Youssouf, tu te souviens de ce mercredi 4 janvier 2006 ?
Ah je m’en souviens très bien, comme si c’était hier. On nous avait tellement répété que cela faisait quarante ans que le Stade Rennais n’avait pas gagné là-bas que, forcément, ça nous avait marqués. L’objectif était de gagner et de casser cette longue et mauvaise série. Sincèrement, nous y étions allés plus que confiants car rappelons-nous le groupe que l’on avait et ses individualités. Le coach László Bölöni avait tout mis en œuvre pour aller gagner à Nantes. Je me souviens de la joie des supporters, un beau derby !
En quoi étiez-vous confiant ?
En raison de l’effectif que l’on avait cette année-là. Beaucoup de joueurs de cette époque m’ont marqué, comme Kim Källström, John Utaka ou Alexander Frei. On avait une équipe qui maniait bien le ballon. Je pense que c’était agréable de venir voir jouer le Stade Rennais à cette époque. On a offert du spectacle, c’était beaucoup de plaisir sur le terrain. Il y avait souvent du beau jeu et des buts.
Une équipe qui correspondait à ton style ?
Je pense que c’est pour ça que l’on m’avait recruté. À l’époque, je jouais encore sur les côtés. Je devais animer mon couloir pour apporter des passes et des buts. Un rôle qui me plaisait

Mettre Alexander Frei et John Utaka dans de bonnes conditions, c’était une sacrée tâche…
C’est sûr ! C’étaient des joueurs très habiles devant le but. Dès qu’on leur donnait un bon ballon, ça faisait mouche. Avec Kim Källström ou encore Yoann Gourcuff, on avait la mission de bien les servir. On progresse forcément avec des joueurs comme ça. À mon époque, il y avait vraiment de grands noms au Stade Rennais. C’est une fierté d’avoir servi avec eux.
Un groupe avec un tempérament certain.
Oui des joueurs de caractère mais toujours dans le respect. Les joueurs qui ont de la personnalité font un effectif de qualité. On se poussait les uns les autres à tenter d’aller chercher la perfection à l’entraînement. Ça permettait de surpasser ses limites.
« Depuis ce jour, Rennes a pris les commandes de la Bretagne »
Depuis ce jour, le SRFC n’a perdu que trois fois à Nantes. On peut parler de tournant, dès lors de nouvelles ambitions ?
Je pense que oui. C’est à partir de ce moment que Rennes a pris les commandes de la Bretagne. La passation de pouvoir s’est faite. Sans manquer de respect à Nantes, Rennes est devenu le patron dans les derbys.
On sentait déjà l’actionnaire ambitieux. Les dirigeants ont mis tout en œuvre, avec patience. C’est sur le long terme que l’on construit, ça ne se fait pas du jour au lendemain. Ils ont vraiment accompli des choses magnifiques, autant sportivement qu’au niveau des infrastructures. Chaque année, ça progressait, et c’est toujours le cas. Ce qui est réjouissant, c’est que les résultats sportifs ont suivi. Il manquait une coupe pour que le public soit encore plus derrière son équipe. Ce titre national en 2019 a confirmé les ambitions du club. Les nombreuses participations européennes ont aussi permis au club de grandir.
Forcément estampillé Nancéen avec 385 matchs, ton passage a laissé de bons souvenirs aux supporters.
Car j’ai eu la chance de participer à une belle époque du club. Je suis venu deux fois au Stade Rennais, en 2005 puis en 2011. J’ai vraiment apprécié ce club et j’ai pu constater son évolution. J’ai d’abord passé un an et demi, entre-temps le club avait encore grandi. On sentait que le Stade Rennais était de plus en plus craint en Ligue 1, il n’avait plus peur de se déplacer à Lyon, Paris ou Marseille. Frédéric Antonetti nous le rappelait, que l’on devait être ambitieux même chez les grands et viser les premiers rôles.
« une nouvelle histoire qui pouvait s’écrire et perdurer »
Te souviens-tu de l’état d’esprit de László Bölöni lors de ce rendez-vous ?
C’est un coach que je connais très bien car c’est lui qui m’a lancé à Nancy. Je me souviens tout simplement de son cri de joie à la fin du match. On a aussi ressenti une grande joie chez Pierre Dréossi, le Directeur sportif qui nous disait que c’était une nouvelle histoire qui pouvait s’écrire et perdurer. Gagner 2-0 là-bas à la Beaujoire, c’était un beau cadeau pour nous et les supporters.

Que deviens-tu ?
Je suis entraîneur adjoint avec les U23 du Maroc et l’équipe A’. On vient de jouer la Coupe d’Afrique des locaux que l’on a remportée. Après vingt ans de football, on a l’impression de connaître le métier mais c’est autre chose. En tant que Marocain, servir le pays est un grand honneur, c’est exceptionnel. Je rends à la sélection ce qu’elle m’a apporté. Depuis 2022, il a fallu que je me forme, que j’apprenne le métier et surtout que je bascule de la mentalité de joueur à celle d’entraîneur. C’est plaisant d’exercer dans ce nouveau costume.
Tu es donc un observateur attentif d’Abdelhamid Aït Boudlal ?
Je le connais très bien car j’ai pu donner un coup de main à l’entraîneur des U20 à la CAN en Égypte où nous sommes finalistes. C’est un joueur qui a toutes les qualités pour réussir et faire une grande carrière. Vu ses qualités athlétiques et techniques, il a une grosse marge de progression. C’est un garçon très bien éduqué, très à l’écoute. Il est dans le bon club pour progresser et se révéler. Il a une très belle opportunité, les cartes sont entre ses mains. Il faut surtout bien travailler et continuer d’être à l’écoute. Tout le monde peut être gagnant, lui, le Stade Rennais et la sélection nationale. Je suis sincèrement convaincu que ce sera un grand joueur.
Ne le comparons pas avec Nayef Aguerd qui a laissé de très bons souvenirs à Rennes, il était plus expérimenté à son arrivée. Abdelhamid est venu très jeune en France. Ce sont deux styles différents, l’un est droitier, l’autre gaucher. Mais dans l’humilité et la mentalité, ce sont deux garçons qui se ressemblent. Quand je vois le comportement qu’il a affiché en Égypte, je me dis qu’il est sur le bon chemin.
J5 de Ligue 1 McDonald's
FC Nantes / Stade Rennais F.C.
Samedi 20 septembre 2025 - 17h00
Stade de La Beaujoire
Match diffusé sur beIN SPORTS