu ça donc je siffle ça », et après le jeu peut reprendre ses droits. Au football, ce n'est pas vraiment le cas. Il faut que les mentalités évoluent.


Comment se passent vos relations avec les joueurs ?
On reste dans un climat de courtoisie et ça se passe relativement bien. On n'est pas là pour se prendre la tête mutuellement. Il y a un dialogue qui s'installe. Après c'est plus difficile avec certains qu'avec d'autres... Le terrain de football est une scène de théâtre où chacun a son rôle et s'y tient. Après il faut que chacun reste à sa place.


Malgré une pression croissante, les arbitres prennent-ils du plaisir à officier ?
J'espère et je souhaite que ce soit le cas pour chacun de mes confrères. Le plaisir est crucial lorsque l'on se lance dans une carrière d'arbitrage. Quand j'ai commencé, j'avais une idée : aller tout en haut. Même si la chance d'y aller était minime je m'y suis accroché. Comme pour tout joueur, on a les mêmes sensations : le déplacement, le stade qui se remplit, le coup d'envoi. Quand vous rentrez sur un terrain avec 40 000 spectateurs qui applaudissent c'est une expérience appréciable.


Comment les arbitres gèrent-ils la double casquette travail / arbitrage ?
Tout le monde essaye de combiner au mieux son statut professionnel avec sa fonction d'arbitre. L'arbitrage exige beaucoup de concessions. Pour chaque match, les arbitres doivent arriver la veille. Fatalement, c'est la vie familiale qui en pâtit. Chacun essaye de gérer au mieux. Certains travaillent à 80%, d'autres ont des aménagements avec leurs employeurs, cela dépend. Pour ma part, j'avais une profession mais suite à un plan social je l'ai perdu. Je suis actuellement à la recherche d'un emploi dans les domaines administratif, achat ou gestion.


Comment se porte la section des arbitres au Stade Rennais F.C. ?
Grâce aux impulsions de Pierre Dréossi, de Bernard Lebreton et Loïc Lambert (à gauche de la photo), le Stade Rennais F.C. a fait beaucoup pour les arbitres depuis les cinq dernières années pour l'intégration et la formation des arbitres.

Appel à candidatures : 

Dans le cadre des nouvelles dispositions fédérales des statuts des clubs, le Stade Rennais F.C. recherche des candidats de 15 à 30 ans pour devenir arbitre. Si vous êtes motivé et consciencieux, si vous avez envie de découvrir cette vocation, n'hésitez pas à contacter Loïc Lambert (responsable de la section amateurs du SRFC) par mail : loic.lambert@staderennais.fr

Disponibilités et frais : 

Pour être habilité à arbitrer, vous devrez suivre quelques jours de formation dispensés par le district. Ainsi, vous serez amené à arbitrer plusieurs fois par mois des matches dans différents championnats. Une rémunération est envisagée pour dédommager les arbitres lors des matches (forfait pour les frais kilométriques et prime de match) ainsi qu'une enveloppe et une dotation fournies par le club.