Désertes depuis la mi-mars, les infrastructures dédiées à la formation des jeunes talents rennais ne reprendront pas vie tant que toutes les conditions ne seront pas réunies. La situation sanitaire offre tout de même des perspectives rassurantes pour les prochaines semaines. Comment l’Académie s’organise-t-elle pendant cette période ? Réponse avec Denis Arnaud, Directeur du centre de formation Rouge et Noir.
Denis, le temps n’est pas trop long ?
Quand on est passionné comme les éducateurs, il est difficile de se couper de la relation avec les jeunes, mais aussi entre eux, entre collègues. La scolarité à entretenir a permis d’atténuer le manque de vie en communauté. On pensait au départ que l’on partait pour quinze jours d’arrêt, puis l’échéance reculait au fur et à mesure des annonces.
« On n’a pas été pris de court »
Comment avez-vous organisé le départ des joueurs ?
En premier lieu, le comité exécutif, constitué à mon arrivée pour un travail en équipe dans le fonctionnement au quotidien de l’Académie, a été prépondérant dans cette situation exceptionnelle et dans l’évolution à venir de l’Académie.
Ce qui se passait autour de la Youth League nous avait déjà alertés. On ne voulait faire prendre aucun risque pour la santé des jeunes et des collaborateurs. C’était un sujet sur lequel on avait échangé avec la cellule de prévention mise en place par le club. On avait anticipé un éventuel arrêt des compétitions et par conséquent la fermeture de l’internat. On n’a pas été pris de court, ça a pu être organisé en amont avec l’aide de l’École Technique Privée Odorico. Ça nous a permis de ne pas travailler dans l’urgence et de permettre à chacun de retrouver sa famille et de vivre le mieux possible le confinement. Régulièrement nous envoyions des mails d’information aux familles. Tous n’ont pas vécu le même confinement, ce sera à prendre en compte à la reprise.
Les joueurs ont pu garder la forme ?
Nous avons fourni des programmes au début puis c’était à la demande. On avait la capacité de proposer des exercices. Ça concernait toutes les catégories. Il a fallu que tous se prennent en charge pour surveiller leur hygiène de vie.
Quelles ont été les conséquences du confinement et de l’arrêt des championnats ?
On ne fait de toute façon pas de « championnite ». Il n’y a pas de soucis particulier pour les classements. Le problème, ce sont les performances des garçons. Quand vous arrêtez pendant trois mois, il y a un manque athlétique et mental qu’il va falloir combler petit à petit. Il faudra prendre le temps car un joueur qui s’arrête pendant trois ou quatre mois, ça correspond quasiment à une blessure grave. Même si les garçons ont été très sérieux, ont beaucoup travaillé et ont respecté des programmes, on ne remplace pas la compétition et la répétition des séances au quotidien. Il faudra être très vigilant pour éviter les blessures à la reprise. Une attention toute particulière devra être portée aux domaines athlétique et psychologique.
« Avoir une école privée a été une force »
De quelle manière a été impactée la scolarité ?
Elle ne l’a pas été tant que cela. Nous avons l’avantage d’avoir une école privée. Tous les cours ont été maintenus par visio ou par mail. Ça a permis de garder un lien social. Avoir une école privée a été une force car on a été beaucoup moins impactés que d’autres centres de formation qui sont rattachés à d’autres structures scolaires. On a pu assurer un suivi et le retour des familles a été positif par rapport à l’accompagnement qui a été fait.
Comme ailleurs, l’épreuve de français à l’oral pour le bac a été annulée, ce sera le travail continu qui sera pris en compte. Nous attendons des indications pour ceux qui sont en filière technologique et qui doivent passer le bac ou pas en septembre. Mais la plupart seront concernés par le contrôle continu, l’ETP s’est aligné sur le système classique de l’éducation nationale.
Les mois de mai et juin sont habituellement ceux des tournois de football. Ce ne sera pas pour cette année…
Ce sont des vacances forcées on va dire. Les tournois à l’école de foot et à la pré-formation sont des moments importants de vie entre les garçons. Ça permet la cohésion, de montrer le travail qui est effectué tout au long de la saison et de renvoyer une belle image du Stade Rennais. Mais la situation est la même pour tout le monde. L’important est de s’adapter et d’anticiper les choses pour pouvoir reprendre dans les meilleures conditions dès qu’il sera possible de le faire.
« Chaque joueur doit avoir la même attention »
Vous préparez tout de même la saison prochaine ?
On avait déjà anticipé car nous avons l’échéance du 30 avril concernant la formation et les contrats à gérer. Le travail a été fait en amont grâce au travail du service juridique du club. Il a eu un rôle très important. Sa réactivité a permis d’être dans les temps et de nous projeter pour la saison prochaine même si nous sommes aujourd’hui toujours en attente de dates de reprise pour les championnats. Cet été on prendra plus de temps pour la préparation des joueurs, encore une fois avec beaucoup de prudence pour éviter les risques de blessure. Nous avons aussi anticipé des dates pour les matches amicaux.
Si nous ne sommes pas en capacité de rouvrir le centre d’hébergement, nous ne pouvons pas accueillir l’ensemble des garçons. Il n’est pas concevable d’en accueillir qu’une partie. L’objectif est de pouvoir permettre à chacun des jeunes dans le cursus de formation d’avoir le même degré nécessaire d’entraînement pour leur progression. Il n’est pas question d’en privilégier certains. Chaque joueur doit avoir la même attention et le même temps de travail pour réussir au Stade Rennais.
« Répondre aux objectifs de haut niveau du Stade Rennais »
Vous avez pu rencontrer Nicolas Holveck ?
Oui, nous avons pu le rencontrer avec les différentes équipes du centre lors de la présentation du projet de jeu du Stade Rennais F.C. pour les saisons à venir puisque l’Académie est au cœur du projet du club. Il a aussi pu réconforter les équipes en disant que le travail avec les jeunes pourra reprendre dans les meilleures conditions prochainement.
L’objectif sera toujours de former des jeunes pour l’équipe professionnelle et de répondre aux objectifs de haut niveau du Stade Rennais. Notre obsession au quotidien doit être centrée sur la formation du joueur, de l’homme dans son ensemble (triple projet scolaire, éducatif, et sportif) afin qu’il soit en capacité demain de répondre aux exigences du football de haut niveau et satisfaire l’entraîneur de l’équipe professionnelle.
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