Nicolas Holveck : « On attend beaucoup de ce mois d’août. »

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C’est avec beaucoup de confiance que le Président exécutif du Stade Rennais F.C. entame sa 2e saison à la tête du club de la capitale bretonne. Dans la J-2, il évoque entre autres la préparation du groupe professionnel, les ambitions et le mercato. Entretien.



Président, qu’avez-vous pensé de l’avant-saison du groupe professionnel ?
Bruno a pris les quatre premiers matchs comme des séances d’entraînement en conditions réelles. Les joueurs sont arrivés avec des charges lourdes, avec des entraînements qui se sont passés la veille du match et le matin même. Il est sûr que les résultats n’ont pas été probants. Dans le contenu, ce que le coach demandait a été respecté. Sur le dernier match, qui a été un peu plus préparé pour se mettre dans les conditions de la première journée, on a vu quelque chose de sérieux. Il y a eu des occasions, on n’a pas pris de but. Les joueurs se connaissaient un peu plus aussi, car il y avait beaucoup d’écart entre eux il y a quelques semaines. Loïc Badé n’a pas pu jouer Levante, Birger Meling est arrivé avant le stage en Espagne, il n’avait pas de repères. Nayef Aguerd et Hamari Traoré sont rentrés tard… Ça commence à se trouver. On est très contents des recrues et de nos jeunes. Le gros enseignement de cette préparation est que l’Académie, sur les années 2003, 2004 et 2005, a vraiment de très bons joueurs. Ils jouent parce qu’ils ont la qualité. Ils ont confirmé pendant la préparation tout ce que l’on pensait d’eux. L’entraîneur est très content de l’état d’esprit. Je suis en lien permanent, tous les jours, avec Florian Maurice et Bruno Genesio. L’état d’esprit et l’ambiance de travail sont à chaque fois soulignés par le staff.
 

« on doit bien rentrer dans ce championnat »


Excitation ou pression ? Comment êtes-vous avant le début de cette nouvelle saison ?
Les matchs, c’est ce qui fait tout le piment de notre sport. L’objectif est d’être prêt le plus rapidement possible et arriver en pleine forme dimanche. À domicile, on doit bien rentrer dans ce championnat en se mettant dans le bon sens. La dynamique est très importante. Surtout qu’il y a les barrages de coupe d’Europe qui vont vite arriver. On attend beaucoup de ce mois d’août. Lens a montré que c’était une bonne équipe. Ils ont fini 7e la saison dernière. Ils ont bataillé pour l’Europe jusqu’à la dernière journée. Il ne faut pas se tromper sur le niveau de cette équipe. Ce sera un match difficile.

Quel est l’objectif du Stade Rennais F.C. cette saison ?
Finir dans les cinq premiers. On veut rejoindre la phase de groupe de la Conference League et en sortir. Le Stade Rennais F.C. est devenu un vrai club européen. C’est la quatrième participation consécutive en Europe et je ne parle pas des autres depuis 20 ans. Au-delà de la jouer souvent, il faut la jouer sérieusement. On veut performer dans cette compétition. Mais faisons les choses dans l’ordre. On y pensera après les deux premiers matchs de championnat. Sinon, on aura des désillusions. Il n’y a que Lens qui compte. À la sortie de Brest, on pensera à l’Europe. Ne brûlons pas les étapes.

Quel est le discours des actionnaires à l’aube de ce nouvel exercice ?
Ambition. Ils montrent leur soutien par ce qu’ils nous permettent de faire sur le marché des transferts. Maintenant, à nous de concrétiser et de montrer sur le terrain que nous sommes à la hauteur de leurs ambitions.

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Quels sont les moyens mis à disposition ?
Le budget sera moindre que la saison dernière où nous avons joué la Ligue des Champions. Les droits télés ne sont pas les mêmes. L’actionnaire nous permet de conserver cependant un niveau très intéressant. Il y six places européennes et pour moi sept clubs très compétitifs. Paris, Lyon, Marseille, Monaco et Lille ont de très gros budgets. Derrière, il y a Nice et nous, sans compter les équipes surprises. Il faudra être performant pour atteindre l’objectif. C’est tout l’enjeu du mercato, constituer une équipe compétitive. C’est le souhait des actionnaires. Je suis en tous cas confiant sur la qualité de l’équipe que l’on peut proposer aux supporters.

Justement, le public était de retour au Roazhon Park samedi dernier. Une bonne nouvelle.
C’est l’autre enseignement de cet été. On a enfin joué avec du monde. Ça fait très longtemps que l’on n’avait pas mis plus de 10.000 personnes au Roazhon Park. J’espère que l’on va pouvoir continuer comme ça. Ce sera un atout supplémentaire pour le Stade Rennais F.C. car on sait ô combien le public rennais est important.
 

« On va gagner des points supplémentaires grâce à eux. »


Vous ne connaissez finalement la ferveur rennaise que de réputation, n’ayant pu voir un Roazhon Park plein depuis votre arrivée…
J’ai quand même pratiqué l’ambiance du stade en tant qu’adversaire. La saison dernière, malgré tout, si on se rappelle la fin de match contre Monaco ou le match contre Krasnodar avec seulement 5.000 spectateurs, un sixième du stade, on n’a pu se rendre compte de la ferveur rennaise, même en petit nombre. Ma plus grosse envie est de voir le stade le plus rempli possible, en fonction des conditions sanitaires. Et là, je suis sûr que l’on jouera vraiment à douze. On va gagner des points supplémentaires grâce à eux.

Comment est le marché global des transferts ?
Ce n’est pas simple. Tous les clubs européens sont en très grande difficulté avec la covid. Les clubs français encore plus car il y a la problématique des droits télés. Il ne faut pas imaginer que l’argent va apparaître miraculeusement avant la fin du mercato. Il n’y a pas beaucoup d’opérations mais les clubs qui vendent continuent à demander des prix exorbitants. Ce marché est extrêmement compliqué mais ce n’est pas une surprise. Il le sera jusqu’au 31 août.

Réussir à recruter trois joueurs de valeur est alors une performance…
Oui, les trois joueurs que l’on a faits étaient n°1 sur chacun des postes que l’on recherchait. C’est une très grande satisfaction car on était en concurrence avec des gros clubs pour ces trois joueurs. C’est là que l’on voit que le Stade Rennais F.C. a changé de dimension. On a encore un numéro 6 à recruter. Lesley Ugochukwu fait une fantastique préparation mais il n’a que 17 ans. Il va jouer bien sûr mais il faut aussi continuer à le protéger. On veut aussi un autre joueur pour renforcer la partie offensive du milieu de terrain. On sait où on veut aller.
 

« La solidarité autour du vestiaire est essentielle. »


Vous avez pris les commandes du Stade Rennais F.C. depuis 17 mois déjà. Que souhaitez-vous instaurer ou faire perdurer ?
Tout le monde est très impatient au niveau des résultats et on a très peu de temps mais je reste convaincu que la stabilité est une clé de la réussite, autant pour l’équipe première que pour le centre de formation. Il ne faut pas non plus que ça devienne un confort car c’est le pire ennemi du haut niveau. Il faut conserver cette exigence et cette envie permanente de gagner. Et je le rappelle, seul on ne fait jamais rien. Sur le terrain, il y a une équipe mais autour il faut un groupe soudé. La solidarité autour du vestiaire est essentielle. C’est impossible d’avoir des résultats sinon.

Certains secteurs se sont renforcés en interne ces derniers temps, comme le département « data » par exemple.
C’est un outil essentiel, pour le recrutement notamment. Ça permet des analyses très fines sur les performances des joueurs. Ça ne remplacera jamais l’œil humain mais c’est un outil impératif dans la prise de décision pour le recrutement d’un joueur. Ça permet de confirmer ou d’infirmer certaines impressions. Le Stade Rennais F.C. a aussi pris cette voie. On a changé l’organisation du recrutement mais nous sommes toujours à effectif constant.

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Dans le travail de fond, quels sont vos autres dossiers en cours ?
Le plus gros dossier est la Piv2. C’est un projet qui continue d’avancer. On échange toujours autant avec les collectivités et les associations. On arrive bientôt à la finalisation de l’avant-projet définitif. Après, on sera lancé sur le chemin de la rénovation de la Piverdière qui est essentielle pour la progression du Stade Rennais F.C. Un club sans structures, ça ne peut pas marcher bien longtemps. Il est impératif de les remettre au niveau des résultats de l’équipe pro et de l’Académie qui est première avec Paris, Lyon et Monaco. Il faut féliciter les dirigeants et éducateurs de l’Académie ainsi que les membres de l’ETP pour ses résultats. On va rattraper ce retard en termes d’infrastructures. Ça nous permettra d’être encore meilleurs.
 

« Le Stade Rennais F.C. est le club de tous les Bretons. »


On l’a déjà évoqué mais cette « nouvelle » Piverdière sera aussi un lieu de verdure et de promenade pour les Rennais !
Un club de football a un rôle social important. C’est aussi une volonté forte de l’actionnaire. On se doit d’être acteur social majeur de notre territoire, rennais, brétillien et breton. On s’y attache tous les jours. Via le programme « Bouge ! », nous marquons notre détermination de permettre à tous de pratiquer une activité physique essentielle à une bonne santé. La section féminine a vu le jour et elle progressera d’année en année. Les 120 ans nous ont aussi permis de donner carte blanche à des artistes locaux. Le Stade Rennais F.C. est le club de tous les Bretons.

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« France / Allemagne 82. J’avais 11 ans et je l’ai vu dans un bar au Guilvinec (29) – où je suis allé plusieurs fois – pendant les vacances d’été avec ma marraine et mon oncle. On n’avait pas la télévision dans la location, il m’avait alors emmené dans un bar, sur le port. J’étais sûrement le plus jeune et débout sur un flipper. C’était bondé ! Sur le troisième but français, j’ai sauté et je suis retombé entre les deux flippers. Mon oncle m’a cherché mais rien de grave.

J’adorais le foot étant petit. C’était la première coupe du monde que je suivais. À 3-1, c’était l’extase. Après le but d’Alain Giresse, l’ambiance était exceptionnelle dans le bar. Mais c’était allé très vite. De mémoire, la réalisation n’était pas très bonne. Les buts allemands, on les a subis. Et à 3-3, j’étais le plus malheureux. J’avais vraiment beaucoup de rage. Lors de la séance des tirs au but, un Allemand rate le sien, Ulrich Stielike. Le réalisateur remontre l’arrêt de Jean-Luc Ettori, et pendant ce temps Didier Six rate le sien puis Maxime Bossis aussi pour le sixième tir. C’était la fin du monde. Une désillusion incroyable pour moi. J’ai regardé le match pour la troisième place mais j’étais beaucoup moins à fond. »

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crédit photo : Icon Sport