« Heureux d'être devenu international avec le Stade Rennais F.C. »
Benoit, cette première sélection c’est une consécration pour toi ! Tu en rêvais ?
C’était un grand événement car elle vient après deux ans et demi de rassemblements et comme j’ai pu le dire après le match, officiellement je n’étais pas international. Maintenant je le suis, avec une certaine présence en sélection donc ça veut dire des choses. En plus je suis très heureux d’être devenu international avec le Stade Rennais.
Comment se sent-on à l’approche du match ? Stressé ?
Ça faisait un moment que je n’avais pas vécu une telle montée d’adrénaline, c’est ce qu’on aime quand on est footballeur. J’ai plutôt bien géré ça. À 29 ans c’est surement plus simple qu’à 18 ou 20 ans mais le discours a été très simple. Il fallait prendre du plaisir, quoi qu’il arrive. J’étais prêt tout simplement et je voulais profiter pleinement de ce moment, en prendre plein la tronche quoi !
Une première sélection suscite toujours beaucoup d’engouement. Tu as dû être submergé de messages ?
Je me suis coupé du monde assez tôt dans la journée parce que j’avais prévenu peu de personnes que je jouais. J’ai commencé à être massacré de messages à partir de 14h, j’ai mis mon téléphone en mode avion et de temps en temps je le remettais. Je ne répondais pas aux gens, je leur disais que je n’avais pas la composition d’équipe.
Saturé de messages avant et après le match ?
Oui, parce que c’était la première aussi, et certains médias en ont parlé un peu. Mon nom est vite sorti et les gens voulaient savoir… mais ils n’ont pas su.
Comment as-tu vécu ton match sportivement ?
Très bien. Je me sentais bien, j’étais tranquille, même à l’échauffement j’étais dans mon élément. En arrivant dans le vestiaire, C’est là que c’était le plus simple, l’échauffement, le match, ce sont des choses qu’on connaît, ça reste du foot et on reste dans des choses qu’on maitrise.
« Ça aurait été dommage de s’incliner à la 89ème sur le dernier match, et à domicile »
Ce que l’on retiendra c’est cette parade en fin de match qui évite la défaite de l’Équipe. Que penses-tu de cet arrêt ?
Ça fait partie des situations que l’on travaille à l’entraînement. C’est un arrêt important car c’est à la 89ème minute. C’est clairement une balle de match, faire match nul et perdre ce n’est pas du tout la même histoire. Au final, même si on aurait préféré gagner, le bilan de l’Équipe de France sur cette année est exceptionnel, donc ça aurait été dommage de s’incliner à la 89ème sur le dernier match, et à domicile. On en a reparlé avec Christophe (Revel : entraîneur des gardiens), on travaille, c’est à dire ne pas anticiper et faire confiance en ses jambes et ses bras. S’il avait mis le ballon dans la lucarne tant mieux pour l’adversaire mais je ne voulais pas lui donner la solution et au final j’ai été récompensé.
Un clean sheet pour un gardien c’est toujours important...
Oui, c’est toujours bien. Je préfère bien évidemment garder ma cage inviolée. Maintenant ce n’est pas toujours signe d’un très bon match mais pour moi ne pas prendre de but et avoir deux, trois arrêts à faire c’est plutôt positif. J’ai aussi celui de la frappe sur le poteau, je crois que peu de gens l’ont vu mais je touche le ballon du bout des doigts.
Une remarque qui revient souvent, et ça t’es déjà arrivé au Stade Rennais, c’est : Benoit Costil sort trop, il a failli coûter un but à son équipe. Quel est ton point de vue sur ta sortie ?
Pour moi il y a deux façons de voir les choses. Il y a la personne qui va voir ça de façon négative, comme beaucoup de médias, et des personnes qui connaissent le poste et qui vont vous dire que j’évite un face à face. Si vous êtes positif, j’évite un face à face, après c’est vrai que la balle revient dans les pieds adverses, Adil Rami ne passe pas loin de la reprendre, moi je suis juste pour la dégager. Ça ne se joue pas à grand-chose.
Quelque part ça fait partie de ton jeu et c’est ce que te demande Christian Gourcuff que de venir soutenir ta défense ?
Oui c’est mon jeu, j’aime ça. J’essaie de garder les mêmes principes qu’avec le coach depuis le début de saison parce que je trouve que c’est un jeu qui me correspond bien. Je prends du plaisir et j’estime être performant là-dedans. Après comme toutes tactiques ou styles de jeu mis en place, il y a des avantages et des inconvénients. Moi je suis un gardien qui aime aller de l’avant. Il faut juste accepter que sur trente prises de risque, il y ait parfois une ou deux situations un peu plus limites, et qu’il y ait un but. Mais c’est sûr que je pourrais rester assis sur ma ligne de but, me dire que comme ça je ne vais pas me déchirer dans les airs ou dans mes sorties.
« J’ai 29 ans je suis encore là et je vais me battre pour mettre tous les atouts de mon côté et retourner en sélection. »
Comment imagines-tu la suite avec l’Équipe de France ou le Stade Rennais F.C ?
Je vois mon avenir de la même manière qu’avant la sélection. Je le vois bien, après en ce qui concerne la sélection je ne sais pas vraiment. À la base je n’étais pas dans la liste et comme je l’ai dit, j’ai profité d’un scénario assez incroyable en ma faveur donc je ne sais pas si je serais du prochain rassemblement, mais je ne peux pas savoir si je n’y serais pas non plus. On a beaucoup parlé de ce match comme-ci c’était mon jubilé, mais attention j’ai 29 ans je suis encore là et je vais me battre pour mettre tous les atouts de mon côté et retourner en sélection. Après avec le Stade Rennais on est bien classé, tout est réuni pour continuer à aller de l’avant et rester dans le premier tiers du classement. On espère aussi « laver » cette défaite face au PSG samedi face à Angers.
Comment as-tu vécu la Marseillaise ?
Chacun vit ce moment à sa manière. Moi je n’ai pas chanté. C’était comme ça, je l’écoutais, je l’avais dans la tête. Après chacun vit ce moment comme il l’entend, pour moi c’est un faux débat.
« Je suis vraiment content que Christophe Revel ait fait de moi un international, c’est grâce à son travail que je suis là. »
Porter le maillot Bleu de l’Équipe de France A, c’est forcément la plus belle émotion du footballeur professionnel ?
Je crois que oui, c’est le summum. Il n’y a pas mieux. D’ailleurs pendant la Marseillaise, parmi toutes les choses auxquelles j’ai pu penser, il y a tous ces moments que j’ai passé avec les jeunes entre 16 et 19 ans où j’ai fait toutes les sélections. En espoirs j’étais sur le banc, en A j’étais sur le banc et de revivre ça c’était sincèrement comme un rêve, j’ai pu le revivre une fois, en France, à Bollaert avec le maillot des grands. Je suis vraiment content que Christophe Revel ait fait de moi un international, c’est une récompense pour lui aussi, c’est grâce à son travail que je suis là.
Qu’est-ce qui se passe dans ta tête au moment d’entrer sur la pelouse et pendant les hymnes ?
Je regarde en arrière. La veille du match je disais à mon père qu’il devait venir me voir car il y a 10 ans, il était venu me voir dans le Nord et ce n’était pas la même histoire, je m’étais déchiré complet avec Caen. J’ai bossé depuis, pleins de choses se sont passées : Vannes, Sedan, Rennes. Quand il y a des bons moments il faut profiter, savourer et je voulais qu’il soit là pour ce moment. Tout était réuni pour moi, scénario incroyable, je joue, le match est à Bollaert pas loin de chez moi et en plus je ne prends pas de but. C’est cool !