
Footballeur accompli, buteur hors-pair, Laurent Pokou a enflammé les stades et a marqué de son empreinte indélébile le monde du football ivoirien et le Stade Rennais F.C.
C’est avec une grande tristesse que nous avons appris dimanche soir la disparition d’une des légendes du Stade Rennais F.C., Laurent Pokou. Hospitalisé depuis plusieurs semaines, Laurent N'Dri Pokou de son nom complet, s’est éteint ce dimanche 13 novembre à l’âge de 69 ans. Surnommé « l’Empereur de Baoulé » en Côte d’Ivoire en raison de sa descendance directe avec la Reine des Baoulés, Laurent Pokou fut l’un des plus grands attaquants du continent africain et l’un des plus grands joueurs du Stade Rennais F.C. si ce n’est le meilleur joueur à avoir porté le maillot Rouge et Noir.
Spectaculaire, créatif, dribbleur et finisseur redoutable, les amoureux du ballon rond se rendaient au stade pour venir le voir jouer. Capable de faire basculer une rencontre à lui tout seul, Laurent Pokou reste et restera à jamais une figure emblématique du Stade Rennais F.C. « C’était un grand joueur, un joueur d’exception » se remémore René Ruello, actuel Président du Stade Rennais F.C. « Il faisait l’unanimité à la fois sur son talent de footballeur et sur ses qualités d’homme. Tous ceux qui l’ont vraiment côtoyé louaient et reconnaissaient son humanité. Il était très accessible, très simple et agréable. »
Né le 10 août 1947 à Abidjan en Côte d’Ivoire, Laurent Pokou frappe ses premiers ballons à l’ASEC Abidjan puis à l’USFRAN Bouaké. De retour dans son premier club, il enchaîne les buts, les victoires et les titres. Ce qui lui vaut d’être régulièrement convoqué avec la sélection ivoirienne, la première était en 1967. Avec les Éléphants, il dispute deux Coupes d’Afrique des Nations. La première en 1968 il y inscrit six buts. La seconde, deux ans plus tard, au Soudan durant laquelle il marque à 8 reprises s’offrant ainsi le record de buts marqués en Coupe d’Afrique des Nations (ndlr : un record aujourd’hui entre les mains de Samuel Eto’o, auteur de 18 buts avec le Cameroun). La légende est née.
Pelé : « Laurent Pokou, mon successeur »
Des performances de classe mondiale qui n’échapperont pas à Pelé qui déclara en 1972 : « J’ai trouvé mon successeur. Il s’appelle Laurent Pokou. Il n’a qu’un défaut, il n’est pas Brésilien ». Dans une lettre personnelle, le virtuose brésilien rajoutera « Je te souhaite beaucoup plus de réussite. Je t’en sais capable, car je revois encore tes exhibitions contre Santos à Abidjan et au sein de l’équipe africaine à la mini coupe du monde au Brésil ». C’est en lisant ses mots qu’on se rencontre à quel point Laurent Pokou n’était pas un joueur comme les autres. Les aficionados rennais s’en rendront compte en 1974 pour leur plus grand bonheur.
Pierrick Hiard : « Il nous a fait rêver »
Laurent Pokou rejoindra l’Europe en 1973. Courtisé par le F.C. Nantes et l’Olympique de Marseille, « Monsieur 20 buts par saison » s’engage en décembre 1973 avec le Stade Rennais F.C. accueilli à l’aéroport du Bourget par le Président Lemoux et François Pinault. Oui, ses premières accélérations foudroyantes, ses dribbles chaloupés, c’est sous le maillot rennais qu’il les a effectués. « Il nous a fait rêver » se souvient Pierrick Hiard. « C’était le meilleur joueur africain à l’époque et l’un des meilleurs au monde. Il gagnait des matchs à lui tout seul. » Un crack tout simplement. « Je me souviens d’une tournée que l’on avait fait en Côte d’Ivoire un an après son arrivée à Rennes. Il devait y avoir plus de 3000 personnes qui l’attendaient à l’aéroport, c’était de la folie. C’était un Dieu dans son pays ».
Au milieu des années 70, Laurent Pokou fait partie des joueurs les plus performants et plus efficaces du championnat de France, capable d’inscrire quatre buts en une seule rencontre.
La légende « Pokou »
Sous la tunique Rouge et Noir du Stade Rennais F.C., l’Homme d’Asmara ne tarde pas à faire chavirer le cœur des supporters rennais. Il fait ses débuts sous le maillot breton en janvier 1974 et en profite pour inscrire son premier but sous ses nouvelles couleurs, c’était à Troyes. Il se distingue une deuxième fois cette fois-ci devant son nouveau public Route de Lorient face à l'Olympique Lyonnais. Ses prestations épatent. Lors de sa première saison, il inscrit 7 buts en 13 matchs et contribue au maintien du club en Division 1 et devient rapidement une pièce maîtresse du dispositif rennais. La saison suivante, il inscrira 14 buts en 27 matchs mais blessé en cours de saison, il ne peut empêcher la relégation de son club. Poussé vers la sortie par les médias ivoiriens persuadés de voir leur pépite se perdre en Division 2 française, il décide de prolonger avec le Stade Rennais F.C. et démarre une nouvelle saison de la plus belle des manières en inscrivant 17 buts en 12 matchs. Victime d’une grave blessure au genou en novembre 1975, Laurent Pokou voit sa saison s’interrompre prématurément. Lors de la saison 1976-1977, le club descend en Division 2, en difficulté, il cède son protégé à l’AS Nancy-Lorrain.
Le Stade Rennais F.C., le club de sa vie
Son passage en Lorraine ne rencontrera pas un franc succès. En septembre 1978, l’Ivoirien fait machine arrière et revient à ses premiers amours en faisant son retour dans les rangs rennais. Malheureusement, ce « come-back » sera de courte de durée puisqu’en décembre de la même année, il est suspendu deux ans pour avoir bousculé un arbitre en Coupe de France. Une sanction réduite à six mois ferme et dix de sursis, après l’intervention du président de l’époque Alfred Houget, qui marque l’homme choississant de quitter la France et sa Bretagne d’adoption pour rejoindre sa Côte d’Ivoire natale.
Véritable icône à Rennes, l’ancien attaquant du Stade Rennais F.C. aura inscrit 52 buts en 82 matchs. Il est considéré comme le meilleur attaquant Rouge et Noir de l’histoire. « J’ai apporté ce que j’ai pû au Stade Rennais et aux Bretons. S’ils en ont gardé un bon souvenir tant mieux. J’estime que pour moi la Bretagne c’est une partie de moi-même. Rennes, c’est le club de ma vie ».
De retour en Côté d’Ivoire, Laurent Pokou met un terme à sa carrière de footballeur professionnel en mars 1980. En 2004, il est élu membre de la Fédération ivoirienne de Football où il est chargé de la détection des jeunes talents. En 2006, Laurent Pokou, est désigné ambassadeur de la Fédération Internationale de Football (FIFA) dans le cadre d'une campagne de charité officielle baptisée « six villages SOS pour 2006 ».
Au revoir Laurent.
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Twitter Romain Danzé
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Crédit photos : Direction de la communication Stade Rennais F.C. / Matthieu Lecharpentier


















