Amand, toujours 20 ans !  

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Épisode 1/6. Par amour du Stade Rennais F.C. et du football, ils déploient leur énergie pour les jeunes de l’Académie. Dans l’ombre des éducateurs, les bénévoles sont une pierre de plus dans l’édifice de la progression et de l’épanouissement des jeunes. Amand Canet, 84 ans, est l’un d’eux.



Enfant du pays de Combourg, Amand Canet est né le 29 décembre 1936 à Dingé, à une trentaine de kilomètres au nord de Rennes. Pour résumer sa vie, « il faut la découper par vingtaines » comme il aime à le dire. La première tranche, celle de « la jeunesse » où il perpétue la passion familiale du football au CS Dingé. Remontent alors les premiers souvenirs liés au Stade Rennais F.C., « mon premier match au stade de la route de Lorient, j’avais 13 ans et demi. Je me souviens, il y avait même des spectateurs dans les peupliers le long de la Vilaine. C’est un responsable de l’équipe de Dingé qui m’y a emmené en Traction. » La deuxième, après la parenthèse de la guerre d’Algérie trop douloureuse pour être évoquée, celle du travailleur indépendant en tant que boucher-charcutier-traiteur à Dingé. Bien que très pris par son métier, il endosse aussi les casquettes de joueur, capitaine, entraîneur et dirigeant, toujours à Dingé. Puis la troisième où il devient responsable des produits frais dans un supermarché à Melesse. Le football est toujours là. « J’ai joué vétéran jusqu’à 55 ans ». Lorsque vient le temps du repos à Dinard, où il ne restera finalement qu’un an, sa femme ne s’y sentant pas à l’aise, c’est le long de la Côte d'Émeraude qu’il y fait la rencontre de celui qui lui permettra d’entamer sa quatrième vingtaine.

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« Un été à Dinard, le Stade Rennais F.C. était en stage de préparation dans la région. Un midi, je me suis retrouvé à déjeuner à coté de M. Rampillon, qui est devenu Patrick par la suite. Il me demande : Qu’allez-vous faire de votre retraite ? Je lui réponds que je vais proposer mes services en tant que bénévole, il y a beaucoup de clubs de football à Rennes. » L’ancien Directeur du Centre de formation du Stade Rennais F.C. lui propose alors de rejoindre le Stade Rennais F.C. Du Rouge et Noir de Dingé au Rouge et Noir du Stade Rennais F.C., c’était presque prédestiné. « Le premier jeu de maillots de Dingé a été offert par Salvador Artigas (ndlr : joueur du SRFC de 1944 à 1949 puis entraîneur de 1952 à 1955). Dingé joue toujours en Rouge et Noir aujourd’hui. » Les liens avec le SRFC sont aussi familiaux. « Mon beau-frère a été professeur d’histoire-géographie au centre de formation. Il a notamment eu Laurent Huard et Sylvain Ripoll comme élèves. Il dessine très bien aussi. C’est lui qui m’a dessiné là-dessus. »

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À ses débuts, Amand prend en charge l’équipe F des Benjamins. « Je suis resté trois ans avec ce groupe. Puis je suis entré comme responsable des débutants jusqu’en 2015. » Une période où lui et ses collègues de l’école de foot organisent des détections. Un crève-cœur plus tard lorsqu’il faut dire non, les jeunes ne répondant pas ou plus aux critères. « Deux ans après leur arrivée, dire à des gamins qui ont le maillot du Stade Rennais sur le dos, qu’ils ne seront pas gardés, c’est dur ! J’avais les boules ». En tant que responsable des débutants ou délégué des U15 Nationaux, U14 fédéraux, U15 élite ou U17 Nationaux, Amand en a vu des matchs et des joueurs passer. Lorsqu’ils sont jeunes, au tout début, « ils ne jouent pas au football mais au ballon ». Il fallait leur apprendre à maîtriser le cuir, jouer au football étant une autre étape. Avant de rentrer dans la formation, « c’est le plaisir avant tout ». Du plaisir, lui aussi en a pris, à transmettre cette passion. « Il faut être patient. Au début, certains ont les jambes mais pas la lecture du jeu et inversement. »

La semaine, le week-end, été comme hiver, les bénévoles de l’Académie ne comptent pas leurs heures. Du temps à prévoir, organiser, chouchouter, mais aussi à « créer du lien », c’est son moteur à Amand. « J’ai souvenir d’une veille de match avec Jean Fabien Peslier (ndlr, coach des U17 la saison dernière) et Romain Danzé. On se demandait ce que l’on pouvait faire avec les jeunes. On s’est dit, on va aller au bowling mais c’était un budget pour 22 joueurs et l’encadrement. Romain a eu le feu vert de la Direction. On a passé une super soirée, je n’avais jamais joué au bowling. Le lendemain, on gagne et on remporte le tournoi de Quevilly. Après le match, j’ai dit aux jeunes, c’est au bowling qu’on a gagné le match. Il y avait eu un élan de joie, le plaisir d’être ensemble et ça s’est reproduit sur le terrain. » C’est l’une des rares fois où il a pris la parole dans un vestiaire. Au service des encadrements techniques, il devient parfois « papi » pour les jeunes et leurs parents qui ont « besoin d’une oreille », « d’un autre sentiment que celui de l’entraîneur » avec ses objectifs de formation et progression de l’individu. Parfois ange gardien lorsqu’il faut venir en aide à un jeune qui a oublié ses protège-tibias et éviter ainsi les remontrances du coach. Ce temps passé sur les terrains, c’est par passion et grâce aussi à la tolérance de son épouse. « J’ai la chance d’avoir une femme passionnée. Du temps d’Armand Penverne, ma femme avait participé à un concours de pronostic dans le Ouest-France. Il fallait deviner la composition du prochain match de l’Équipe de France, elle avait gagné. »

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Vous l’avez remarqué, Amand a tant de choses à raconter, « des souvenirs » qu’il s’est fabriqué « pour l’éternité ». Aujourd’hui, la crise de la Covid et un AVC survenu cet été (des séquelles limitées grâce à la présence de sa femme le jour de l’accident) ont freiné une passion indéfectible. Quoique. « J’ai le temps pour regarder le football anglais en ce moment. J’analyse. » En attendant, « privé de la présence de ses petits-enfants et arrières petits-enfants », il se met à rêver de choses toutes simples, revoir sa descendance et « les jeunes de l’Académie comme Adrien Truffert et tous les autres que l’on a suivis. Je serai l’un des premiers à revenir à la Piverdière. Ne serait-ce que croiser les gamins et de pouvoir les saluer, c’est une récompense. Mais on doit encore patienter, on ne va pas provoquer les choses. Bernard Pivot disait : Il ne faut pas se plaindre, on est en vie. »

 

 

#ToutDonner

 

 

 

PS : En aparté, Amand a souhaité exprimer ses pensées amicales vers ses anciens collègues Louis Roué, Maurice Ledéan et Didier Lebras qui comme lui ont beaucoup œuvré à l’Académie.