Fabien, dimanche, on va assister au retour d’un derby breton…
C’est très sympa de voir Lorient retrouver l’élite, et les ambiances du Moustoir, notamment avec les derbys et les atmosphères de fête. C’est super pour la promotion du football en Bretagne. Lorient a fait une grosse saison et ils sont de nouveau en Ligue 1. De l’autre côté, Rennes a à cœur de se rattraper après une saison moins bonne que les précédentes. Ça va être une belle bataille.
Ce sont des matchs que tu appréciais plus que d’autres ?
C’est toujours hyper festif, il n’y a pas ou peu d’animosité, c’est la fête du foot. Sur le terrain, ça reste un derby, avec toujours beaucoup d’engagement. Ce sont des matchs importants pour les deux équipes. Le Stade Rennais a bien commencé avec cette victoire contre Marseille, ils vont vouloir confirmer. Lorient a perdu à Auxerre, ce sera donc un match important pour lancer la saison. Ça promet une belle affiche.
« Une communion bretonne bien présente »
Quels sont tes souvenirs de derby ?
Ce sont des matchs que l’on attend mais lors de ma période lorientaise, quand on est remonté en Ligue 1, contre Rennes c’était souvent très dur pour nous. Les Rouge et Noir étaient dans une belle phase, nous on jouait le maintien. On ne va pas dire que j’ai de très bons souvenirs récents mais les stades sont pleins, on sent quelque chose de différent. Il y a deux camps mais aussi une communion bretonne qui est bien présente. Ça transcende les joueurs, pour nous c’est très agréable.

Que retiens-tu de ton passage à Lorient ?
Quand je suis arrivé, c’était le passage de la L1 à la L2 mais je n’ai pas senti le poids de la descente. Le FCL est un club très bien structuré, que ce soit au niveau humain ou financier. On a connu plus tard la remontée avec un maintien que je ne qualifie pas de miracle mais où tout le monde nous voyait au fond. On avait douze points à la trêve, on en a pris trente au retour. On est revenus de nulle part, ça a été compliqué au départ mais la seconde partie a été énorme. On a réussi à maintenir le club en Ligue 1, c’étaient vraiment de bons moments. Lorient est devenue une terre d’adoption où j’ai aussi apprécié l’extra-sportif. La qualité de vie est très agréable pour ma famille. Comme à Rennes, on retient à la mentalité des locaux. J’ai adoré le coin, c’est pourquoi je m’y suis installé.
« Les Rennais m’ont donné la force pour revenir »
Et quelle place tient le Stade Rennais F.C. dans ton cœur ?
Rennes c’est mon club formateur. J’ai tout connu, de gamin jusqu’à la signature du contrat pro. Je suis passé par la petite porte mais j’ai vécu des supers débuts. Quand j’ai commencé à jouer, je n'ai quasiment plus quitté l’équipe, jusqu’à ma blessure*. J’ai connu les matchs européens, mes premières grosses ambiances en tant que joueur. Ça a été un passage très important. Après ma blessure, je suis revenu du fond du trou. Là aussi un passage de vie hyper important, avec tous les gens qui m’ont aidé à remonter la pente. Je ne remercierai jamais assez ceux qui ont été là pour moi, qui m’ont apporté énormément de soutien, tous les Rennais qui m’ont donné la force pour revenir à un bon niveau, et à un très bon par la suite car quand j’étais à Saint-Étienne, j’ai réussi à lancer complètement ma carrière avec des saisons pleines, comme auparavant avec le Stade Rennais, avant la blessure. Je n’ai pas connu beaucoup de clubs mais j’ai une histoire avec chacun d’entre eux. Lorient c’est la fin, la remontée en L1 et le passage à l’après-carrière. Rennes, ce sont les débuts, la découverte du haut niveau dans un club qui jouait les premiers rôles.
On te l’évoque souvent cette blessure ?
Ça revient souvent dans les interviews. Ce n’est pas tabou, j’en parle librement. Si j’avais deux reins aujourd’hui, je vivrais de la même manière. Au quotidien, rien ne me rappelle ce qui s’est passé. Tout est normal, je n’ai pas de restriction particulière. Ça ne rappelle pas les meilleurs souvenirs mais ça m’a permis de prendre conscience de certaines choses de la vie. De toute façon, je n’ai pas eu le choix. J’étais là au mauvais moment, au mauvais endroit. Le Stade Rennais m’a très bien accompagné. Et je n’ai pas traîné car quatre mois et demi plus tard, je rejouais en Ligue 1.
Un retour à la compétition mémorable…
Oui avec une passe décisive à la clé au Roazhon Park. C’est un moment fort, un des plus grands de ma carrière.
« Quelque chose a été insufflé l’hiver dernier »
Comment vois-tu la saison des deux clubs ?
Il y a une Ligue 1 à deux, voire trois vitesses. Je pense que Lorient va se situer entre le deuxième et troisième chapeau. Ils ont conscience, en démarrant la saison, qu’ils vont se battre pour le maintien. On sait ce que c’est à Lorient. Entre certains clubs qui ont pris de l’avance et la notion de droits télé qui est moins claire, les clubs font plus attention sur le plan économique. Les Lorientais savent qu’ils vont devoir lutter mais je pense qu’ils ont des atouts pour se maintenir. On ne leur demande pas plus entre guillemets. Si c’est mieux, tant mieux. S’ils arrivent à se maintenir sans trop souffrir, ce sera une super saison.

Le Stade Rennais a d’autres ambitions. Il souhaite revenir en Europe et va chercher à viser les cinq ou six premières places. Quelque chose a été insufflé l’hiver dernier, ils sont dans la continuité. On va voir cette saison une équipe avec beaucoup d’intensité. Le mercato a été très intéressant avec des joueurs qui ont de l’expérience à des postes clés et beaucoup de qualités. Valentin Rongier et Quentin Merlin, pour ne citer qu’eux, ce sont deux top joueurs. Ils viennent d’un grand club. Ils ne viennent pas à Rennes pour se relancer, c’est un vraiment un choix de leur part de se lancer un nouveau défi. Mahdi Camara a connu la Ligue des Champions avec Brest. Je l’ai connu à Saint-Étienne, c’est un joueur qui met beaucoup d’impact. Seko Fofana, on le connaît tous, j’ai l’impression qu’il revient très en forme physiquement. Le milieu est très fort, derrière c’est très costaud, et devant ça prend forme. Il faut le temps que tout se mette en place. Ils sont repartis sur de nouvelles bases et ont vécu une préparation commune, ça peut donner une équipe très compétitive. Les Rennais ont un très bel effectif, ils ont les cartes en main.
« L’un des meilleurs joueurs avec lesquels j’ai évolué, si ce n’est le meilleur »
Ressens-tu un engouement particulier dans le Morbihan après cette remontée ?
Oui car descendre et remonter tout de suite est très difficile. Lorient reste sur une saison assez exceptionnelle, en termes de jeu et de résultats. Ils ont été très bons, ont offert du spectacle. C’est une saison aboutie et voudront tenter de surfer sur la dynamique. Malgré quelques départs, le socle reste similaire à l’an passé. Il leur faudra bagarrer tout au long de la saison, ne pas paniquer et jouer leur jeu avec beaucoup de cœur.
Pablo Pagis, un nom bien connu à Rennes, est un de leur fer de lance. Tu le connais ?
Je l’ai croisé quelques fois au centre d’entraînement de Lorient. J’ai adoré jouer avec le papa. C’est l’un des meilleurs joueurs avec lesquels j’ai évolué, si ce n’est le meilleur. Pablo a des qualités similaires, avec un peu plus d’accélération (rires), très bon techniquement. Il a le sens du jeu, un joueur très agréable à regarder. Comme j’adorais le père, je regarde Pablo avec un œil un peu différent. Je suis assez fan de son style.
*Le 14 août 2010 au stade Marcel-Picot de Nancy, Fabien est victime d’un coup dans le bas du dos. Gravement blessé, il sort sur civière. Après plusieurs jours d’hospitalisation, l’équipe médicale procède à l’ablation de son rein droit.