Ses œuvres ont inspiré le nouveau maillot des Rouge et Noir. Mosaïste de renom, footballeur, Président du Stade Rennais F.C. et personnalité influente du Rennes du début du 20ème siècle, comment Isidore Odorico a marqué la ville et le club, mais aussi le football français ?
La famille italienne Odorico a choisi Rennes pour s’installer et y exprimer son art. Le fils Isidore Odorico a marqué aussi de son empreinte l’histoire du Stade Rennais F.C. Ce qui explique entre autres le nom donné à l’établissement scolaire privé du club : l’École Technique Privée Odorico.
Philippe Bohuon, adjoint animateur de l’architecture et du patrimoine à « Destination Rennes » revient pour nous sur l’histoire de celui qui a inspiré PUMA pour le nouveau maillot domicile 2020/2021.
De Sequals (province du Frioul en Italie) à Rennes :
« Mosaïstes chevronnés, deux frères italiens, participent au chantier de l’Opéra Garnier à Paris qu’ils terminent en 1875 avec une soixantaine de compatriotes. Mais la concurrence est très forte en Italie et dès 1882, après un passage à Tours, Isidore et Vincent Odorico viennent s’installer à Rennes. Ils vont faire de la mosaïque dans la capitale bretonne et dans le Grand Ouest. Isidore Odorico père a eu deux garçons, Isidore et Vincent. Isidore fils reprendra l’entreprise à son retour de captivité en 1918. La reprise sera une réussite et il créera des succursales à Dinard, Angers et Nantes. »
Fin du XIXème, la mosaïque se répand :
« À l’époque, c’était très à la mode. Il y avait d’abord un côté esthétique et un côté pratique, notamment dans les écoles où il faut nettoyer les sols à grandes eaux, ou encore dans les piscines. À l’époque, la mosaïque, c’est ce qu’il y a de mieux. Dans ces années-là, la demande de mosaïque est très forte, que ce soit de gens, pas forcément fortunés, et des institutions. En France, Rennes et sa région étaient les endroits où l’on produisait le plus de mosaïques. Il y avait quelques concurrents, mais ce n’était pas comparable. »
Isidore Odorico l’artiste :
« Il était surtout dessinateur, il proposait des modèles. Il avait fait les beaux-arts. Il maîtrisait la technique de la mosaïque apprise avec son père mais il avait des ouvriers très spécialisés pour la réalisation, des Italiens. Isidore Odorico proposait des créations uniques, il était novateur. Il maîtrisait le dégradé et le relief dans ses productions. Il était réputé pour son style. On reconnaît la patte Isidore Odorico. »
Isidore Odorico le footballeur :
« Les deux fils ont été membres du Stade Rennais Université Club. Isidore comme joueur, dirigeant et Président. Vincent était dans la commission des terrains du club. Isidore Odorico a joué au football à partir de 1910, à 17 ans, puis en 1912 en équipe première. En 1913, la presse le cite plusieurs fois comme un élément très prometteur sauf que la guerre de 14 est là et Isidore est fait prisonnier en Allemagne pendant presque toute la guerre. Il rentre en 1918 à Rennes. Il n’a donc pas participé à la coupe des alliés gagnée en 1916. En décembre 1918, un mois après la fin de la guerre, le Stade Rennais, avec plusieurs anciens prisonniers dont Isidore Odorico, rejoue en équipe 1. Isidore jouera jusqu’en 1922, en équipe 1 ou 2, ensuite plutôt en équipe 2, 3 ou vétérans. »
Isidore Odorico le Président :
« En 1925, il entre au SRUC comme dirigeant et devient Président adjoint en 1926. Isidore Odorico est un chef d’entreprise, il a les moyens et c’est aussi pour ça qu’il peut prendre plus tard la Présidence du club. Il joue alors beaucoup moins, il est dans l’équipe des vétérans. Isidore est trilingue, pour avoir été fait prisonnier pendant la guerre en Allemagne. Il voyage beaucoup. Pour la mosaïque, il parcourt l’Europe pour découvrir l’art nouveau, à Vienne, à Prague… Hors à l’époque, l’Europe de l’Est a de très bons joueurs de football. On ne savait pas s’il se déplaçait pour le travail ou pour repérer des joueurs mais il en a ramené quelques-uns. Il devait sans doute les payer mais c’était non officiel. Il a été un Président marquant dans l’histoire du football car c’est quasiment grâce à lui que le football est devenu professionnel en faisant venir des joueurs étrangers. Il a même été exclu du football pour avoir imposé cela. Ça n’a pas plu à la ligue de football, amateur à l’époque. Mais les Rennais venaient par milliers aux matchs, et face au succès populaire, la Ligue a plié et a fini par professionnaliser le football en 1932. »
Isidore Odorico l’influent :
« Dans les années 1930, c’est un mondain. Il est dans beaucoup de soirées, il participe à de nombreux banquets. Il est toujours là. Un exemple, il fait venir Sochaux à Rennes pour un match amical et reçoit personnellement Monsieur Peugeot et lui offre un grand banquet. »
Isidore Odorico le populaire :
« Le Stade Rennais Université Club était le club phare du Grand Ouest. Mosaïste de renom, il a fait connaître Rennes au-delà de Rennes. Il n’y avait peu d’occupation à l’époque. Il a permis à de nombreux Rennais de pouvoir se distraire au stade, route de Lorient. Il faisait aussi partie de Rennes comedia, une troupe de théâtre rennaise. Dans la presse, il est souvent surnommé « Dodor » . Il devait certainement être proche des gens et de la presse. Il devait en imposer. Il chantait lors des banquets. Il était quelqu’un de charismatique. »
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Pour en savoir plus sur Isidore Odorico, rendez-vous sur le site de Destination Rennes
Sur réservation sur le site de l’office de tourisme de Rennes, vous pouvez aussi découvrir l’art Odorico grâce à des visites guidées tous les lundis jusqu’au 31 août.
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