Christian Gourcuff : « cinq matchs pour se lâcher complètement »

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Elle les fuyait depuis le 25 février. Samedi dernier face à Lille (2-0), la victoire s’est dessinée au terme d’un match plein de dynamisme et d’envie. La pression des 42 points évacuée, l’entraîneur rennais espère désormais voir ses joueurs plus libérées jusqu’à la fin de la saison.

Vos joueurs ont été conquérants contre Lille. C’est ce que vous attendiez ?
Il y a eu évidemment une différence d’attitude mais certaines personnes ont la mémoire courte car elles avaient mis en exergue l’état d’esprit extraordinaire de l’équipe contre Lyon… D’une part, cette différence interpelle mais il ne faut pas non plus tout remettre en question après un non match. L’équipe n’était pas la même. D’autre part, on a été plombé par le scénario de la rencontre à Nancy. Samedi, on a eu la réussite très rapidement mais elle est due à une entame de match très dynamique. Mais bien sûr, ça ne nous absout pas du non match à Nancy.

Vous avez pris du plaisir à voir votre équipe samedi ?
Il y a le plaisir de la victoire mais aussi du jeu. Il y a eu des séquences intéressantes. En première mi-temps, il y a eu un pressing bien coordonné, rigoureux et intense. Ça nous a permis de nous mettre dans des situations intéressantes offensivement. Il y a eu ensuite des poussées de Lille, sur des corners successifs notamment mais c’était surtout des erreurs grossières de notre part. La seconde mi-temps était plus difficile car on a beaucoup donné avant, on a pioché. S’ajoutant à la volonté de conserver le résultat, ça a donné une seconde mi-temps moins aboutie mais on a eu cinq occasions très nettes. Quand on regarde les statistiques, il n’y a pas de différences énormes dans le volume des courses et dans l’intensité. C’est le moment dans lequel on le fait qui fait la différence entre un bon et un mauvais match.

Ne pas pouvoir aligner un onze type d’un match à l’autre n’est-elle pas la plus grande difficulté de la saison ?
On a eu énormément de pépins jusqu’ici. On l’a encore vu samedi où on perd Romain Danzé le matin du match. Ludovic Baal a eu un virus la veille. Ramy Bensebaini, qui était suspendu, est important, Ludovic Baal aussi. Mais cela a permis de révéler Afonso qui est de mieux en mieux. Il a besoin de jouer pour la confiance, le rythme et l’intégration. L’absence de Morgan Amalfitano n’en parlons pas. Il avait transformé l’équipe à son arrivée. Après sa blessure, la guérison n’était pas complète, on n’a pas revu le vrai Morgan. Malgré tout ça, l’équipe n’a perdu que trois fois à domicile, ça nous situe derrière Monaco, Nice, Paris et Marseille. Je pense que le bilan est loin d’être négatif.

Après Lyon, le déclic est encore venu de Firmin Mubele…
Je ne suis pas surpris, c’est surtout sa progression sur le plan technique et tactique qui est à noter. C’est intéressant pour nous.
 

Vous avez titularisé Gelson Fernandes samedi. Vous êtes satisfait de sa prestation ?
Geslon est un joueur très positif pour le collectif, ça compte. Son comportement a un impact sur les partenaires. Les joueurs qui tirent le groupe vers le haut sont précieux. Il a beaucoup d’activité comme le montrent ses statistiques. Il a un volume de courses incroyable, à haute intensité. Il a fait le job.

Qu’espérez-vous en allant à Saint-Étienne ?
On voulait franchir la barre des 42 points car on ne sait jamais ce qui peut arriver. Dire que l’objectif était le maintien, c’est la réalité. On aurait aimé l’avoir à la trêve internationale mais on n’a pas su faire basculer des matchs nuls en victoires. On a maintenant cinq matchs pour se lâcher complètement dans le jeu. Ça ne va pas changer fondamentalement les choses sur le plan technique mais sur le plan psychologique si. Maintenant, il faut l’assumer. On ne doit plus jouer avec la peur mais avec de l’ambition. J’attends beaucoup de ces matchs même s’ils ne seront pas faciles.

La 7ème place reste accessible. C’est le nouvel objectif ?
Il faut garder raison. On ne va pas s’enflammer parce qu’on a battu Lille. On est neuvièmes. L’écart avec les places européennes est trop important. L’ambition est de montrer une progression dans le jeu mais s’il y a encore la possibilité de grappiller quelques places, on ne va pas s’en priver.

Le match à Geoffroy-Guichard se jouera à huis clos dimanche. Est-un avantage pour vous ?
Je ne pense pas. Je le regrette car quand on en arrive à des huis clos, on perd l’essence du football. Il y a des choses qui sont inacceptables dans les stades, qu’on a trop tolérées. On paie la note car on a laissé faire. On a donné beaucoup d’importance à certains groupes qui dégénèrent. Ce sont les fauteurs de troubles qui doivent être punis, pas les clubs qui subissent les conséquences. C’est très dommageable pour le sport. Il faut faire attention car il y a des dérives. Je l’ai vécu en Algérie où un joueur a été tué dans un match, on arrive à des extrêmes. (ndlr : lors du match JS Kabylie - USMA d’Alger, le 23 août 2014, Albert Ebossé est décédé des suites d’un projectile reçu à la fin du match). Ce climat de violence est inadmissible, il faut l’éradiquer. Ça dépasse le cadre du sport, c’est un problème de société. Il faut s’inspirer des Anglais et de leurs décisions courageuses. Avec l’Allemagne, ce sont des stades où on se sent bien et où on peut voir du sport.

Les Verts restent sur quatre buts pris à Marseille. Il faut se méfier d’une bête blessée ?
Ils sortent d’un match un peu traumatisant contre Marseille. C’est toujours dangereux de jouer contre des équipes qui viennent de prendre une claque. De notre côté, il nous reste à confirmer notre match de samedi et la rencontre aller contre Saint-Etienne qui avait été un excellent match.