5e volet des portraits de l’Académie avec Marcel Colliaux, un bénévole de longue date qui a presque tout connu avec le Stade Rennais F.C. Rencontre avec un homme qui a été dévoué dans son métier et pour la cause « Rouge et Noir ».
Il a eu assez d’autorité pour se faire respecter sur les terrains mais n’a jamais manqué de générosité et d’attention en dehors. Sous la bonhommie de Marcel Colliaux se cache un homme qui a traversé les décennies avec passion, celle du ballon rond, et avec un fort attachement à sa région natale. Avec le Stade Rennais F.C., il y a eu plusieurs chapitres. De 1969 à 1975, il a dirigé l’équipe de la Croix Rouge qui intervenait sur le terrain auprès des joueurs blessés. Ressurgi très vite une anecdote qui le fait encore rire aujourd’hui. « Sur une action, Laurent Pokou part s’emplafonner tout seul dans le gardien adverse, il doit sortir pour une blessure au genou. Pour aller sur le terrain avec le brancard, il fallait entrer par la chaufferie pour éviter des marches. On l’allonge, on le sort par la chaufferie mais son genou dépasse et il prend l’huisserie. Il a juré des **** **** mais il allait très bien (rires). On en a parlé à personne à l’époque. Un moment incroyable ! (rires) » « Ah oui ! Je me souviens aussi avoir pris une bouteille d’eau sur la tête lors de la demi-finale de 1971. À l’époque, c’étaient des bouteilles en verre. » Sans conséquence heureusement pour Marcel.
Le chapitre suivant a duré 24 ans en tant qu’arbitre affilié au SRFC de 1975 à 1999, en première division district et en corpo. « J’ai fait un peu de foot mais je me suis très vite orienté vers l’arbitrage. J’ai passé mes examens d’arbitre à 27 ans, c’est trop vieux d’ailleurs pour monter les divisions. » Marcel n'avait pourtant pas de vocation particulière à s’emparer du sifflet. « J’ai fait une carrière d’aide-soignant à l’hôpital psychiatrique de Rennes. Des collègues qui participaient à des matchs inter-hôpitaux m’ont demandé si je ne voulais pas faire arbitre. Ils m’ont tellement bassiné avec ça que j’ai accepté. Le temps a passé et ça m’a plu. » Il dit avoir été « chanceux » pendant toutes ces années d’arbitrage. « On demande de plus en plus de choses aux arbitres. Ce n’est pas une position facile mais pour moi tout s’est toujours bien passé. » Cette fonction a endurci le caractère de l’homme en noir. « On va dire que j’étais un peu timide quand j’étais jeune. J’ai pris de la personnalité en arbitrant. Il fallait se faire respecter. Les joueurs tricheurs, on les connaissait à force. » C’est avec fermeté et dialogue que Marcel a duré. Une main de fer dans un gant de velours. « Il faut dire que, souvent, ceux qui ne respectent pas ne connaissent pas les lois. » Ce bail en tant qu’arbitre lui a permis d’arpenter le département de long en large. À défaut d’être un grand baroudeur, « je ne suis pas celui qui voyage beaucoup. J’étais bien à Rennes et dans mon métier. J’avais mes passe-temps », le 35, il le connaît par cœur. « Au départ, on cherche, on cherche, puis on connaît. Pas besoin de GPS. »
En même temps qu’il arbitre, il endosse un autre rôle en 1979. Retour au stade de la route de Lorient. « Avec Roger Tostivin, je m’occupais de distribuer les feuilles de match aux journalistes. Ce n’est plus comme ça maintenant ». Une époque où le rôle était confié à des bénévoles. « Je me chargeais aussi d’attribuer des téléphones pour les radios ou la presse écrite. À la fin du match, on faisait tourner un papier en tribune de presse et les journalistes inscrivaient les noms des joueurs qu’ils voulaient interviewer, puis on se rendait dans le vestiaire demander à l’entraîneur. » Il a ainsi pu côtoyer Michel Le Milinaire, Yves Colleu ou bien encore Guy David. Une mission qui a perduré jusqu’en 2001. « Je le reconnais, j’ai été privilégié de côtoyer le monde des pros. »
Puis il y a eu cette foutue maladie, un cancer en 2002, de la gorge. Heureusement, il a été pris à temps. « Je ne m’en suis pas trop mal sorti car je n’ai pas eu de chimio, ni de rayons. J’ai pu préserver ma voix. » Il a toutefois dû subir une grosse opération et une longue rééducation. Soigné, la maladie derrière lui, le natif de Cesson entame un nouvel épisode en Rouge et Noir, celui de l’Académie, en 2010. « Je m’occupe depuis de la billetterie pour les matchs de la N3, de la trésorerie et de l’intendance. Ça occupe. Comme partout, le Stade a besoin de bénévoles. »
Celui qui a multiplié les casquettes avec le Stade Rennais F.C. soufflera bientôt 74 bougies, le 31 décembre prochain, au moment de basculer dans une nouvelle année de fidélité envers le Stade Rennais F.C., toujours au service des supporters et aux petits soins pour les jeunes de l’Académie. Et Marcel de conclure : « Je me vois mal avoir une vie d’ancien ».