Christian Gourcuff : « Lorient, j’ai évacué, c’est du passé »

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« Je me concentre sur ce que j’ai à faire à Rennes ». Demain soir, Christian Gourcuff fera son retour au Moustoir à la tête du Stade Rennais F.C. Une première depuis qu'il a quitté le club morbihanais. 

Christian, quel est votre sentiment après cette courte mais importante victoire face à Toulouse ?

Il y a une instabilité qui est aussi voulue par l’adversaire, mais c’est vrai qu’on doit être capable d’afficher plus de maitrise évidemment. Il y a eu des pertes de balles sur la pression des adversaires, mais on a aussi une pression au niveau du résultat car depuis le début de saison, on n’a jamais eu de marge à ce niveau. À 1-0 et compte tenu du scénario face à Angers dernière on était forcément plus fébrile. C’est la capacité à faire la différence qui nous permettra de gagner en maîtrise. Autre facteur important, c’est la sérénité que nous procure les points qu’on acquiert. C’est un plus pour nous et pour la qualité du jeu car avec 24 points on est plus serein pour travailler. On sait qu’on a une bonne marge de progression, à l’image de l’action qui amène le premier but.

Justement ce but, c’est le type d’action que vous attendez !

L’action collective est tout à fait exceptionnelle. La fluidité et la spontanéité de l’action c’est aussi travaillé à l’entraînement et c’est ce que l’on veut reproduire en matchs. Ce n’est pas toujours facile de réaliser ce type d’enchaînement, on n’est pas toujours dans de bonnes conditions physiques et psychologiques pour le faire. Dans les moments de doute on a vu beaucoup de pertes de balle à cause d’un manque de coordination, on est hésitant dans la transmission et dans l’appel. Il faut donc retrouver cette spontanéité qui est liée à une volonté de simplifier le jeu.

Le Toulouse FC est venu vous chercher haut. Avez-vous été surpris par le pressing toulousain ?

Non, c’est comme ça qu’ils opèrent. On était préparé mais on a eu du mal à utiliser l’espace qu’ils laissaient derrière, suite à leur pressing haut. Sans balancer les ballons, on aurait aussi pu plus exploiter la vitesse de Paul-Georges. On doit être capable d’avoir différentes options de jeu dans un match, sans changer notre fond de jeu. Après comme je l’ai dit dans ce genre de match on doit être capable de faire la différence au tableau d’affichage et se donner un peu de marge. Le fait de marquer rapidement a obligé l’adversaire à pousser pour se créer des occasions beaucoup plus rapidement que si on était resté à 0-0. Plusieurs fois, Paul-Georges a fait des appels pertinents mais il y avait de la retenu dans les passes. C’est dommage car c’est une arme contre une équipe qui vient presser haut.

Mardi votre équipe se déplace à Lorient. Pensez-vous que ce sera une opposition différente ?

Lorient est une équipe qui n’a plus rien à perdre, qui va mettre beaucoup de pression en première mi-temps comme ce fut le cas lorsqu’ils ont reçu Monaco. Ils ont aussi des atouts offensifs, c’est incroyable par exemple qu’ils n’aient pas réussi à gagner à Metz. On devra être plus solide pour faire face à ce type d’opposition à l’extérieur et être capable de faire face aux temps forts de l’adversaire.

Lorient est actuellement la lanterne rouge du championnat, ce classement reflète-il leur contenu de match ?

Dans ce championnat-là, la hiérarchie n’est pas vraiment établie. On peut prendre l’exemple du parcours d’une équipe comme Lille qui se retrouve en bas. Il faut être très humble car il y a surtout des dynamiques qui se mettent en place. Quand on est dans une bonne dynamique comme on est là, il faut savoir l’apprécier et surtout l’entretenir.


« Je me concentre sur ce que j’ai à faire à Rennes. »


Le FC Lorient d’aujourd’hui est-il le FC Lorient d’hier ?

C’est un autre club maintenant, on a joué contre eux en Coupe de la Ligue. Maintenant c’est du passé, j’ai évacué et on n’en parle pas. Chacun vit sa vie, c’est comme ça. Quand on prend du recul on constate que les clubs existent que par périodes. Quand je fais référence à Lille ou Marseille, on voit que l’instabilité profite aux repreneurs. On vend le patrimoine du foot français au même titre que des chinois achètent des fermes en Bretagne, maintenant les clubs français sont vendus, ce qui donne de l’instabilité. Frédéric Antonetti a été limogé parce que il y avait un nouveau repreneur, on voit bien qu’on est rentré dans une autre ère.

Vous allez retrouver le Moustoir. Comment appréhendez-vous ce rendez-vous ?

Il y a bien évidemment des personnes que je connais mais avec qui j’ai coupé le contact pour éviter de me ressasser des moments douloureux. Je l’ai fait car j’ai un peu d’expérience pour vivre ces situations. Il y a deux façons de voir le football, soit uniquement de façon professionnelle mais je ne l’ai jamais appréhendé comme ça, soit de façon passionnelle et comme dans toutes les ruptures passionnelles, c’est difficile à gérer. Je me concentre maintenant sur ce que j’ai à Rennes. Je prends beaucoup de plaisir à travailler ici et c’est ce qui m’importe. Le climat général est très appréciable. Je prends le temps d’observer ce qui se passe dans les autres structures. Ici, on est conscient aussi de notre marge de progression et tout est réuni pour avancer avec tout le groupe.

Joris Gnagnon a une nouvelle fois prouvé qu’on pouvait compter sur lui. Il a encore gagné un nombreux incalculable de duels, c’est rassurant !

Joris est très bien. Le contexte aussi qui permet cela, les jeunes peuvent s’épanouir. Il n’y a pas que les jeunes d’ailleurs, même les plus vieux peuvent s’y épanouir et progresser. On voit des jeunes qui arrivent peu à peu, il y a Adama (Diakhaby), Nicolas Janvier. On fait les choses je pense de façon intelligente. Joris marque des points à chaque sortie, il acquiert de l’expérience. Après le plus difficile pour des jeunes c’est de ne pas s’enflammer, de rester concentré sur des aspects de jeu et ne pas se faire polariser sur ce qui se passe autour. On parle par exemple de la sélection ivoirienne et de choses qui peuvent le déstabiliser. C’est plus ça que je crains, plutôt que les aspects purement techniques.

Comment jugez-vous le début de saison de Yoann Gourcuff ?

C’était compliqué sur le plan physique. Yoann a joué avec des douleurs, il avait des semaines d’entrainements adaptées. Depuis deux semaines il s’entraine normalement sans douleur. On ne peut pas jouer au foot avec des douleurs, ou en tout cas on ne peut être au plus haut niveau. Avec l’intensité des matchs, on doit disposer d’une certaine intégrité physique et en plus avoir le rythme pour jouer. Il est en train de le retrouver. Il a retrouvé sa gestuelle, il lui reste donc à retrouver le rythme et sa capacité à frapper. Le club a été très patient avec lui, et l’accompagnement médical a été fondamentale. Je me félicite de la collaboration avec le staff médical d’ici car c’est fait de façon très intelligente pour lui. Il aurait pu arrêter sa carrière sans un contexte favorable.

Avez-vous le sentiment qu’il monte en puissance ?

Sur l’aspect technique je sais ce qu’il peut faire et ne pas faire. Il fait beaucoup d’efforts, il a retrouvé un bon volume de jeu. Sur le dernier match il a dû faire 12,3 km. À titre de comparaison, Adrien Hunou est celui qui en a fait le plus avec 12,8 km, c’est plutôt pas mal. Il faut qu’il monte en intensité au fil des matchs. Mais ce n’est pas simple, il y a toujours la crainte de la blessure.

Yoann évolue au poste de neuf et demi, derrière l’attaquant. Est-ce le poste qui lui correspond le mieux ?

Il a la capacité de jouer dos au jeu ce qu’il ne faisait pas étant jeune. À Bordeaux il était meilleur quand il avait les deux attaquants devant lui, maintenant il peut jouer dos au jeu. La capacité qu’il aurait à évoluer plus bas serait liées à l’intensité qu’il pourra mettre dans les courses. Ce n’est pas à l’ordre du jour mais pourquoi pas.