
Expatrié en Roumanie depuis de nombreuses années, Olivier est un digne et fervent représentant de la Bretagne et du Stade Rennais F.C. Ami de la fameuse bande rennaise qui a trainé sa planche à palets à travers l’Europe ces dernières années, ce papa de deux enfants nous partage son attachement à sa région, l’amour pour son club de cœur et quelques jolies anecdotes.
Olivier, d’où êtes-vous originaire ?
J’ai grandi à Irodouër. Mes parents étaient agriculteurs entre Irodouër et Romillé. J’ai encore beaucoup de copains là-bas. J’ai fait mes études à Rennes à l’IGR. Je me souviens, pour la petite anecdote, on avait un mémoire à faire en marketing et on l’avait réalisé auprès du service communication du Stade Rennais, ça remonte à 25 ans. À l’occasion d’un match, on s’était posté aux guichets de la billetterie et on avait interviewé des supporters. On avait même organisé une réunion où l’on avait invité plusieurs supporters de plusieurs horizons pour voir comment le Stade Rennais pouvait être plus attractif auprès des gens de la région. La conclusion était simple, c’était d’avoir de meilleurs résultats sportifs (rires). C’est plus facile évidemment, et c’est le cas depuis plusieurs années. Ça n’a pas toujours été très simple d’être supporter du club. En ce moment, ils nous font plaisir.
Vous êtes toujours attaché à votre commune d’origine ?
Oui bien sûr, je rentre de temps en temps pour voir la famille et les amis. J’en profite pour saluer Vincent Briand, le Président du club d’Irodouër qui est un très bon ami. Ils ont plus de 400 licenciés, un terrain synthétique flambant neuf et une section féminine importante. C’est un club hyper dynamique, ils ont deux ou trois employés et l’équipe première évolue en Régional 3, aussi en Rouge et Noir.
Depuis combien de temps êtes-vous expatrié ?
La première fois que je suis arrivé en Roumanie, c’était il y a 23 ans dans le cadre d’une coopération avec Dacia-Renault. Je suis revenu en France en 2003 et je suis reparti en Roumanie en 2008. Plus tard, je suis parti en Ukraine et depuis 2014, je suis de nouveau en Roumanie. En cumulé, ça doit faire 13 ans que je suis ici. Depuis quatre ans, je travaille pour une entreprise de la région de Reims, dans le secteur agricole. Je dirige la filiale de Kalizea. On achète du maïs et on le transforme pour l’industrie brassicole pour la Roumanie ou l’export. Je travaille entre Bucarest et Constanța, à une heure et demie de la maison.
Comment avez-vous vécu de départ de Bretagne ?
Avant, quand j’étais jeune, on va dire que j’étais un peu casanier. J’étais très attaché à ma région. Mais en fait, je suis très content d’y revenir et il y a de grandes chances que j’y revienne un jour définitivement. Mon épouse est Roumaine, mes enfants sont Franco-roumains mais ils sont très attachés à la Bretagne. On s’est mariés à Irodouër il y a sept ans et on était dix-sept nationalités différentes. J’ai aussi vécu aux États-Unis. Dans ma vie, j’ai rencontré plein de gens d’origines différentes, des quatre coins du monde. C’est l’avantage de l’expatriation. Un mariage qui s’est déroulé sous un soleil de folie. Tous avaient un point commun, c’est de ne pas comprendre pourquoi on ne veuille pas rester en Bretagne. Au départ, il y avait l’envie de bouger et de voir autre chose. Ce sont surtout des opportunités professionnelles qui font que j’ai bougé. Ce qui me manque, c’est la bande de copains qui sont pour la plupart tous abonnés au Stade. On parle Stade Rennais sur un groupe Whatsapp qui s’appelle toujours « Cluj » d’ailleurs. Car il y a trois ans, quand le Stade Rennais a joué à Cluj en Europa League, une quinzaine d’amis d’Irodouër a débarqué en Roumanie. J’avais organisé leur déplacement.
Comment faîtes-vous pour suivre le Stade Rennais F.C. ?
On a de la chance, sur la télé roumaine, il y a un canal qui diffuse la Ligue 1. Ça dépend des horaires des matchs mais je peux régulièrement voir les Rouge et Noir en direct. Sinon grâce aux réseaux sociaux et les copains qui sont en bord de terrain et qui envoient des vidéos.
« Ce qui me rattache à la Bretagne, c’est de suivre les résultats d’Irodouër et ceux du Stade Rennais »
« Loin des yeux, loin du cœur », est-ce valable pour vous avec le SRFC ?
Pas du tout ! Au contraire, il y a ce sentiment de manque. Je ne fais pas partie d’un groupe de supporters mais c’est le sport qui nous réunit. Mon enfant pratique le foot mais le sport en Roumanie est passé dans les mains de structures privées. Il n’y a pas ce réseau de bénévolat et de gens impliqués comme quand j’étais gamin qui donne ce sentiment de faire partie de quelque chose. Du coup, ce qui me rattache à la Bretagne, c’est de suivre les résultats d’Irodouër et ceux du Stade Rennais. Mon enfant n’est pas né en Bretagne mais il a son maillot du Stade. Avec la Covid, ça a été difficile de rentrer et d’aller voir des matchs mais lorsque nous sommes revenus à la période de Noël en 2019, nous sommes partis à 6h du matin, le soir on était au Roazhon Park pour assister à la victoire de Rennes avec un but de M'Baye Niang. Je m’en souviens aussi bien que de mon premier match dans les années 80 contre Valenciennes. J’étais en tribune Vilaine avec le club d’Irodouër.

« Avec les copains d’Irodouër à Cluj ! »
Le club est-il connu en Roumanie ?
Le Stade Rennais n’était pas reconnu pour ses performances sportives mais depuis quelques années ça a changé, surtout depuis la victoire en Coupe de France. De mes amis français ici, le plus chambreur est un supporter parisien. J’ai gardé son texto au moment où l’on perdait 2-0 (rires) en finale. Le Stade Rennais est surtout connu grâce à László Bölöni. Il a fait partie de l’équipe du Steaua Bucarest victorieuse en Coupe d'Europe des Clubs Champions en 1986. Pour la petite histoire, j’ai aussi croisé Corneliu Papură (ndlr : joueur du SRFC de 1996 à 1998) il y a un an. Il était à l’époque entraîneur de Craiova et son équipe était dans l’hôtel où je dînais avec des amis. Ce sont ces deux hommes qui font que le Stade Rennais F.C. est connu ici. Et les Roumains sont assez férus de paris sportifs, ils misent souvent sur la Ligue 1, même s’ils ont un peu de mal entre Rennes et Reims au niveau de la prononciation. Le fait aussi que Rennes joue tous les ans une coupe d’Europe aide à sa réputation.
Avez-vous des objets fétiches du Stade Rennais F.C. chez vous ?
Lorsque j’étais étudiant à Lille, avant d’arriver en Roumanie, j’avais fait la connaissance d’Olivier Bogaczyk, à l’époque joueur amateur à Béthune. Il a été formé à Lens. Un jour nous sommes allés voir un Lens / Rennes et l’année suivante, il était sur le terrain, titulaire contre le Stade Rennais en 1999. Il a récupéré le maillot de David Sommeil et me l’a offert. On est toujours en contact aujourd’hui et lorsque je joue au foot ici, je porte souvent ce maillot. Ah et je me rends compte que face à moi, le tampon de mon entreprise est Rouge et Noir !
« Le Roazhon Park est aussi un point d’attache pour les amis et la famille. »
La passion se transmet-elle dans votre cocon familial ?
Mon fils Evan, prénom breton, est né à Bucarest. Il a choisi le Stade Rennais comme équipe favorite sur console. J’ai le livre des 120 ans du club et le livre de Benjamin Keltz sur la saison 2019 du Stade Rennais. Mon fils les a parcourus et a pu comparer les images de l’époque, du stade et ses anciennes tribunes avec le stade comme il est aujourd’hui. Le Roazhon Park est aussi un point d’attache pour les amis et la famille.
Que pensez-vous de la cuvée 2021/2022 du Stade Rennais F.C. ?
On ne s’ennuie pas, il y a du beau jeu. J’aime beaucoup Benjamin Bourigeaud, un joueur régulier. Je suis aussi très content de l’intégration de Lovro Majer. C’est difficile de n’en citer qu’un seul tant on ressent une force collective. Gaëtan Laborde et Martin Terrier ont bien sûr des statistiques impressionnantes mais on voit le travail de tout un groupe.
Et parmi les anciens joueurs ?
L’époque des frères Delamontagne, Pierrick Hiard qui était un personnage sur le terrain.
La gastronomie bretonne ne vous manque pas trop ?
Pour la chandeleur, j’ai bien évidemment fait des crêpes pour mes enfants. Et quand je repars de Bretagne, je reviens avec le stock de Pâté Hénaff. J’ai aussi un bon ami qui a une épicerie fine à Dinan. Quand on passe, on en profite pour prendre des produits que je n’aurais peut-être pas forcément découverts si j’étais resté en Bretagne, comme des confitures extraordinaires de la région rennaise. Ma femme s’est convertie au beurre salé depuis qu’elle me connaît.