
Lorsque l'on intègre à l'âge de 14 ou 15 ans un centre de formation, le chemin menant au monde professionnel est loin d'être dégagé. Alors, quand on n'a pas connu de Centre, le challenge s'annonce être une vraie prouesse.
Pourtant, c'est ce qu'a réussi à faire Tongo Doumbia. On pourrait même parler de miracle lorsque l'on sait qu'il y a moins de cinq ans, le milieu rennais ne pratiquait le football que dans son quartier de la banlieue populaire de Noisy-le-Sec.
Retour aux sources en banlieue parisienne
Comme beaucoup d'enfants, Tongo choisi à l'âge de 8 ans de jouer au football d'abord dans sa petite ville natale en Haute Normandie de Vernon puis à Noisy-le Sec en région parisienne. Ecole, famille, copains et foot loisirs... un rythme de vie des plus classiques. Mais à 16 ans, le jeune Tongo, las des entraînements et de la routine qui s'est installée, botte en touche et claque la porte : " Le foot c'était un jeu et je n'ai plus eu la motivation " explique t-il aujourd'hui "j'ai tout arrêté. Je ne jouais plus qu'avec mes potes de quartier ".
Pendant un an et demi, le football est donc mis entre parenthèse. Le monde professionnel est alors bien loin. Pourtant, cette coupure va marquer un tournant décisif dans son parcours.
Un arrêt salutaire
En 2006, tout s'accélère : " Mon grand frère m'a poussé pour que je reprenne une licence de football. Il avait le même profil que moi, c'était un bon joueur, il sentait sans doute que je pouvais percer. Il m'a convaincu de reprendre le foot non plus simplement pour jouer mais pour faire une carrière. Il a su me redonner l'envie que je n'avais plus. J'étais remonté et j'avais cette fois-ci l'ambition de devenir pro. Aujourd'hui, je peux le remercier. Je l'ai souvent au téléphone, c'est celui qui croit le plus en moi ".
De Montreuil au SRFC en deux ans
A 18 ans, il s'engage alors dans le club de Montreuil toujours dans la région parisienne. Dès le premier entrainement, son entraineur le remarque et le convoque sans attendre en équipe première. Puissant, endurant, combatif, déjà doté d'une frappe puissante, Tongo est tellement un ton au dessus qu'à sa 2e année, les premiers recruteurs des clubs pros pointent leur nez avec des contrats d'aspirants :
" C'était un bon début de voir des clubs pros s'intéresser à moi. Le Stade Rennais d'ailleurs fut un des tous premiers, j'ai fait un essai à Rennes qui ne s'est pas avéré concluant. Châteauroux et le Hertha Berlin m'ont rapidement contacté. J'ai choisi d'aller à Châteauroux ; c'était le plus simple pour moi à tous les niveaux ".
En un an et demi, Tongo, qui n'a pourtant pas connu la rigueur des Centres, a refait son retard et intègre les 18 ans nationaux de Châteauroux.
Une progression loin d'être terminée
Plus le niveau augmente, plus le jeune Tongo monte en puissance. A 19 ans, ses performances en CFA 2 ne laissent pas insensibles les plus grosses écuries de France comme Lyon et... le Stade Rennais F.C.
En juin 2009, Pierre Dréossi et la cellule de recrutement ne le lâchent désormais plus. le Parisien signe finalement un contrat de 4 ans : " Je voulais venir à Rennes car c'est ici que les meilleurs jeunes sont formés. A mon arrivée, je débarquais dans un autre monde. Je voyais à côté de moi, Mickaël Pagis, Olivier Thomert, Jérôme Leroy... je me suis mis un peu la pression ! J'ai beaucoup observé dans mon coin et j'ai continué à travailler. Je me suis rendu compte, que j'avais du retard dans certains domaines notamment dans la concentration, la rigueur, l'écoute... Les jeunes du centre sont habitués à tout cela. Pas moi. Mais comme tout, cela se travaille. "
Dans l'anti-chambre de l'équipe première la saison passée, le natif de Vernon voit, avec les blessures d'Alexander Tettey, de Fabien Lemoine, une porte s'ouvrir cette année. Le premier essai à Guingamp n'est pas une réussite. Comme toute l'équipe, il passe au travers : " On s'est loupé. Il y avait beaucoup de jeunes et on n'a pas été à la hauteur " reconnaît le Rennais.
Après quelques bout de matchs concluants, Frédéric Antonetti le titularise à Auxerre comme milieu relayeur, son poste de prédilection devant Yann M'Vila et aux cotés de Stéphane Dalmat. Essai concluant, confirmé une deuxième fois face à Brest lors du derby breton. Capable de " casser " les lignes balle au pied, Doumbia se montre aussi précieux dans la récupération du ballon. Il a même quelques possibilités de marquer : " J'aurai pu frapper à deux reprises mais je me suis embrouillé ! En deuxième période, j'ai encore eu une occasion. Je me suis dit : je m'en fou, je tire fort et on verra ! " Au final, la frappe du jeune milieu est l'une des plus grosse occasion du Stade Rennais F.C. " J'ai vu la réaction du public, se lever et crier. ça m'a fait plaisir, j'ai engrangé de la confiance ".
Avec ces deux titularisations, Doumbia, à seulement 21 ans, est véritablement rentré ce mois-ci dans le milieu professionnel. Le Rennais sait qu'il a encore beaucoup de choses à démontrer. C'est aussi cela sa force : " Je veux toujours montrer ce dont je suis capable. J'ai la dalle, je suis un mort de faim ! Je veux tellement m'imposer que parfois je suis en retard et je commets des fautes idiotes. C'est mon jeu, je dois apprendre à me canaliser. Mais je dois garder cette énergie car c'est comme cela que je vais avancer ".