Eric Verdonck, un doc en Or !

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Parenthèse volleystique avec Eric Verdonck. Médecin à l’Académie du Stade Rennais F.C., il était aussi le doc de l’Équipe de France de volleyball aux Jeux Olympiques de Tokyo. Pour sa dernière année dans cette discipline, les Bleus ont décroché l’or. Que rêver de mieux ?



Eric, tu viens de vivre une incroyable aventure au Japon…
C’est magique ! On était partis pour obtenir une médaille mais de là à avoir l’or. Ce n’était pas une certitude. C’est tellement compliqué dans le volley, il y a tellement de concurrence entre les différentes nations. C’est déjà super dur de se qualifier pour les JO. On est d’abord tombés dans une poule où toutes les équipes ont terminé demi-finalistes de l’épreuve. C’est quand même dingue. En plus le scenario de la finale est hallucinant. On menait 2-0 et on se fait remonter à 2-2. On est mené 6-3 dans le tie-break… Ça tient à tellement à peu de choses. C’est le scenario parfait pour gagner la médaille d’or. On bondissait à chaque point gagné. À la fin, il y a l’explosion de joie. C’est vraiment une émotion particulière. Ça tient à tellement à peu de choses. C’est exceptionnel !

Avais-tu rêvé d’une telle issue ?
Quand j’ai commencé la médecine du sport, une amie m’a demandé ce que je voulais faire. Je lui ai répondu que si je pouvais participer aux Jeux Olympiques, je serais content. J’ai fait Rio et Tokyo. De là à remporter l’or, franchement… Je ne pouvais pas l’imaginer un jour dans la vie. C’est la cerise sur le gâteau. Je ne pouvais pas espérer mieux pour mon jubilé. Il faut savoir tourner la page. Car les campagnes sont quand même très prenantes et très longues. J’arrête avec le volley mais je vais continuer avec le Stade Rennais F.C.

Comment était l’ambiance sur place ?
C’était un truc de dingue. Toutes les équipes de France, en sport collectif, étaient en finale dans le même week-end. C’était un beau moment. À la fin, il ne restait plus que nous dans le village olympique car avec la Covid, les athlètes repartaient systématiquement le lendemain, au fur et à mesure. On s’est tous retrouvés entre sports collectifs, ça a été la fiesta dans le bâtiment France. C’était vraiment sympa.

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Tu as donc deux passions ?
Tout petit j’ai joué au foot puis je suis passé au volley. J’y ai joué jusqu’à mes 31 ans. J’ai joué dans le Nord puis à Rennes, à la Tour d’Auvergne et j’ai fini au REC. J’étais passeur, un parcours de National 3. Je suis Lillois et j’ai migré à Rennes pour mes études, en 1995. J’ai fait médecin avec des études complémentaires de médecin du sport. Dans les années 2000, le Rennes Volley 35 m’a demandé d’être le médecin référent du club pour la section professionnelle. Et de fil en aiguille, à partir de 2006, je me suis occupé des équipes de France jeunes jusqu’à l’équipe A. En tant que médecin du sport, j’ai aussi fait partie d’une association dont Jean-Yves Stéphan (ndlr : un des deux médecins de l’équipe professionnelle du Stade Rennais F.C.) était à l’origine. On m’a proposé d’encadrer les jeunes du Stade lors des matchs à domicile, en 2006. Je suis de plus en plus présent à l’Académie. Je travaille en collaboration avec le docteur Christian Lecoq. Donc oui, pour résumer, on peut dire que j’ai deux passions, mais je m’intéresse à tous les sports en général.

Qu’est ce qui te motive ? La recherche de la performance ?
Oui, être à proximité des sportifs de haut niveau, c’est ce que je recherche depuis le début. J’aime bien l’ambiance des sports collectifs et les rencontres que ça procure. On partage les moments difficiles mais aussi les joies et les bonheurs.

L’Équipe de France a été épargnée au niveau des blessures pendant les JO…
Il y a eu zéro blessé. Il y a toujours des petites douleurs par-ci, par-là mais il n’y a pas eu de grosse blessure. Je crois que c’est la première fois. La différence avec le football, c’est qu’il n’y a pas de contact avec l’adversaire. C’est quand même un sport qui épargne de tous les traumatismes qui sont conséquents dans le football, le handball ou le rugby. Ce sont essentiellement des microtraumatismes. Il y a cependant une grande partie psychologique qui est importante afin de rassurer les joueurs, tant pour les petits traumatismes physiques que pour ôter les doutes naissants par l’enjeu. J’accompagne les joueurs d’une part mais aussi le reste du staff. C’est peut-être là le rôle le plus important pour ma part.

Il n’y a même pas eu besoin d’intervenir auprès du coach Laurent Tillie, auteur d’un plongeon en quart de finale ?
On a éclaté de rire sur le banc. C’était un moment où l’on savait que l’on allait gagner le match. C’était tellement incroyable de battre les Polonais. C’était spontané mais on n’est pas surpris par le personnage. Laurent est un hyper stressé et il peut dégoupiller par moment. Il est complément spontané et naturel. Il l’a d’ailleurs refait sur le podium du Trocadéro. Il s’est un peu fait mal au coude mais il a une belle carrière de volleyeur, il a l’habitude.

Est-ce qu’on parle de foot au sein de l’équipe de France de volley ?
Oui bien sûr, de foot, de hand, de tout mais pas mal de basket car il y a Kévin Tilie qui a ses deux frères qui sont internationaux de basket dont un qui vient d’être drafté en NBA, Kilian.

Quelles sont tes missions au Stade Rennais F.C. ?
En tant que médecin, en collaboration avec Christian Lecoq, c’est de suivre les pathologies du quotidien, d’orienter les soins et il y a aussi une part de surveillance médicale des matchs U17, U19 et N3. La différence entre les pros et les jeunes, c’est que nous avons affaire à des joueurs en formation. C’est du préventif, dès qu’il y a un bobo, il ne faut pas insister. C’est directement la mise au repos. Il faut prendre son temps pour soigner les jeunes.

Qu’aimes-tu au Stade Rennais F.C. ?
Nous sommes dans le sport de haut niveau, on partage les moments de vie. Le foot, c’est la matière mais il y a tout ce qu’il y a autour. On partage une même passion avec les jeunes. On a des sujets de conversation communs, on est sur la même longueur d’ondes.

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crédit photos : Icon Sport