
" Je vais encore monter en régime "
Gelson, comment as-tu vécu ton premier rendez-vous au Parc des sports de la route de Lorient ?
J'avais une appréhension car cela faisait seulement cinq jours que je me sentais bien physiquement. Ma préparation d'avant-saison fut tronquée avec la Coupe du monde. J'ai coupé deux semaines et lorsque j'ai repris, je n'avais qu'un seul match amical de 45 minutes dans les jambes. Mais tout s'est bien déroulé. On a pris les trois points et c'est l'essentiel.
Tu ne semblais pourtant pas manquer de fraîcheur sur le terrain...
Je connais mes capacités à jaillir et à gagner les ballons. Entre la Coupe du monde et ce premier match, il y a eu six semaines à s'écouler. Je ne suis pas encore à fond, mais cela va venir, je vais monter en régime.
Après la Coupe du monde, as-tu ressenti une fatigue physique ou nerveuse ?
Cela peut "bouffer" de l'énergie, mais ce sont aussi des moments extraordinaires que l'on ne revivra peut-être pas. Au contraire, cela m'a donné beaucoup de force. Jouer un huitième de finale contre l'Argentine, devant 60.000 personnes au Brésil, c'est exceptionnel !
Es-tu sorti de cette coupe du monde avec le sentiment d'être encore plus fort ?
Oui. Je suis une personne qui vit à travers les émotions. On apprend beaucoup dans ces grands événements.
" Je voulais vraiment venir ici "
Pour revenir au dernier match après cette première victoire sur un score-fleuve 6-2, quel regard portes-tu sur l'équipe ?
Il y a de jeunes joueurs et il y a eu beaucoup d'arrivées. Notre priorité, aujourd'hui, est de créer une unité. Ensuite, les choses viendront naturellement. C'est le cas actuellement, mais cela se cultive chaque jour. Tout le monde en bénéficiera.
Lorsque tu as été remplacé par Anders Konradsen à l'heure de jeu, le public rennais t'a chaleureusement applaudi...
Cela m'a fait très plaisir. Le Stade Rennais est le club que j'ai choisi. J'ai joué 38 matchs la saison dernière en Bundesliga, mais je voulais venir ici, car Rennes a un potentiel. Je sens que la ville est derrière son équipe. En tout cas, je donnerai tout et je remercie les supporters pour leur accueil.
Tu as évolué dans un rôle de sentinelle. On t'a déjà senti dans la peau d'un leader...
Je suis une personne qui communique beaucoup. Peut-être même un peu trop ! Je suis parfois pénible pour mes partenaires, je le sais ! Je peux le comprendre ! Je dois alors procéder d'une autre manière. Mais sincèrement, je suis là avant tout pour aider les plus jeunes qui ont des qualités.
" Ce sont aux jeunes de prouver "
Qu'as-tu envie de leur dire?
J'ai toujours privilégié le football. Je n'ai jamais fait le "con". J'ai travaillé dur également. On dit que c'est cela être professionnel, mais je dirais que c'est avant tout vital pour notre métier. Les jeunes doivent comprendre que personne ne leur fera de cadeaux. Un coach n'est pas fou, il ne va pas se priver d'un élément de qualité. Si le jeune a du talent, s'il s'accroche, s'il ne fait pas d'écart, s'il écoute, s'il bosse... l'entraineur tôt ou tard fera appel à lui. Certains pourront faire des grandes carrières. Personnellement, j'ai beaucoup bossé car le talent ne suffit pas. Tout ce que j'ai obtenu, c'est parce que je me suis battu.
Tu as toujours eu cette volonté d'être dans le dialogue et de vouloir transmettre ton expérience ?
Non, au début je ne pensais qu'à moi ! Le groupe, à Rennes, a accepté que je joue ce rôle dès le début. Aujourd'hui, je veux apporter ce que j'ai appris. Que je sois titulaire ou non d'ailleurs.
Ce rôle de sentinelle t'oblige à courir beaucoup...
Oui, mais cela ne me dérange pas. J'ai occupé plusieurs places à Fribourg : devant ou sur les côtés. J'aime ce poste, car mes qualités d'intercepteur sont mises en avant !
" La L1 est aussi forte que la Bundesliga "
As-tu regardé tes stats de ton dernier match ? Tu as joué 45 ballons et réussi 92 % de tes passes. Pas mal pour un début ?!
C'est parce que je réalise des passes faciles vers l'arrière (rires). Je n'observe pas trop ce type de statistiques. Ce qui compte, c'est que notre adversaire ait du mal à jouer et que tout le monde soit bien en place. Mon devoir, c'est que le milieu de terrain soit bien organisé et difficile à transpercer.
Une statistique moins flatteuse : zéro tir !
(rires) Oui, je ne suis pas arrivé jusqu'au but ! J'ai normalement le coffre pour aller vers l'avant. Je le ferai plus tard, mais là je ne peux pas !
Tu as joué 33 matchs à St Etienne. Quels souvenirs gardes-tu ?
J'ai couru énormément pour ce club ! Je n'ai aucune rancoeur. J'ai gardé de bonnes relations avec les dirigeants. A l'époque, il y avait moi et Blaise Matuidi. On avait le même profil. On est ami et on s'est revu lors du mondial quand la Suisse a joué la France.
Comment juges-tu le niveau entre les deux clubs ?
St Etienne est installé dans le haut du tableau. Ils ont gardé le même effectif à l'exception de Zouma, mais son départ était programmé. C'est un club qui, aujourd'hui, est devant nous par son vécu, mais qui a le même potentiel que nous.
Tu as joué dans les plus grands championnats. Comment vois-tu le niveau de la L1 ?
Il est compliqué. Il est moins côté que les championnats allemand ou anglais, mais il est tout aussi difficile. La Ligue 1 est plus fermée, plus compacte. Il y a moins de spectacle qu'en Allemagne, mais dans le contenu, le niveau de la France est tout aussi élevé.