Philippe, vous étiez-vous imaginé Ousmane recevoir la plus belle récompense individuelle qu’un footballeur puisse obtenir ?
On ne peut pas dire que ce n’était pas envisageable vu les qualités d’Ousmane. Jeune, il avait des aptitudes techniques, naturelles, hors normes. Avec un corps frêle, il était impacté quand il avait des garçons beaucoup plus matures physiquement en face de lui, mais il trouvait autre chose, d'autres gestes, pour s'en sortir.
« Ils ont un amour tel pour le foot, c’est incroyable. »
À quoi doit-on combiner le talent pour décrocher le graal ?
Il y a des particularités communes chez les talents. Kylian Mbappé, que l’on a vu en stage tout jeune au SRFC, ou Désiré Doué, ont quelque chose en plus. On compare souvent les joueurs les uns aux autres, là avec Ousmane on a un profil unique. Ce sont des garçons qui n’ont pas de limite. Ils sont programmés pour qu’il n’y en ait pas. Ils ont déterminé leurs objectifs depuis longtemps. Ils se nourrissent des plus beaux titres collectifs et individuels. Ils ont un amour tel pour le foot, c’est incroyable. Rien ne les empêche d’avancer. Ils sont juste en attente du bon moment, de l’espace qu’on va leur donner pour s’exprimer.

De quelle manière avez-vous continué de suivre son parcours ?
Les joueurs, on ne les lâche jamais. Même si on n’est plus avec eux, on a toujours le regard attentif, avec les yeux de l’amour je dirais presque. Il m’est arrivé de voir certains de ses matchs, et de savoir s’il était bien ou pas, quand il était blessé, et quelques minutes après on le sort. On sait comment les joueurs que l’on a eus fonctionnent, par leur attitude, des petits gestes, on les connaît par cœur.
En plus du rôle de feu follet attitré partout où il est passé, il a eu celui de leader technique et de vestiaire à endosser au PSG. C’est aussi pour ça qu’il est récompensé ?
Ce n’était pas une évidence quand il est arrivé à Paris. On lui a reproché à un moment donné de ne pas concrétiser toutes ses occasions. Je pense que le plan de jeu de Luis Enrique lui correspond, comme les coéquipiers qui l’entourent. L’homme a aussi avancé dans la vie, il s’est marié, il a eu un enfant, il a acquis plus de stabilité. Au PSG, il a peut-être trouvé un contexte qui lui correspond davantage. Et puis il y a un âge à tout. Il ne suffit pas d’avoir du talent. Il faut aussi être entouré des bonnes personnes, au bon moment. Tous les feux ont été au vert la saison dernière pour qu’il soit en confiance et en réussite.
« Peu de clubs peuvent dire aujourd’hui qu’ils ont la capacité de former un Ballon d’Or. »
Avez-vous été épaté par sa saison ?
Oui et non. On sait que c’est quelque chose qu’il était capable de faire. Cette pleine réussite aurait pu arriver plus tôt, à Barcelone, et c’est ce qui était frustrant. Mais son entourage savait que ça allait finir par arriver. Ça tombe maintenant, et ça a été une super année pour lui et pour le PSG.

Est-ce un titre qui manquait à l’Académie Rouge et Noir, la meilleure de France, l’une des meilleures en Europe ?
C’est une belle récompense pour le club. Il faut être conscient de ce qu’est un Ballon d’Or. On a fait ce qu’il fallait pour l’accompagner. Peu de clubs peuvent dire aujourd’hui qu’ils ont la capacité de former un Ballon d’Or. Désiré a le potentiel également. On se dit que l’on a créé un socle solide pour qu’il puisse briller mondialement. C’est une reconnaissance de tout ce qui a été mis en place à l’Académie depuis tant d’années. C’est ce que l’on doit continuer d’entreprendre auprès de tous nos jeunes, tout mettre en œuvre pour accompagner le joueur et l’homme.