
Sylvain, ce week-end, la réception du Stade de Reims sera ton 500ème match en Ligue 1. Revenons en arrière et à ton enfance, rêvais-tu d’une carrière comme celle-ci ?
Je n’avais pas du tout ce genre de rêve en tête. Dans mon enfance, viser une carrière professionnelle n’était pas du tout une priorité. Même si j’étais un mordu de football, comme beaucoup d’enfants, cela restait un loisir avant tout. Arrivé où j’en suis aujourd’hui ne m’a jamais effleuré l’esprit mais je dois admettre que c’est une grande fierté.
Tu te souviens de ton premier match en Ligue 1 ?
Oui, c’était à Auxerre, nous avions fait match nul (2-2) avec le FC Nantes. Ça reste un très bon souvenir, forcément car c’est celui qui a lancé ma carrière. Si je me souviens bien, nous sortions d’une défaite à domicile face aux Girondins de Bordeaux (0-5) et le coach etait venu me voir pour savoir si j’étais prêt à débuter le match suivant. Nous avions mené 2-0 avant de nous faire rejoindre mais c’était un bon point de pris à l’extérieur. Un très bon match pour ma première.
Des débuts idéaux car, pour ta première saison dans l’élite, tu deviens Champion de France…
C’est vrai que je ne pouvais pas rêver mieux. J’ai joué très vite dans la saison et je suis resté dans le groupe jusqu’au bout avec le titre comme récompense. Avec des matchs de Coupe d’Europe et des sélections en Equipe de France Espoirs, mes débuts professionnels étaient parfaits.
Puis une deuxième saison pimentée par la Ligue des Champions. Nous avons retrouvé ton but face à la Lazio de Rome… Tu nous le racontes ?
(Rires) Un but inscrit avec l’insouciance de la jeunesse. J’ai tenté une chevauchée, qui a clairement marché, conclue par un but du pied droit en bout de course. Un beau but dans un match important de Ligue des Champions. Nous avions réussi l’exploit de nous imposer en Italie (1-3), ce qui n’était pas arrivé à un club français depuis longtemps. Un super match de notre part, donc en plus du but, c’était vraiment magnifique de jouer et de nous imposer là-bas face à des grands joueurs.
La deuxième partie de ta carrière se fait au PSG. C’est d’ailleurs dans ce club que tu retrouves ton poste de formation, que tu occupes actuellement, en défense centrale ?
À mon arrivée, j’ai continué à jouer latéral gauche mais c’est avec Antoine Kombouaré que j’ai retrouvé mon poste en défense centrale. Ça s’est super bien passé, j’ai pris et je prends toujours beaucoup de plaisir à jouer à ce poste. À l’arrivé de Carlo Ancelotti, je suis de nouveau repassé à gauche mais pas longtemps, j’ai fini la saison dans l’axe à cause des nombreuses blessures en défense. Le coach m’avait d’ailleurs conforté dans cette idée en me conseillant de poursuivre ma carrière à cette place. C’est aussi mon avis et je suis très heureux d’évoluer à ce poste encore aujourd’hui avec le Stade Rennais F.C.
En parlant de Carlo Ancellotti, tu as connu l’arrivée des Qataris au PSG avec les gros transferts qui ont suivis, quels souvenirs en as-tu ?
À la base, Léonardo nous avait expliqué que le club allait y aller petit à petit mais finalement, tout est allé très vite avec beaucoup de recrues. Le club a pris une dimension extraordinaire en très peu de temps. Nous avons vu la puissance qui a amené à l’évolution du club. Ça a été un plaisir de pouvoir le vivre de l’intérieur et d’avoir pu participer à un bout de parcours avec ces grands joueurs. L’objectif des dirigeants a été rapidement fixé et je suis persuadé qu’ils y arriveront.
Neuf saisons dans la capitale qui font de toi le deuxième joueur ayant disputé le plus de matchs officiels avec le PSG (380) derrière Jean-Marc Pilorget (435)…
Encore une fois, c’est une fierté. C’est surtout la preuve de ma constance, ma régularité tout au long de ma carrière qui ont amené mes différents coachs à me faire confiance.
Il y a deux saisons, tu arrives au Stade Rennais F.C. As-tu senti un grand changement par rapport aux deux autres clubs que tu as connu ?
C’est sûr que les premiers entraînements étaient très différents de ce que j’avais pu connaître au PSG. C’est normal, quand vous avez connu des séances avec David Beckham, Zlatan Ibrahimovic, Thiago Silva… C’est difficile de retrouver la même qualité, il faut dire ce qui est. L’atmosphère était clairement différente à Paris. Ça n’a pas forcément été difficile de s’adapter ici mais c’est une remarque que je me suis faite à mon arrivée.
Tu va rentrer dans le top 20 des joueurs les plus capés en Ligue 1, quel est ton objectif aujourd’hui ?
Je n’ai pas d’objectif précis. Même les 500 matchs en Ligue 1, on me le rappelait dans les dix dernières journées. Je ne suis pas là à regarder tous les chiffres. Je souhaite juste jouer tant que je me ferais encore plaisir. À partir du moment où j’arrive avec le sourire aux entraînements, que je serai content de retrouver mes partenaires, le staff, l’environnement du club, je continuerai. Si, bien sûr, le Président veut encore de moi (rires). Au final, je ne me suis jamais fixé d’objectifs dans ma carrière et c’est peut-être ça qui m’a permis de rester serein et de durer.
Quel est le secret de cette régularité ?
Il n’y a pas de secret, j’ai toujours pris l’habitude de ne pas me prendre la tête et de vivre au jour le jour. Beaucoup de gens me demandent mon rythme de vie, ma façon de faire, mais une fois que je sors de l’entraînement, je fais ce qui me plait et pas forcément comme il est préconisé à un sportif de haut niveau de faire. Je ne fais pas forcément des siestes tous les jours, je n’ai pas des horaires de coucher fixes. En somme, je ne suis pas à cheval sur les règles qui sont conseillées pour réussir.
Quand nous t’écoutons, tu es un peu à contre-courant de ce qui se dit aujourd’hui sur le professionnalisme ?
C’est ce qui est inculqué à la nouvelle génération. Quand j’ai commencé, j’étais avec d’autres joueurs, avec qui je m’entendais bien, et nous n’avions pas le rythme de vie conseillé aujourd’hui. Nous faisions ce que nous avions envie de faire. Si nous voulions de sortir, manger en ville et se coucher après 22h, nous n’hésitions pas. Je n’ai jamais fonctionné avec ce genre de règle. Je ne dis pas que c’est la bonne formule mais sur moi ça a a marché et je m’y tiendrai quoiqu’il arrive jusqu’à la fin.
Si tu devais donner un conseil aux jeunes qui débutent en Ligue 1 ?
Chacun réagi différemment et c’est à eux de trouver la bonne formule. Après, je leur conseillerais surtout de garder la tête sur les épaules, c’est la chose la plus importante. Même s’ils ont de grandes qualités, quand on voit aujourd’hui le nombre de sollicitations que peut avoir Ousmane Dembélé alors qu’il a fait très peu de matchs. Il faut garder la tête froide. Ça lui permettra de continuer sa progression et devenir un très grand joueur, ce qu’il sera sûrement. Cela va nettement plus vite aujourd’hui. Quand j’ai commencé, il fallait faire ses preuves sur une voire deux saisons avant d’accéder à ce genre de statut.
Comment tu appréhendes la rencontre de samedi, ça sera un match particulier ?
Je ne l’appréhende pas, je suis juste content car il y aura ma famille et beaucoup d’amis dans le stade. Les gens sont finalement plus contents que moi de cette 500ème. Personnellement, je ne m’en rends pas vraiment compte. Au moment venu, j’aurais peut-être un petit pincement au cœur mais pour le moment je me prépare et m’entraîne comme pour n’importe quel match.